Un antiâge à base de cellules de foetus humain
Qu'on se rassure, les chercheurs n'ont pas intégré directement des cellules de foetus dans leurs soins antiâge. Ils ont reproduit ces cellules en laboratoire. Pourtant la démarche gène et crée la polémique Outre-Atlantique.
Fabriquée par les services de gynécologie-obstétrique du CHU de Lausanne, la crème antiâge Neocutis est commercialisée aux Etats-Unis.
C'est lorsqu'ils ont réalisé que les bébés naissaient sans cicatrice que des chercheurs ont commencé à s'intéresser aux cellules foetales. Ensuite, une femme qui venait d'avorter a fait don des cellules de peau de son foetus et les scientifiques ont pu commencer à les mettre en culture, les “reproduire en laboratoire afin d'en faire des crèmes,“ a confié dans un entretien au Parisien le fabricant de Neocutis, Frédéric Koehn.
Tout d'abord pensée pour soigner les grand brûlés, la crème est commercialisée seulement aux Etats-Unis et uniquement en passant par le corps médical : “les dermatologues la conseillent aux patients qui ont suivi des traitements qui leur ont desséché la peau ou à ceux qui cherchent un antirides“, continue le fabricant.
Selon les chercheurs, cette crème composée de cellules de foetus réduirait significativement les signes de l'âge, soignerait les peaux sensibles et pourrait même soulager et atténuer les brûlures, eczéma et autres cicatrices, en revitalisant les couches externes de la peau.
Si la fabrication de cette crème antiâge “n'encourage en rien l'avortement“ comme s'en défend Frédéric Kohen, elle a provoqué une levée de boucliers de militants pro-life, notamment aux Etats-Unis, qui appellent au boycott. Car ce qui pose problème aux militants c'est que les cellules dont découle le soin ont été obtenues suite à un avortement. De son côté, le généticien Axel Kahn confiait au quotidien que jusqu'en 1990 “on utilisait en France dans les cosmétiques du placenta humain, considéré comme un déchet opératoire et récupéré dans les hôpitaux.“ Pour lui, seules “les cellules souches embryonnaires, qui sont issues d'un être humain en puissance, sont au centre d'un enjeu éthique“.
Juliette Robin
Source : Le Parisien - 16 avril 2010