Ce risque pour la santé auquel les personnes tatouées s’exposeraient sans le savoir
Selon une nouvelle étude suédoise, les personnes tatouées partageraient un risque accru de développer un cancer particulier. Si cette conclusion reste à vérifier, elle met en lumière une menace insoupçonnée jusqu’ici.
En France comme ailleurs, les tatouages sont devenus courants : ils ornent les bras, les poignets, les dos, de millions de Français, dans divers styles artistiques. Mais selon une nouvelle étude, ils seraient curieusement reliés au risque de développer un lymphome.
Un plus grand risque de lymphome chez les porteurs de tatouages
Les scientifiques de l’Université de Lund en Suède ont ainsi souhaité étudier les liens entre tatouage et cancer. Pour s’en faire une idée plus nette, ils ont analysé les données de santé de près de 12 000 suédoises et suédois, dont 3 000 ont révélé avoir reçu un diagnostic de lymphome (des tumeurs malignes du système lymphatique). Les données de santé des personnes atteintes d’un lymphome ont été comparées à celles d’un groupe témoin "du même sexe et du même âge, mais sans lymphome" et tous ont répondu à un questionnaire sur le mode de vie afin etle fait d’être tatouté ou non.
Avec un verdict chiffré : "Le risque de développer un lymphome était 21 % plus élevé chez les personnes tatouées", révèle l’étude qui soutient que le résultat a pourtant "pris en compte d’autres facteurs pertinents, tels que le tabagisme et l’âge". Plus précisément, certains types de lymphomes étaient particulièrement présents chez les personnes tatouées : le lymphome diffus à grandes cellules B et le lymphome folliculaire. En revanche, la quantité de tatouage sur le corps ne semble pas avoir d’impact.
Une réaction à l’inflammation ?
L’étude ne dit cependant pas pourquoi il en est ainsi. Mais émet des suppositions. "On peut seulement supposer qu’un tatouage, quelle que soit sa taille, déclenche une inflammation de bas niveau dans le corps, qui peut à son tour déclencher un cancer", suppose Christel Nielsen, auteur de l’étude. Son raisonnement fait suite aux faits déjà connus :
"Nous savons déjà que lorsque l’encre du tatouage est injectée dans la peau, le corps l’interprète comme quelque chose d’étranger qui ne devrait pas s’y trouver et le système immunitaire est activé. Une grande partie de l’encre est transportée hors de la peau, vers les ganglions lymphatiques où elle se dépose".
Une encre qui contient parfois des produits chimiques cancérigènes, rappellent les auteurs de l’étude.
Mais une piste à vérifier
L’étude rappelle toutefois que "les connaissances actuelles sur les effets à long terme des tatouages sur la santé sont actuellement insuffisantes" et que par conséquent, les résultats découverts ici doivent maintenant être vérifiés et précisés.
L’équipe entend désormais étendre ses recherches sur les liens entre le tatouage et d’autres types de cancer. Mais le plus tôt sera le mieux, tant la tendance des tatouages gagne en popularité et ce, dès la fin de l’adolescence. L’acte ne doit par ailleurs pas être pris à la légère :
"Pour l’individu, il est bon de savoir que les tatouages peuvent affecter sa santé et qu’il doit s’adresser à son prestataire de soins de santé s’il ressent des symptômes qu’il pense pouvoir être liés à son tatouage", conclut Christel Nielsen.
La popularité des tatouages a explosé ces dernières décennies, mais les risques associés à l'encre de tatouage restent largement sous-étudiés. Les encres contiennent souvent des substances chimiques potentiellement cancérigènes. L'étude de Lund est une étape importante vers une meilleure compréhension de ces risques, mais il reste encore beaucoup à découvrir.