Reconnaître et prévenir le syndrome du bébé secoué
Exaspéré par un bébé qui pleure, un adulte le secoue avec une extrême violence : c’est le syndrome du bébé secoué. Attention, les lésions possibles du bébé sont multiples: un saignement diffus autour du cerveau par arrachement de veines, des contusions du cerveau, des lésions oculaires, des lésions de la moelle épinière…
Chaque année en France, des centaines de bébés sont victimes de cette forme extrêmement grave de maltraitance. Plus de 10 % en meurent. Dans 75 % des cas, les autres souffrent de graves séquelles qui dureront toute la vie : paralysie, cécité, déficience intellectuelle, troubles du comportement, déficit de l’attention, épilepsie… Un seul épisode de secouement peut suffire à créer les lésions responsables de très lourds handicaps. Les enfants ont moins d’un an et dans 2/3 des cas moins de six mois.
Bébé secoué : Pourquoi ces conséquences ?
Le bébé est vulnérable : sa tête est lourde par rapport à son corps, il ne la tient pas encore, et surtout l’adulte qui le secoue pèse 10 à 15 fois plus. Imaginez que vous soyez secoué par une personne de 800 kilos ! Le traumatisme est considérablement plus violent qu’une chute de la table à langer (à éviter elle aussi bien sûr !).
Comment apparaît cette brutalité extrême ?
Tout adulte peut être exaspéré par les pleurs d’un bébé et son incapacité à les calmer. Cette exaspération est normale et compréhensible mais il est important de la maîtriser. Si l’adulte n’arrive pas à se contrôler, il passe à l’acte et secoue le bébé violemment. C’est cela le syndrome du bébé secoué. C’est une forme grave de maltraitance.
Il faut garder en tête qu’un bébé peut pleurer deux heures par jour, parfois plus, parfois d’affilée. Il peut continuer à pleurer même s’il n’a pas faim, si sa couche est propre, s’il n’a pas de fièvre et malgré les câlins ! C’est son mode d’expression. Ces pleurs sont particulièrement marqués entre 6 et 8 semaines de vie.
Bien sûr, il ne faut pas confondre le syndrome du bébé secoué et le jeu avec un bébé
Jouer n’est pas dangereux. On doit jouer avec un enfant, les stimulations générées sont indispensables à son bon développement. Mais en adaptant évidemment le jeu à l’âge de l’enfant. On peut ainsi, après quelques mois, soulever en l’air un bébé ou, après un an, lui faire faire l’avion. Cela n’est pas dangereux, contrairement à ce qui est souvent cru. L’enfant rit, l’adulte aussi, le contexte est à la joie. Jouer avec un enfant n’a rien à voir avec le syndrome du bébé secoué. Jouer n’est pas secouer et secouer n’est pas jouer.
Comment éviter le syndrome du bébé secoué
Les recommandations sont très simples. Appliquez-les vous-même et expliquez-les à toutes les personnes à qui vous confiez votre bébé.
- Que faire si un bébé pleure et que vous n’arrivez pas à arrêter ses pleurs ? Vous avez vérifié qu’il n’a pas faim, que sa couche est propre, qu’il n’a pas trop chaud, pas de fièvre, vous lui avez fait un câlin et pourtant il continue de pleurer.
- Surtout ne le secouez pas pour essayer de le calmer ! Le mieux est de le coucher sur le dos dans son lit et de quitter la pièce en le laissant pleurer. Encore une fois, pleurer est un mode d’expression normal pour un bébé. Il est beaucoup moins dangereux pour lui d’être sur le dos dans son lit que dans les bras d’un adulte exaspéré.
- Vous pouvez après avoir quitté la pièce demander de l’aide. N’hésitez pas à consulter.
Comment éviter la récidive
Les récidives sont fréquentes : la même personne secoue le même bébé de façon répétée. Il importe donc de détecter le plus tôt possible les symptômes évoquant un premier secouement pour éviter qu’il ne se reproduise. En dehors du malaise grave qui nécessite l’appel immédiat au 18 ou au 15, il faut être alerté par des ecchymoses (des bleus) qui sont exceptionnelles chez un enfant qui ne marche pas encore, par des fractures ou bien par une modification de comportement de l’enfant et une baisse de ses compétences : enfant moins tonique, qui interagit moins, est somnolent, vomit en jet sans qu’il y ait de fièvre ou de diarrhée… Dans tous ces cas, une consultation médicale s’impose.
Des recommandations aux professionnels ont été promues par la Haute Autorité de Santé en 2011 à la suite d’une audition publique organisée par le SOFMER (Société Française de Médecine Physique et de Réadaptation) Ces recommandations ont porté sur le diagnostic de secouement. Elles ont permis de bien comprendre les différences entre secouement, chute, jeu, manœuvres de réanimation… Ces recommandations de bonne pratique sont accessibles sur le site de la HAS.
Deux sites ont été créés spécialement sur le thème du syndrome du bébé secoué.
- www.syndromedubebesecoue.com afin d’en savoir davantage sur le syndrome du bébé secoué.
- www.bebesecoue.com qui donne des conseils pour calmer les pleurs d’un bébé et calmer l’adulte exaspéré.
- Votre avis nous intéresse : Nous vous invitons à remplir ce questionnaire sur ce délicat problème. Cela ne vous prendra que quelques minutes !