Quand bébé fait une régression du sommeil
Alors que votre bébé avait un bon rythme de sommeil, grâce à votre routine, voilà que soudainement, depuis quelques jours, voire quelques semaines rien de va plus ! A quel âge commence la régression du sommeil, pourquoi bébé régresse, comment se manifeste-t-elle et comment surmonter cette phase ? On vous dit tout avec Caroline Decré, infirmière-puéricultrice et spécialiste du sommeil
Quand bébé dort bien, avec des siestes et des nuits paisibles, c’est un vrai bonheur pour les jeunes parents. Mais quand soudainement, malgré un rituel bien établi, son enfant pleure, a des réveils nocturnes… les jeunes parents se retrouvent totalement bouleversés. Comment expliquer ce changement alors que la routine de l’endormissement est toujours la même ? C’est ce que l’on appelle la régression du sommeil. Rassurez-vous, c’est une phase classique et normale dans le développement de bébé.
Comment se manifeste la régression du sommeil ?
« Il ne s’agit pas d’une régression mais d’une évolution du sommeil. Car les enfants évoluent à vitesse grand V et ces acquisitions génèrent quelques turbulences côté sommeil », explique Caroline Decré, spécialiste du sommeil de bébé, avant d’ajouter : « ces phases de « régression-évolution », se traduisent par une complication brutale du sommeil d’un enfant, au niveau de ses endormissements, son sommeil nocturne et/ou ses siestes, sans cause apparente. Ainsi lors d’une régression, on peut voir un bébé se réveiller plus fréquemment la nuit ou mettre de plus en plus de temps à s’endormir malgré toute la bonne volonté des parents ».
En pratique, il n’est pas rare qu’un bébé de 9 mois qui dormait jusqu’à présent très bien se mettre à pleurer le soir pour s’endormir, refuser d’être posé dans son lit et se réveiller 4 à 5 fois la nuit. On parle alors de régression passagère. Et, bonne nouvelle, la plupart du temps cela passe comme par magie après quelques jours !
Les causes de la régression du sommeil
Les bébés traversent énormément d’étapes, depuis la naissance, sur le plan des acquisitions psychomotrices, l’évolution et la maturation du sommeil au fil des semaines, voire des mois…mais également les poussées dentaires, les virus, les premières séparations lié au mode de garde, un déménagement, l’arrivée d’un autre bébé dans la famille, un nouveau travail pour papa ou maman… Bref, les changements d’habitudes côté enfant ou parent peuvent venir chambouler temporairement le sommeil et générer ces fameuses régressions.
Les différents types de régression selon l’âge du bébé
Voici quelques repères d’âges où votre enfant peut traverser une phase de régression. « Attention cependant, à chaque enfant son rythme. Prenez un peu de distance avec ces repères et observez votre enfant dans ce qu’il vit ! Il vous donnera certainement des indices », souligne l’infirmière-puéricultrice.
A 4 mois
Le bébé s’éveille au monde et devient plus sensible aux repères extérieurs. De plus, son sommeil se complexifie (et c’est bien !). A cet âge ont peut voir les bébés lutter en journée pour les siestes et avoir des réveils nocturnes plus fréquents.
A 8 mois
L'angoisse de séparation (phase importante et positive dans le développement de l’enfant) génère à cet âge plus de difficultés à accepter la séparation. Votre bébé peut pleurer dans son lit, tendre les bras et refuser de s’endormir seul. Cela peut également se traduire par des réveils nocturnes plus fréquents.
A 9 mois/12 mois
L'acquisition de la marche engendre un besoin irrépressible de se mettre debout. Certains enfants restent debout dans leur lit le soir, refusent la sieste et luttent à l’endormissement. On les retrouve même parfois debout dans leur lit en pleine nuit !
A 18 mois
Une deuxième angoisse de séparation peut traverser la vie de votre bébé. Il peut refuser d’aller dormir, ou souhaiter la présence d’un parent pour s’endormir.
Vers 2 ans/2.5 ans
L’enfant s’affirme et dit « non » ! Souvent, des difficultés d’endormissement apparaissent avec des sorties de chambre pour multiples rappels. Les premières peurs sont également responsables de difficultés lors de l’endormissement, le soir ou au moment de la sieste.
A 3 ans
La première rentrée à l’école maternelle et l’acquisition de la proporeté viennent également perturber le sommeil de l’enfant.
Combien de temps dure la période de régression du sommeil ?
C’est LA question qui inquiète les jeunes parents, face au manque de sommeil et pour la santé de leur bébé. Notre experte se veut rassurante : « la plupart du temps, ces phases de régression- évolution du sommeil sont temporaires. Elles durent en général 3 semaines. Cela peut paraître long, mais souvent je dis aux parents de ne pas s’affoler trop tôt ! Chez les enfants qui ont toujours bien dormi et qui vivent une phase de régression, très souvent tout rentre dans l’ordre à condition que les parents gardent certains repères ». Mais attention, si la régression s’installe dans le temps et dure plusieurs mois à plusieurs années, on ne parle plus de régression mais de conditionnement ou troubles du sommeil.
D’après Caroline Decré : « c’est souvent lié au fait que le bébé/ l’enfant a perdu confiance en ses capacités à dormir. Ses parents compensent, et font tout ce qu’ils peuvent pour accompagner leur enfant au sommeil. Dans ces cas là, une consultation permet de prendre soin des parents et de redonner confiance à tout le monde. Attention cependant aux méthodes toutes faites et aux conseils rigides donnés trop souvent aux parents. Chaque situation est unique et il s’agit d’aller comprendre ce qui se vit pour l’enfant et ses parents pour adapter la prise en charge ».
Les 3 conseils de Caroline Decré pour aider son bébé à refaire ses nuits
1 - Se rassurer
En tant que jeunes parents, le premier réflexe est de vous rassurer et ne pas paniquer. C’est normal que le sommeil de votre bébé soit chamboulé. D’autant que la régression du sommeil est passagère. Bref, ne paniquez pas.
2 - Garder les rythmes et habitudes de sommeil
Malgré la régression, il est important d’essayer de garder les rythmes et repères habituels établis depuis la naissance. Pas question de tout chambouler et partir dans tous les sens. Bien au contraire : soignez le rituel du coucher, de la sieste, parlez à l’enfant, gardez confiance en vous et en lui.
3 - Lâcher prise si besoin côté sommeil
Malgré tout ce que vous faites rien ne semble fonctionner ? Le conseil de notre experte : il vaut mieux lâcher certains principes temporairement et accompagner son enfant pour ne pas s’épuiser. Le sommeil ne doit pas être un combat. S’il faut temporairement bercer votre bébé, rester avec lui ou mettre un matelas dans sa chambre le temps d’une poussée dentaire, il n’y a rien de grave ! Le tout est de savoir revenir à la normale une fois la régression passée. Enfin, si la situation persiste que votre enfant pleure, semble avoir des angoisses, n’arrive pas à se rendormir pendant la nuit, à retrouvez son cycle de sommeil, n’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant ou au pédiatre qui pourra vous orienter vers un(e) spécialiste du sommeil.