Tout savoir sur l’endormissement autonome chez l’enfant

Marianne Fricout-Morizot
Marianne Fricout-Morizot Journaliste spécialisée en parentalité et lifestyle
Publié le  , mis à jour le 
en collaboration avec Candice Turjman (Auteure de livres sur le sommeil)

Le manque de sommeil, les nuits difficiles… impossible, en tant que jeune parent d’y échapper. Alors que pour certains bébés, le rituel du coucher est assez rapide, pour d’autres, les siestes, et le dodo plus généralement, s’accompagne de pleurs, réveils. Il existe plusieurs méthodes pour aider son bébé à s’endormir. Mais connaissez-vous l’endormissements autonome ? Candice Turjman, jeune maman et autrice du livre "la fête du sleep", vous dit tout sur cette méthode.

Dormir comme un bébé, une expression qui n'est pas toujours juste. En effet, le sommeil est l'un des principaux sujets de préoccupation des jeunes parents, face à l'éternelle question : est-ce qu'il fait ses nuits ? Entre les anciennes méthodes (il faut laisser pleurer les bébés), les remarques sur le mode d'alimentation (biberon et/ou allaitement) , et les conseils en tout genre (les bras, la chambre, le lit, le rituel du coucher...), le moment du dodo peut vite devenir une source de stress, si son enfant dort moins que les autres, se réveille... Pour autant, il faut le dire, le sujet du sommeil est complexe, tant le rythme du bébé varie et se modifie la première année, entre les phases d'éveil et les temps de sommeil. Pour les parents, il n'est pas toujours facile de trouver ses marques au sein de la famille, le bon rituel, la méthode, surtout si la fatigue s'installe. Aujourd’hui, on vous aide à y voir plus clair sur ce sujet avec le thème de l'endormissement autonome grâce à notre spécialiste du sujet.

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L'endormissement autonome : qu'est-ce que c'est ?

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"L'endormissement autonome, c’est lorsque le bébé est capable de s'endormir de manière indépendante, sans avoir besoin d'aide extérieure telle que le bercement, le contact physique constant, ou la présence du parent pour s’endormir. Cela signifie qu'il est capable de s'endormir seul dans son lit, sans être bercé, sans téter ou s’endormir aux bras. Il peut également se rendormir seul lors de réveils nocturnes sans avoir besoin de l'intervention de ses parents", explique Candice Turjman, jeune maman et autrice du livre "la fête du sleep". En pratique, pour certains bébés, cela vient tout de suite, sans rien faire. Ce sont souvent les fameux bébés "qui font leurs nuits depuis la maternité". Pour d’autres, cela va demander du temps, de la patience et pas mal d’accompagnement. Mais pas de panique !

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Les avantages de l’endormissement autonome

Pour l'auteure du livre "La fête du Sleep" : "cette méthode va permettre d'établir des habitudes de sommeil saines et favorise un sommeil plus profond et plus réparateur pour le bébé. Cela vous aidera également, en tant que parents, à retrouver un peu de liberté et de flexibilité dans votre propre sommeil et votre routine quotidienne". Ainsi la méthode proposée par Candice Turjman repose sur le soutien et le réconfort du bébés pendant le processus d’endormissement. "Par ailleurs, l’endormissement autonome est encore vu à tort comme un entraînement, quelque chose qu’on met en place avec des objectifs et une attente de résultat rapide, alors qu’il s’agit plutôt de la conséquence d’un lien d’attachement, installé dès les premiers mois. Ainsi, on peut tout à fait commencer à mettre des habitudes de sommeil saines et favorables dès les premiers mois, et qui se transformeront ensuite en endormissement autonome", précise-t-elle.

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Une méthode miracle pour endormir son nourrisson ?

Si un coach en sommeil vous propose une solution miracle, garantie à 100%, il y a de quoi s'interroger. D'ailleurs, l'autrice de "La fête du sleep" prévient : "l’endormissement autonome n’est pas une solution ultime pour que le bébé fasse des nuits de 12h. Savoir s’endormir seul n’empêchera ni les régressions, ni les dents, ni la faim ou le besoin d’un gros câlin de ses parents. Il faut bien l’avoir en tête car il est important de rester à l’écoute des besoins de ce bébé. Il va donc être important de répondre systématiquement aux besoins de ce bébé car l'endormissement autonome n’implique absolument pas de laisser pleurer son bébé, ce qui reviendrait à ignorer ses appels et son besoin".

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Quel âge pour l'endormissement autonome ?

D'après Candice Turjman, il n'y a pas vraiment d'âge idéal. Explications : "cela va vraiment dépendre des besoins de votre bébé et de son comportement général au moment du dodo. Et il y a un autre critère très important aussi à prendre en compte, et souvent oublié, c’est qu’il faut que les parents soient prêts, et pour ça il n’y a pas d’âge. Dans ce cas, je recommande d’attendre, car c’est une mise en place qui prend du temps et requiert de la confiance et surtout la capacité pour le parent à accepter que son bébé n’a pas besoin d’aide pour s'endormir. Ça a l’air évident, mais parfois, le lien d’attachement est si fort, que le parent réalise en cours de route qu'il ne se sent pas prêt pour cette étape. Dans ce cas, évidemment, on ralentit ou on met en pause, en proposant des alternatives plus progressives". En un mot, on s’adapte. Chaque bébé est différent et a des besoins différents. Alors si le vôtre ne dort pas autant que votre meilleure copine, inutile de culpabiliser.

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Comment savoir si son enfant est prêt à s'endormir seul ?

"C’est en moyenne autour des 6 mois que votre bébé commencera à montrer des signes qu’il est prêt à aller vers un peu plus d’autonomie", selon Candice Turjman. Le lien d’attachement et la relation de confiance avec les parents sont en place, le bébé sait que les parents répondent systématiquement à ses appels. Et, un vrai rythme de jour comme de nuit commence à se mettre en place, ce qui va grandement le rassurer aussi. En pratique, certaines siestes sont plus longues, ou le nourrisson va faire spontanément de plus longues plages de dodo continu la nuit. C’est le bon moment ! "Par contre, si votre bébé n’a pas du tout de rythme et qu’il se réveille encore très fréquemment la nuit, ça peut être le moment de revoir son environnement de sommeil et ses conditions d’endormissement pour l’aider dans ce sens. Et, si votre bébé n’a pas l’air prêt alors qu’il a 6 mois, aucune raison de s’inquiéter. Soyez patients !", souligne l'autrice.

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Si vous avez besoin d’aide, n'hésitez pas à consulter un professionnel de la santé (pédiatre, médecin traitant qui connait votre enfant) ou un spécialiste du sommeil pour obtenir des conseils personnalisés sur la meilleure approche à adopter pour encourager un sommeil sain et autonome chez votre bébé.

Comment apprendre à son bébé à s'endormir seul ?

La règle la plus importante à garder en tête c’est que ce n’est ni magique, ni instantané. "Cela va demander du temps et de la patience, en fonction du stade où vous en êtes avec votre bébé", résume Candice Turjman. Si vous endormez votre bébé au sein et que du jour au lendemain vous décidez de le poser éveillé dans son lit pour qu’il s’endorme seul, il y a très peu de chances que ça fonctionne. La priorité va d’abord être de stabiliser le rythme en journée, l’environnement du dodo et le mode d’endormissement ensuite. On va donc observer le comportement du bébé en journée pour s’assurer qu’il dort suffisamment, puis mettre en place une routine du dodo solide et répétée dans le temps, s’assurer que les conditions d’endormissement soient optimales pour écarter tout inconfort chez ce petit bébé au moment de s’endormir (noir complet dans la chambre, tenue adaptée etc). Puis, on va se concentrer sur le mode d’endormissement.

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Mon bébé s'endort au biberon ou au sein, que faire ?

"Dans un premier temps, on va prendre l’habitude d’avancer cette prise au début du rituel pour éviter que le bébé ne s’endorme dessus, puis on déroule le rituel et au moment de l’endormissement, on va pouvoir proposer une alternative, quelque chose de raisonnable, comme les bras par exemple et que ça devienne votre nouvelle manière de l’endormir", détaille la spécialiste du sommeil. C’est une phase transitoire et il n’est pas question de s’acharner si le bébé refuse. Toutefois, il va être important de s’y tenir systématiquement, pour chaque endormissement (hors réveils nocturnes). Sachez que cette première phase de transition peut être un peu longue car le bébé ne va pas trop être d’accord par principe pour changer une habitude qui lui convenait bien. Armez-vous de patience !

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Mon enfant se réveille la nuit, pleure...

Rappelons que cela ne sert à rien, voire s'avère néfaste de laisser un bébé pleurer de longues minutes, sans intervenir. "Lors des réveils nocturnes, il convient de répondre aux appels de votre bébé mais de tenter d’observer ce qui le réconforte", assure Candice Turjman. Est-ce qu’il a faim ? Un bébé peut encore demander à être nourri la nuit jusqu’aux 12 mois au moins, surtout s’il est allaité, donc c’est tout à fait normal. Est-ce que sa couche est pleine ? Est-ce qu’il a perdu sa tétine ? Ou alors le simple fait d’être près de lui l’apaise ? En fonction de ces observations, vous allez savoir plus facilement comment réagir pour être le plus efficace possible dans vos interventions. Il convient de rester en "mode nuit", c’est à dire dans l’obscurité, le minimum d’interactions, et le reposer endormi ou pas après votre intervention. Donc si votre bébé a faim par exemple et qu’il s’est endormi au sein ou au biberon, aucun problème !

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Faut-il appliquer la même méthode/rituel pour la sieste ? Réponse de l'auteure : Oui ! L’idéal est d’appliquer le même mode d’endormissement pour tous les dodos. Pour les bébés qui font encore 3 siestes (moins de 9 mois), on va surtout se concentrer sur les deux premières siestes. Celle de fin d’après-midi est la plus difficile à obtenir, donc on ne va pas s’embêter avec. Pour celle-ci, vous pouvez faire ce qui marche (bras, portage, poussette…).

Mon bébé est à la crèche, quelle méthode d'endormissement privilégier ?

Le démarrage d’un mode de garde est souvent une vraie source d’angoisse pour les jeunes parents, surtout lorsque l’endormissement est très conditionné, par exemple avec une maman qui allaite. Pas de panique ! Les professionnelles qui prendront soin de votre petit bout ont plusieurs super-pouvoirs :

  • L’effet de groupe

Le moment du dodo est souvent accompagné d’un rituel précis et répété tous les jours. Certains bébés ont des facilités à s’endormir, la pièce est calme et c’est le moment de dormir. Cet effet de mimétisme est souvent très bénéfique pour les petits récalcitrants au dodo. Tout le monde dort, tout est calme, ils peuvent se laisser aller.

  • Ce n’est pas maman
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Cela paraît logique, mais c’est très important. La puéricultrice qui va prendre en charge votre bébé va devenir elle aussi une figure d’attachement, qu’on appelle secondaire, comme un second cercle de confiance pour votre bébé. Il sait qu’il n’est pas à la maison, que cette dame n’a a priori pas de lait dans les seins, et qu’elle est là pour s’occuper de lui.

  • L’art et la manière

Votre bébé va aussi rapidement comprendre qu’avec cette personne, on ne s’endort pas comme à la maison. Chacun sa méthode, chacun sa manière. Il se peut qu’il s’endorme de lui-même en autonomie à la crèche, ou alors qu’elle ait besoin de lui tenir la main, alors qu’il s’endort seul chez vous. C’est totalement OK ! Votre bébé saura vite faire la distinction entre la maison et les autres personnes qui s’occupent de lui. Ça s’applique d’ailleurs aussi aux grands-parents.

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Les 5 erreurs à éviter lors de l’endormissement autonome

  1. laisser votre bébé pleurer

Vous arriverez certainement à un endormissement autonome, mais par abandon plutôt que d’apaisement.

Le conseil de notre experte : être à l’écoute de son enfant, essayer de comprendre son besoin afin de pouvoir y répondre d’abord, puis l’anticiper pour que ces pleurs disparaissent d’eux-mêmes car le besoin est satisfait. Par exemple, votre bébé de 8 mois en pleine angoisse de la séparation ne veut pas que vous le posiez après votre rituel pourtant bien ancré depuis plusieurs mois ? C’est peut être le moment d’allonger ce rituel avec un livre, une chanson ou un câlin en plus. Cela peut tout à fait suffire pour faciliter l’endormissement, voire même faire disparaître des réveils nocturnes qui se résoudraient uniquement avec votre présence.

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2. Vouloir trop et trop vite

Rappelez-vous que ce petit bébé n’a que quelques mois d’existence. Tout est nouveau pour lui, et chaque séparation est difficile pour lui, car vous êtes son TOUT dans la vie. Quand la fatigue s’accumule, on peut perdre patience et vouloir que la situation change de manière drastique parce qu’on en peut plus. Il faut vraiment essayer d’avoir des attentes réalistes par rapport à l’étape où vous en êtes et au développement de votre bébé. Vous ne pourrez pas demander à votre enfant de s’endormir tout seul dans son lit sans vous, alors que jusque-là, il s’endormait dans vos bras alors que vous rebondissiez sur un ballon de yoga.

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Conseil de pro : jeunes parents, soyez patients, pensez cette autonomie par micro-étapes, comme un parcours progressif qui mènera à votre objectif final, mais semé de petites étapes, qui vous mettront aussi en confiance et vous donneront ainsi qu’à votre bébé, de l’espoir !

3. Se disperser et tout tenter en même temps

Les beaux-parents, la crèche, le pédiatre, les réseaux sociaux. Dans la même journée, vous pouvez être exposés à autant d’avis que de personnes à qui vous parlez de votre situation.

Conseil de pro : lorsque vous choisissez une approche, une méthode, croyez-y. Suivez-là rigoureusement pendant au moins quelques jours avant de déclarer que ça ne fonctionne pas. Et surtout, choisissez une méthode avec laquelle vous vous sentez en accord.

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4. Appliquer une méthode à contre-coeur

Pour Candice Turjman, confrontée en consultation à de nombreuses familles démunies, qui s’étaient forcées à mettre des choses en place alors qu’elle savaient au fond d’elles que ce n’était pas ce qu’elles souhaitaient, il est essentiel que la méthode d'endormissement soit en accord avec vos envies, vos convictions. "Combien de fois ai-je entendu : "xx m’a dit de le laisser pleurer, j’ai essayé mais ça m’a brisé le coeur". Si ça vous brise le coeur rien que d’y penser : NE LE FAITES PAS. Si vous êtes parfaitement à l’aise avec le fait que votre bébé s’endorme au sein, que ça ne vous dérange pas, et que tout le monde dort bien, NE CHANGEZ RIEN", insiste la jeune maman et autrice. Bref, c’est seulement lorsqu’une habitude vous dérange que vous pourrez y remédier, mais ne vous créez pas de problèmes s’il n’y en a pas, seulement à cause du jugement des autres… surtout si ces autres ne vivent pas avec vous...

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5. S’acharner

Si vous avez vraiment essayé plusieurs jours et que ça ne prend pas, c’est certainement qu’il y a autre chose à explorer. Que votre bébé n’est pas prêt, ou qu’il y a quelque chose que vous n’avez pas vu. Conseil de pro : c’est peut être le moment de prendre un rendez-vous avec le pédiatre et de lui exposer la situation pour s’assurer qu’on aurait pas loupé un petit reflux, une intolérance alimentaire, ou quelque chose qui ne serait pas directement lié à l’endormissement.

Enfin, vous pouvez aussi vous faire accompagner dans la mise en place par une spécialiste du sommeil qui saura vous aiguiller avec un regard extérieur, vers des solutions adaptées à vous, votre famille et vos habitudes.

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Que penser de la méthode 5-10-15 ?

La méthode 5-10-15 vient du Dr Ferber en 1985. C’était la première fois que quelqu’un s’intéressait et démocratisait des méthodes pour améliorer le sommeil des bébés en proposant des solutions aux parents, à cette époque. Depuis, les recherches en neurosciences de l’enfant ont mis en lumière le lien d’attachement, la réponse aux besoins et le maintien de ce lien d’attachement. "On sait donc désormais que lorsqu’un bébé pleure de manière prolongée comme dans ces méthodes, son taux de cortisol, l’hormone du stress explose. D’ailleurs, celui des parents et de la maman plus particulièrement explose aussi. Le cortisol annihile la production de mélatonine, hormone du sommeil, et d’ocytocine, hormone du plaisir. On ne se met donc vraiment pas dans des conditions propices au dodo quand on pleure à sanglots. D’autre part, il est vrai que lorsqu’on laisse pleurer son bébé de manière répétée et prolongée, les pleurs finissent par disparaître et de manière assez rapide, voire spectaculaire. La réalité, c’est que les pleurs s’arrêtent en effet, car le bébé comprend que personne ne viendra. Toutefois, les recherches montrent que le taux de cortisol lui, reste très élevé. Cela signifie que la situation de stress et d’anxiété elles, perdurent", commente notre experte.

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En clair, elle n'est pas favorable à la méthode du 5-10-15, qui se résume à laisser pleurer toujours un peu plus son bébé (5 min, puis 10 min, puis 15 min avant d'intervenir)."Il existe des méthodes et approches douces, globales et à l’écoute du bébé et des parents. Donc je recommande plutôt d’aller dans ce sens", conclue -t-elle.


Sources
  • Entretien avec Candice Turjman, jeune maman présente sur Instagram. Elle accompagne les familles dans le cadre de consultations sur ce thème (https://www.lafetedusleep.com). Et elle est autrice du livre "la fête du sleep", Editions le Courrier du livre
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