L’allaitement mixte : comment éviter la confusion sein-tétine ?
Les recommandations de l’OMS préconisent un allaitement maternel exclusif durant les 6 premiers mois de la vie de bébé. Pourtant, entre la reprise du travail, une éventuelle baisse de la lactation, l’allaitement pourrait être compromis. La mise en place de l’allaitement mixte permet de continuer l’allaitement et de façon pérenne. On fait le point avec Sylvie Ducout, Consultante en lactation IBCLC à Saint-Cloud.
Selon la DREES (p115 à 118), le taux moyen d’allaitement était de 67% à la naissance, en France, en 2013. Ce taux chute à 22.8% aux 6 mois de bébé. Les causes mettant fin à l’allaitement sont diverses : décision maternelle, reprise du travail, manque de lait, d’information, de soutien, bébé ne prend pas de poids…
L’allaitement exclusif demande beaucoup d’organisation et une grande disponibilité dans une société remplie d’obligations. Envisager l’allaitement mixte, c’est-à-dire donner le sein tout en proposant du lait, maternel ou artificiel, dans un autre contenant à bébé, permet à la maman de reprendre le chemin du travail ou d’autres activités, mais aussi de souffler la nuit.
Du sein au biberon, une transition pas si anodine
Très souvent plébiscité, le biberon rempli de lait, infantile ou tiré par la maman, peut perturber l’allaitement. D’autant plus les premières semaines. En effet, bébé, soucieux de bien faire mais aussi partisan du moindre effort, aura appris à s’alimenter au biberon, et aura plus de difficultés à se réadapter au sein. On parle alors de confusion sein-tétine.
Le biberon présente l’avantage d’avoir un débit plus important, la possibilité de jouer, machouiller la tétine, si bien que retourner au sein serait un trop grand effort pour lui. Il pourrait finir par s’habituer au biberon et se désintéresser peu à peu du sein, entraînant un sevrage précoce et non désiré par la maman.
Sylvie Ducout, consultante en lactation IBCLC, nous explique qu’il est toutefois possible de donner le biberon en respectant certaines conditions. “Il y a une manière de proposer le biberon, plus fidèle à la tétée du bébé. Maintenir bébé en position verticale, le biberon à l’horizontale, faire des pauses de sorte à ce qu’il boive régulièrement de petites quantités de lait, sans excéder 20 minutes”.
Bénéficier de l'aide d'une consultante en lactation
Les consultantes en lactations, IBCLC, accompagnent les parents dans un projet d’allaitement lors de visites pré-natales, de la mise en place de l’allaitement ou bien en cas de difficultés mais aussi au moment du sevrage.
Le sigle IBCLC, pour International Board Certified Lactation Consultant, signifie « consultante en lactation certifiée par le conseil international ». Elles ont suivi une formation d’un an, dédiée à l’allaitement. Cette formation est majoritairement destinée aux professionnels de santé (sages-femmes, médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes…)
Les consultantes travaillent dans les maternités, hôpitaux et cliniques, au cabinet, à domicile ou dans les PMI.
Les alternatives au biberon
Il existe plusieurs dispositifs d’aide à l’allaitement, qui permettent à l’enfant d’être alimenté, tout en reproduisant la même succion que l’allaitement. L'objectif : éviter l’emploi de toutes sortes de tétines (biberon, tétines classiques, bouts de seins…).
- La pipette et la seringue sans aiguille, généralement proposées aux nouveaux-nés
- Le DAL, dispositif d’aide à la lactation, que l’on peut fabriquer soi-même avec une sonde gastrique, disponible en pharmacie, et un gobelet
- La cuillère et le biberon cuillère pour donner de petites quantités de lait
- Le biberon tasse
- Ou encore le verre-tasse sous la forme de gobelet éducatif
L’introduction de ces dispositifs demande du temps, de la patience et contribue à allaiter le plus longtemps possible sans risquer la confusion sein-tétine.
Des clés supplémentaires vous aideront dans cette transition : expliquer la situation et vos choix à bébé, être à son écoute, prêter attention aux signaux qu’il vous envoie et sensibiliser votre entourage…