Jeunes mamans, savez-vous reconnaître le milk blues (moins connu que le baby blues) ?
Moins connu que le baby-blues, le milk blues toucherait de nombreuses mères à la fin d’un allaitement, qu’il ait été satisfaisant ou au contraire, difficile. Une situation qui s’explique à la fois de façon hormonale, psychologique, et sociale comme nous l’expliquent les expertes contactées.
Se sentir déprimée, fatiguée, voire anxieuse quand on a entamé le sevrage de son petit dernier n’a rien d’étonnant. Le phénomène aurait même un nom, le milk blues, (en référence au fameux baby blues ressenti par de nombreuses femmes) qui désigne cette période de déprime qui s’installe quand les mères prennent la décision, contrainte ou non, de mettre un terme à leur allaitement.
Une étape peu évoquée… Jusqu’à maintenant
De fait, qu’elles aient connu un allaitement difficile à mettre en place ou au contraire un allaitement radieux, nombreuses sont les femmes à ressentir ce vrai coup de mou teinté de nostalgie quand vient le moment de stopper cette fonction. "Je remettais en question mon rôle de maman, me demandais comment partager autant de moments intenses avec mon fils" évoque Laurianne, une maman témoignant dans Slate. "J'ai ressenti une part de jalousie en moi face à toutes ces mamans qui arrivent à allaiter sans problème, même pendant des années, alors que j'avais tout mis en place pour y arriver" oppose Camille, une autre maman. Pourtant si les femmes sont une majorité à éprouver un regret, allant du pincement au cœur à la déprime, peu d’entre elles connaissent le phénomène qui a un nom depuis les années 2020.
Une chute d’hormone en cause
Pour expliquer ce ressenti, plusieurs raisons convergent. Le milk blues n’est pas encore étudié par la science. Mais on sait toutefois qu’il est comme le baby blues, lié en partie à une chute d’hormones et notamment la baisse du taux d’ocytocine.
"L'allaitement implique la libération d'ocytocine, hormone souvent appelée l'"hormone de l'amour" (également libérée lors du baiser) qui joue sur le sentiment de bien-être et l'établissement du lien mère enfant. L'ocytocine joue un rôle fondamental dans le renforcement de ce lien. Aussi, quand on arrête d'allaiter, la production d'ocytocine diminue, cela peut affecter l'humeur de la mère et générer des sentiments de tristesse ou de dépression" nous prévient Amélie Boukhobza, psychologue., et membre de notre comité d’experts. Voilà pour une part de la raison, qui n’est pourtant pas la seule.
La fin d’une bulle exclusive
Pour notre psychologue, cet état est aussi une rupture émotionnelle. D'un point de vue plus psychologique, l'arrêt de l'allaitement, c’est dire au revoir à une bulle dans laquelle la mère et son bébé se retrouvent quasi hors monde, hors temps et où ils se suffisent presque à eux-mêmes. "Alors, en sortir pour retourner dans le monde, c'est la fin de quelque chose dont il faut faire le deuil : la fin de cette phase fusionnelle entre le bébé et sa mère. Et ça peut être plus ou moins difficile ! Se dire qu'on n'est plus tout pour lui, qu'il va créer d'autres liens et d'autres ressources, peut entraîner cet état dépressif... même si on sait que c'est indispensable à son développement et son épanouissement !" poursuit la psychologue.
Une injonction sociétale mal vécue
Enfin, socialement, l'allaitement est connu pour ses bienfaits sur l'enfant. Certaines mères peuvent ressentir une culpabilité ou un sentiment d'insuffisance quand elles arrêtent l'allaitement si elles pensent ne pas répondre à ces normes. D’autres se sentent obligées contre leur gré d’arrêter, pour la reprise de leur emploi par exemple. Une aberration pour Carole Hervé, consultante en lactation IBCLC, auteure etformatrice contactée : "Est-ce qu’on "doit" arrêter cet allaitement ? Je ne suis pas pour ces injonctions. C’est la notion de plaisir en réalité et non la reprise du travail ou l’âge donné d’un bébé qui doit décider d’un sevrage".
De fait, dans les deux cas, la maman est perdante quand elle doit arrêter pour des causes extérieures. "Soit l’allaitement ne se passait pas bien, soit au contraire il se passait très bien, mais on fait comprendre à cette maman qu’elle doit arrêter pour reprendre le travail, ce qui est faux car des solutions existent. Du coup, elle est souvent dans le regret".
Le bon moment pour arrêter est celui que vous choisissez
Peut-on éviter ce milk blues au sevrage ? Il y aurait au moins une bonne façon de le faire, confirme la consultante.
"Déjà le sevrage n’a pas à se faire de manière brutale (sauf dans l’unique cas de maladie grave). Il n’y a aucune raison de passer de tout à rien alors que le corps a mis 9 mois pour créer ce bébé, et entre 2 et 6 semaines pour installer un allaitement solide. Cela doit donc être tout autant progressif pour arrêter et sans aucune obligation de remplacer chaque tétée par un biberon".
Quant au bon moment pour vous, pour éviter tout stress, l’experte est formelle :
"Le moment opportun pour sevrer son bébé et arrêter l’allaitement est le moment où la maman a mûri une décision en conscience, dans son timing, qu'elle se sent prête, et non à cause des injonctions de son entourage. Que ce soit au bout de 4 jours, 6 mois, ou deux ans, cette décision n’appartient à personne d’autre".