Comment l’aider à apprendre à faire du vélo à 2 roues ?
Dans une vie de parent, après l’apprentissage de la marche, celui du vélo procure de grandes émotions – mélange de fierté et d’inquiétude. Pour que cette étape se déroule en douceur, équipez-vous du bon matériel et adoptez l'attitude juste.
Tout commence par l’équilibre. Avant de voir votre enfant s’élancer à toute vitesse sur la piste cyclable, il devra apprendre à gérer le poids de son corps et bénéficier d’appuis stables.
Draisienne ou tricycle ?
Stacie Charpentier, psychomotricienne, conseille de débuter avec une draisienne plutôt qu'un tricycle, à partir de 2 ans. "Les pieds donnent l’impulsion. Sans pédale, il trouve son équilibre et cette expérience lui donne une base pour l’apprentissage du vélo". Il apprend aussi à se repérer dans l’espace, à coordonner ses membres inférieurs et supérieurs.
Bertrand Rabatel, directeur de l’Institut de formation du vélo, partage cet avis. "Avec un tricycle, l’enfant va se pencher naturellement vers l’extérieur dans les virages, à cause de la force centrifuge. Lorsqu’il passera sur deux roues, il n’aura pas le réflexe de se pencher vers l’intérieur... et l’apprentissage risque d’être long, douloureux".
Le tricycle demande aussi plus de flexibilité mentale. Il n’est pas naturel d’être assis et de pédaler en avant. À vélo, plus tard, l’inclinaison du pied sur la pédale ne sera pas la même. "Si votre enfant fait partie des 5% qui ont des difficultés avec le pédalage (ils partent à l’envers, par exemple), reprend Bertrand Rabatel, mieux vaut lui proposer un engin équilibré avec trois ou quatre points d’appuis, comme une petit voiture à pédales".
L’âge idéal pour débuter
Les bases acquises avec la draisienne, quand passer à cette fameuse étape du "vélo de grand" ? "Tout dépend de l’enfant, bien sûr, affirme Stacie Charpentier. L’un sera prêt à 4 ans, l’autre vers 7 ans. Les parents peuvent observer s’il est “moteur” ou non : court-il beaucoup ? Apprend-il rapidement à ajuster son geste ?".
La meilleure méthode consiste encore à demander à votre petit s’il se sent prêt à passer cette étape. La motivation reste la base de tout apprentissage. Il ne sert à rien de le forcer et vous risqueriez de braquer votre enfant.
Le formateur Bertrand Rabatel le confirme et anticipe encore : "Dès 2 ans, on peut apprendre à faire du vélo, nous intervenons dans les écoles maternelles… Tout dépend de l’envie de l’enfant, s’il souhaite aller plus loin dans sa pratique. Il peut vouloir faire comme ses parents ou ses copains. Certains préfèrent, eux, la draisienne pour quelques temps, plus légère et maniable".
Attention au matériel
Une fois la décision prise, ensemble, il vous incombe de bien équiper votre cycliste en herbe. Outre le port du casque, obligatoire, ne tombez pas dans une erreur fréquente : choisir un vélo mal adapté.
Adulte, pour démarrer, vous remontez la pédale pour la positionner à un angle de 45°C. Pour un enfant, "c’est compliqué par rapport à sa vision de l’espace. Il effectue plutôt ses premiers pas d’élan en poussant par terre", détaille Bertrand Rabatel.
Choisissez donc un vélo qui lui permet d’avoir les pieds à plat, lorsqu’il est assis sur la selle. Pour l’aider au démarrage, privilégiez aussi un faux-plat descendant et un sol bien lisse. Il peut être tranquillisant de commencer sur de la pelouse, mais cela n’aidera pas votre enfant à prendre de la vitesse et trouver son équilibre.
Parent, un rôle rassurant
Lors de ses premières tentatives, votre rôle est important. "Montrez-vous sécurisant, recommande la psychomotricienne Stacie Charpentier. Sans rien forcer, encouragez-le à persévérer, à essayer d’autres façons de faire et à verbaliser ce qu’il peut ressentir". Laissez-le explorer. Si besoin, jouez avec lui.
Certains auront besoin d’apprivoiser dans un premier temps le vélo : l’enfant marche à côté en le poussant, vous surélevez la roue arrière pour qu’il pédale sans avancer… S’il a peur, cherchez avec lui des solutions rassurantes. En cas de chute, "inutile de minimiser en lui affirmant que ce n’est pas grave. Demandez-lui plutôt s’il s’est fait mal", conseille Bertrand Rabatel.
Il refuse catégoriquement de se remettre en selle ? Respectez ce choix et donnez-lui le temps. En voyant ses copains à vélo, par exemple, l’envie de réessayer devrait bientôt lui revenir. Évitez en revanche les petites roues, qui retarderaient l’apprentissage, ou encore la barre à l’arrière qui vous permettrait de le maintenir… Lâchez-le !
Nul besoin de redoubler de conseils : s’il est volontaire, votre enfant fera le travail tout seul. À vous aussi, de vous montrer patient. L’apprentissage peut prendre une après-midi, comme plusieurs semaines. Ces moments, uniques dans une vie, doivent rester un temps de plaisir.
Il n’y arrive pas !
Vous avez l’impression d’avoir tout essayé, mais rien ne marche. Il a peur, il ne trouve pas son équilibre, il se braque… N’attendez pas trop pour agir. "Passé l’âge de 6 ans environ et la classe de CP, il risque de le vivre comme un handicap social et cela peut toucher sa confiance en lui, avertit Bertrand Rabatel. C’est un fait : on considère que tout le monde sait faire du vélo !". Il conseille alors de faire appel à un professionnel. Non seulement il suivra une méthode adaptée, mais en plus votre enfant se comportera différemment avec un tiers. Un groupe d’enfants crée souvent une émulation.
Vous pourrez trouver des coordonnées sur le site du Syndicat national des moniteurs cyclistes français : www.moniteurcycliste.com