Ces facteurs de risques peuvent mener à de la maltraitance infantile selon une étude
Bébé secoué, violenté avant même de savoir marcher… Chaque année des cas graves sont rapportés dans la presse ainsi qu’aux urgences pédiatriques. Pour une meilleure prévention, une équipe française composée de médecins, pédiatres et professionnels de l’enfance a scruté les facteurs de risques qui reviennent régulièrement.
Qu'est-ce qu'une maltraitance physique infantile
On appelle maltraitance physique infantile (MPI) l’usage intentionnel de force physique envers un enfant, que ce soit pour le frapper, l’étouffer ou encore le secouer. Quand la maltraitance intervient de façon précoce, c’est-à-dire avant l’âge de 1 an, les conséquences peuvent être redoutables : troubles du développement neurologique, troubles mentaux ou encore maladies somatiques… quand cela n’aboutit pas au décès de l’enfant.
Mais pour mieux aborder le problème, les équipes du service de pédiatrie générale et maladies infectieuses de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, d’Université Paris Cité, de l’Inserm, du CHU de Nantes et du groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE ont réalisé une étude pour identifier les facteurs maternels, prénataux et postnataux associés à la MPI précoce. Celle-ci a donné lieux à une publication dans le magazine The Lancet.
Prématurité, difficultés à être stable…Des facteurs de risques identifiés
La large cohorte basée sur les données exhaustives du registre national Mère-Enfant EPI-MERES, a inclus tous les nourrissons nés en France entre 2010 et 2019. Sur les 6 897 384 nourrissons inclus, 2 994 d’entre eux ont eu un diagnostic de MPI précoce, à un âge médian de 4 mois.
Les facteurs indépendants les plus fortement associés à la MPI précoce étaient relevés chez les mères et traduisent une difficulté à être stable que ce soit en raison d’un état psychologique fragile ou d’un milieu difficile :
- De faibles ressources financières ;
- Un âge inférieur à 20 ans ;
- Un trouble de l’usage de l'alcool ;
- Un trouble de l’usage des opiacés ;
- Etre victime de violences conjugales ;
- Avoir une pathologie psychiatrique chronique ou pathologie somatique chronique ;
- Une hospitalisation en psychiatrie juste avant, pendant ou après de la grossesse ;
Deux facteurs de risque ont également été identifiés chez les nourrison
- Ceux né avec une grande prématurité ;
- Ceux ayant reçu le diagnostic d’une pathologie neurologique chronique sévère.
Les facteurs paternels et la relation de causalité entre les facteurs identifiés et la MPI n’ont cependant pas pas été explorés dans cette étude.
Mieux comprendre les failles pour mieux prévenir
L’étude n’entend pas encore trouver la solution pour mettre fin à ces tragiques violences. Mais poser le doigts sur les facteurs de risques présent en France peut aider à comprendre les mécanismes de violence et à développer des programmes de prévention, espèrent les auteurs.
"Les facteurs de risque maternels, prénataux et postnataux indépendamment associés à la maltraitance physique infantile précoce identifiés pour la première fois au niveau national en France favoriseront une meilleure compréhension des mécanismes de la maltraitance physique infantile et le développement de programmes de prévention efficaces. Cela inclut la création d’outils de stratification du risque, permettant ainsi l’allocation des ressources aux parents qui pourraient en avoir le plus besoin", souligne le Pr Martin Chalumeau, chef du service de pédiatrie générale et maladies infectieuses à l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP.