Les enfants de parents homosexuels ont-ils plus de probabilités de l'être à leur tour ?

Flavy Laquaye Rédactrice

Est-ce qu’un enfant dont les parents sont homosexuels a plus de probabilités de la devenir à son tour ? Cette question reflète de manière claire les préjugés de la société concernant l'orientation sexuelle des enfants élevés par des parents de même sexe. Pour répondre à cette interrogation, des chercheurs ont récemment publié une étude dans le Journal of Homosexuality, qui analyse l'orientation sexuelle des jeunes adultes élevés par des parents homosexuels.

Ainsi, les auteurs de l'étude ont cherché à fournir les données les plus complètes possibles, en explorant plusieurs dimensions de l'orientation sexuelle tout en tenant compte des différences entre les sexes. Voici ce qu’ils en ont déduit !

La grande majorité des enfants de parents homosexuels se considèrent hétérosexuels

L'étude en question a porté sur 30 jeunes adultes espagnols, âgés de 18 à 36 ans, qui ont été élevés par des parents homosexuels. L'échantillon se composait de 19 femmes et de 11 hommes. Pour y participer, les personnes devaient avoir vécu avec leurs parents homosexuels pendant au moins deux ans avant leurs 16 ans, tout en étant conscientes de leur orientation sexuelle. Avec de tels critères, il n'a pas été facile de trouver des participants. Les chercheurs ont pris part à des réunions de familles LGBT, contacté des groupes LGBT ainsi que la presse spécialisée. Par ailleurs, ils ont demandé aux participants de recommander d'autres personnes répondant aux critères de l'étude. La plupart des jeunes adultes ont été contactés par l'intermédiaire de leurs parents, qui les ont invités à participer à l'étude.

Pour évaluer l'orientation sexuelle des candidats, les chercheurs ont choisi la grille d'orientation sexuelle de Klein (KSOG). Celle-ci repose sur trois facteurs : l'attirance sexuelle, le comportement sexuel et l'auto-identification sexuelle. Chacun d'entre eux devait alors se situer selon chacun de ces facteurs, sur une échelle de sept points. Pour cela, ils ont pris en compte à la fois leurs expériences passées, ainsi que leur état au moment de l'entretien.

D’après les résultats, une grande majorité des participants (87%) a déclaré avoir eu des expériences sexuelles uniquement avec des personnes de l'autre sexe. Ces données correspondent étroitement à celles de la population générale, ce qui suggère que le comportement sexuel des enfants élevés par des parents de même sexe ne diffère pas réellement de celui des enfants élevés par des parents hétérosexuels.

Une attirance sexuelle plus variable chez les enfants de parents homosexuels

Toutefois, l’étude a mis en avant un plus grand degré de variabilité concernant l'attirance sexuelle, selon que les parents soient hétérosexuels ou homosexuels. En effet, par rapport à la population générale dont les participants sont 90 % à s'identifier comme exclusivement hétérosexuels, l’étude révèle que seulement 67 % des candidats ayant des parents homosexuels se déclarent être exclusivement attirés par des personnes de l'autre sexe.

Les autres participants ne sont pas catégoriques sur la question, et par là ils incluent aussi bien la l’homosexualité ponctuelle qu’exclusive. Parmi eux, 20 % se déclarent occasionnellement attirés par des personnes du même sexe. Ces résultats suggèrent que les personnes ayant des parents homosexuels auraient une attirance sexuelle plus variable, que celles dont les parents sont de sexe différent.

C’est d’ailleurs chez les femmes que cette réponse est plus dispersée parmi les enfants de parents homosexuels : 91 % des hommes s’identifient comme exclusivement hétérosexuels (et 9% exclusivement homosexuel) contre 42 % chez les femmes.

D’autres études restent nécessaires

Selon les chercheurs, les différences observées entre les sexes, au cours de cette étude, sont assez similaires à celles observées dans la population générale. Elles peuvent s'expliquer de plusieurs façons, l’une d’entre elles étant liée aux différences d'excitation génitale. Chez les hommes, l’excitation ne se ferait qu’en réponse au sexe préféré (elle est exclusive à une catégorie - hétéro ou homo), tandis que les femmes seraient plus ouverte à la diversité, quelle que soit leur véritable préférence sexuelle (une plus grande fluidité sexuelle chez les femmes).

Bien que cette étude apporte des résultats intéressants, elle possède toutefois quelques limites qui ne permettent pas une généralisation des résultats : la petite taille de l’échantillon observé ou encore la méthode de recrutement limitée, principalement par l'intermédiaire des parents.

D’après les chercheurs, de futures études dans ce domaine devraient porter sur des échantillons plus importants, plus diversifiés, et inclure des études longitudinales afin de suivre l'évolution des changements au fil du temps. Par ailleurs, il serait intéressant de réaliser des recherches sur des enfants de parents homosexuels, dans des sociétés où le degré d'acceptation de l'homosexualité est différent.