Ma soeur/mon frère est plus beau/belle que moi : quel impact dans la construction de la personnalité ?
Petit, vous avez déjà souffert de la beauté de votre plus jeune soeur ? Si ce sentiment est fréquent, il ne doit cependant pas être pris à la légère. Le point sur cette différence "physique", potentiellement toxique.
"Qu'il est adorable !" ou "Il a de ses yeux !" sont des phrases que vous avez déjà entendu enfant lorsque la beauté de votre frère ou de votre soeur était soulignée ? Si ces compliments peuvent paraître inoffensifs sur le papier - et que l'on ne peut en vouloir aux proches de les avoir murmurés - ils peuvent avoir un impact négatif sur son estime de soi. Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne, nous en dit plus à ce sujet.
Un poids dans la construction de la personnalité
C'est un fait : les relations entre frère et sœur peuvent parfois être compliquées. Mais lorsque s'ajoute, en prime, une difficulté physique - à savoir un frère ou une soeur plus beau/belle que soi - la jalousie et la dévalorisation peuvent vite s'inviter.
"Le sentiment de comparaison avec un frère ou une sœur, surtout sur le plan physique, peut être un vrai poids dans la construction de la personnalité", confirme notre experte psychologue, Amélie Boukhobza. "Dès l’enfance, les remarques innocentes des proches, comme un simple "oh, qu'il est mignon" ou "qu'elle est belle", peuvent s’ancrer profondément voire pour toujours dans l’esprit de l’enfant qui écoute. Et celui qui n’est pas directement complimenté peut alors développer une impression de "moins-valoir" qui dépasse le simple domaine esthétique", affirme-t-elle.
En effet, si ces compliments se répétent dans le temps, ils peuvent finir par affecter l’estime de soi, créer une tendance à la dévalorisation ou provoquer un besoin constant de validation extérieure, détaille la psychologue.
"Quand un enfant se sent toujours en retrait, comme s’il n’était jamais "le joli" ou "la jolie" de la famille, ça peut aussi générer une forme d’insécurité qui impacte les relations futures, le rapport à son propre corps et même ses ambitions personnelles. Certains peuvent chercher à compenser en se démarquant sur d’autres terrains, comme les études, les compétences sociales ou artistiques, mais parfois avec une pression excessive. Et dangereuse… Finalement, ça peut avoir un impact important !" confirme l'experte.
Prendre du recul sur la situation... et travailler sur ses propres qualités
Face à une différence physique avec son frère ou sa soeur, comment se préserver des innombrables conséquences ? (conflits familiaux, jalousie...) Si se détacher des remarques malhabiles "n’est pas facile", surtout lorsqu'elles sont répétées au fil du temps, prendre du recul est néanmoins possible.
"L’idée ici n’est pas de prétendre que ces remarques ne font pas mal, mais de comprendre que la beauté est subjective et qu’elle n’est qu’un aspect parmi d'autres dans la construction de soi. Et qu’il n’y a finalement pas besoin de plaire à tout prix dans la vie. Prendre du recul face aux opinions des autres, même celles des proches, peut considérablement aider", assure Amélie Boukhobza.
Or, pour prendre ce fameux "recul" nécessaire, il est impératif de faire un travail sur soi.
"Apprendre à se connaître, à s'accepter tel qu’on est et à valoriser ses propres forces en dehors des critères imposés est crucial... Car la beauté physique, aussi flatteuse soit-elle, reste superficielle et passagère. Mais l'assurance, la créativité, l'intelligence de vie, tout cela reste et peut véritablement redéfinir la manière dont on se perçoit", rappelle la spécialiste.
Accepter les remarques
L'autre conseil de notre experte pour enfin réussir à ne plus jalouser son frère ou sa soeur ? Passer par l'acceptation.
"Il convient ici de se détacher du regard de l’autre en acceptant que les remarques faites en famille ne reflètent pas toujours une vérité absolue, mais simplement une opinion. Souvent, ces phrases dites avec légèreté ne se veulent pas intentionnellement blessantes, mais elles peuvent être mal interprétées. Alors on n’oublie pas qu’on ne définit pas la valeur d’une personne sur quelques mots échangés à la va-vite !", signale la praticienne.
Enfin, dernière petite astuce de notre experte pour relativiser face à la situation : se demander : "qu'est-ce que cela change réellement ?".
"Que mon frère ou ma sœur soit perçu(e) comme "plus beau/belle" ne devrait pas enfermer dans une compétition invisible. Dès lors qu’on s’autorise à exister pour soi-même, sans chercher à rivaliser, on casse ce schéma mental toxique", confirme Amélie Boukhobza.
Des conseils qui s'appliquent évidemment à soi, mais aussi aux enfants des autres... Alors, avant de complimenter un tout-petit ou même un plus grand, on réfléchit !
