Une prof impliquée dans le suicide d'une élève victime de harcèlement ? Une association réagit
Il y a 5 ans, Evaëlle Dupuis, collégienne de 11 ans, se suicide après avoir été victime de harcèlement scolaire. La particularité de cette affaire : la professeure de français de la jeune fille serait impliquée. Doctissimo a interrogé Nora Tirane, déléguée générale et fondatrice de l’association Marion, La main tendue, qui lutte contre le harcèlement scolaire.
Le drame est survenu en 2019, il y a déjà cinq ans. Evaëlle Dupuis, collégienne de 11 ans, s’est suicidée par pendaison après avoir été victime de harcèlement scolaire. La particularité de cette affaire : la professeure de français de la jeune fille serait impliquée dans le harcèlement et risque désormais un procès. Le parquet de Pontoise vient en effet de demander son renvoi devant le tribunal correctionnel.
Les professeurs, parfois impliqués dans le harcèlement subi par leurs élèves
Pour comprendre comment ce genre de situation peut survenir, Doctissimo a interrogé Nora Tirane, déléguée générale et fondatrice de l’association Marion, La main tendue, qui lutte contre le harcèlement scolaire. "Lorsque l’on a interrogé les élèves dans notre dernière enquête, réalisée par l’Ifop, il ressort que dans 7% de cas, l'enseignant est désigné comme étant responsable du harcèlement" explique-t-elle tout d’abord. "On sait que parfois, de manière conscientisée ou non, le professeur dans le cadre de sa posture, de sa manière de communiquer, peut être responsable d’une détérioration du climat en classe" précise la fondatrice de l'association.
Un manque de formation, parfois un manque de bon sens
La bonne posture à avoir auprès des élèves fait pourtant partie des apprentissages délivrés aux enseignants, pendant leur formation. "La façon de communiquer fait partie de la formation initiale des enseignants" confirme Nora Tirane. "C’est aussi du bon sens" ajoute-t-elle, citant l’exemple de professeurs qui peuvent par exemple se moquer du nom de famille d’un élève, moquerie qui sera reprise par les camarades de classe, par la suite.
Cela passe également par des faits plus insidieux, comme d’envoyer un enfant seul au tableau. "Un enfant en difficulté se retrouvera seul face au groupe, c’est toujours une posture destabilisante" ajoute Nora Tirane. "En formation, j’invite toujours plusieurs élèves à me rejoindre au tableau, pour faire 'groupe face au groupe', en leur posant un cadre bienveillant. J’invite les professeurs à faire de même, cela fait partie des petites astuces simples, mais qui fonctionnent vraiment contre le harcèlement".
Avoir plusieurs adultes référents sur la question du harcèlement dans les établissements
Toujours dans la même enquête, l’association met en évidence que 65% des enseignants se sentent désarmés face à la question du harcèlement. "Ce chiffre reflète le fait qu’ils manquent de moyens pour travailler correctement la question du harcèlement scolaire", estime la déléguée générale de Marion La Main Tendue.
D’après elle, il faudrait "créer dans le premier degré, en maternelle et en primaire, une cellule dédiée à la prise en charge des victimes de harcèlement ; et dans les collèges et les lycées, avoir au moins deux personnes ressources par établissement, spécifiquement dédiées au harcèlement scolaire". Avec près de 60.000 établissements en France, cela représenterait 120.000 personnes à former spécifiquement sur la question.