Contrôlez la douleur de l’accouchement avec la méthode Bonapace
Depuis presque trente ans, Julie Bonapace, qui a créé sa méthode d’accouchement éponyme, cherche à soulager les femmes et à impliquer les pères lors de la naissance, pour que la venue au monde du bébé se déroule dans des conditions optimales, loin de la surmédicalisation.
"À l’époque, j’étais médiatrice familiale. Lorsque je questionnais les couples sur l’origine de leur conflit, ils répondaient souvent 'la naissance d’un enfant'. Cette étape nécessite beaucoup d'adaptation et crée des tensions. Les femmes se sentent dépassées, les hommes pas acteurs de la famille". La québécoise Julie Bonapace s’est lancée dès 1988 dans de longues recherches, pour mettre au point sa méthode et aider les futurs parents.
La méthode Bonapace : l’harmonie du couple au centre
L’objectif de Julie Bonapace était de faciliter la venue au monde du bébé, en donnant des outils au père et à la mère afin qu’ils travaillent en complémentarité. Lui doit apprendre à la soutenir ; elle doit lâcher prise. Ses travaux l’ont menée à la conclusion que, lorsque les femmes se sentent protégées, en sécurité, elles subissent moins de césariennes, d’interventions aux forceps et à la ventouse, ou encore des lésions au périnée.
Combattre de "mauvaises habitudes" et douloureuses pour les femmes
Julie Bonapace mène un combat contre des habitudes médicales qui augmenteraient la douleur pendant l’accouchement. Par exemple :
- Le déclenchement du travail. "Ce n'est absolument pas banal. On remarque une ignorance totale sur le rôle des hormones", explique la spécialiste.
- Ne pas laisser les femmes manger et boire. "Il faut enrayer cela ! Il n'y a aucune raison médicale. Il s'agit de traditions qui perdurent", selon Julie Bonapace. Une notion sur laquelle les spécialistes semblent de plus en plus s’accorder.
- Le monitoring permanent. "Il cloue au lit". Sur ce point, le Collège National des Sage Femmes (CNSF) en France recommande que, toute femme recevant de l’oxytocine pendant le travail doit bénéficier d’une cardio-tocographie permanente (monitoring des contractions utérines et de la fréquence cardiaque du bébé).
- La position sur le dos. "Je l’appelle 'la position pourrie'. Spontanément, dans les sociétés non-occidentales, les femmes adoptent d’autres postures, plus naturelles. Celle-ci favorise juste le confort de l’équipe médicale", souligne la spécialiste. Cette attitude est adoptée par les spécialistes au Canada depuis plusieurs années, notamment en permettant à la femme de changer de position pendant toutes les phases de l’accouchement.
Julie Bonapace souhaite libérer les futures mères de leurs peurs et œuvre pour un accouchement le plus naturel possible. Tout en encourageant les parents à suivre leurs intuitions et à poser les bonnes questions aux médecins.
Méthode Bonapace : entre psychologie et physiologie
La méthode Bonapace a donc la particularité de mêler psychologie et physiologie. Pour contrôler la douleur sans péridurale, l’experte s’inspire des travaux de recherche sur la non pharmacologie du Dr Serge Marchand.
Dans un premier temps, la maîtrise de la pensée se base sur des exercices de respiration, de relaxation et sur la construction d’une image mentale. Un massage léger sur les zones douloureuses, pratiqué par le futur père entre les contractions, aide à la détente. Il peut aussi créer une seconde douleur, en appuyant sur des points d’acupuncture : cela provoquera le relâchement d'endorphine.
En lien avec les médecins, Julie Bonapace est le premier auteur de la ligne directrice de la Société des gynécologues et obstétriciens du Canada (SOGC) sur le soulagement de la douleur. Une étude sur l'efficacité de sa méthode, menée sur 25 femmes et publiée en juillet 2013 dans la revue Journal of Pain Research, a démontré que ses techniques permettaient de réduire de presque 50 % la perception de la souffrance lors de l’accouchement. Là encore, en France, les dernières recommandations du CNSF (décembre 2016) préconisent l’administration d’une péridurale à partir du moment où la douleur est très importante ou difficilement supportable pour la mère et ce, à n’importe quel moment du travail et après son accord, dans la mesure où chaque femme a un seuil de tolérance à la douleur différent.
Clémentine Delignières