Grossesse, accouchement, post partum… Une enquête sur la maternité en France
Une enquête du Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) révèle l’insécurité des femmes tout au long du parcours de la maternité (grossesse, accouchement, suite de couches…). Suite à ces observations, le Ciane propose 11 recommandations pour réduire ce sentiment d’insécurité.
Le collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane), avec le soutien financier de Santé Publique France a lancé une enquête sur toute la période de la maternité (grossesse, accouchement, séjour à la maternité, retour à la maison) auprès de 8 500 femmes ayant accouché entre 2016 et 2021. Les résultats de cette consultation ont mis en évidence un important sentiment d’insécurité chez les femmes tout au long de leur parcours de maternité.
Périnatalité : un manque d’informations qui conduit à l’insécurité des mères
Dès le début de leur grossesse, les femmes se sentent en insécurité. Cela est du au stress de faire une fausse couche, de vivre un accouchement prématuré, ou encore que leur bébé ait une malformation. La complexité du parcours de soin engendre lui aussi un sentiment d’insécurité. Environ 25% des primipares (femmes qui accouchent pour la première fois) ont des difficultés à identifier quel professionnel de santé doit effectuer le suivi de grossesse. De même, la complexité des démarches administratives est évoquée pour 33% des primipares mais aussi par 25% des multipares. L’accouchement quant à lui est très souvent mal vécu par les femmes qui peuvent s'expliquer par le fait ne pas avoir suivi de préparation à la naissance, le manque d’information et de bienveillance des équipes soignantes. Vient ensuite le séjour à la maternité qui ne remporte pas tous les suffrages. En effet, une insuffisance d’attention portée à la santé mentale de la jeune maman couplée à une sur-attention au poids du bébé génèrent un stress important. Le retour à la maison est également une période délicate pour de nombreuses mères qui évoquent un sentiment de solitude et un manque de soutien et d’information quant aux premiers pas de parent, notamment sur la gestion des pleurs du nourrisson.
Maternité sereine : les 11 recommandations du Ciane
Suite aux résultats de l’enquête menée par le Ciane et Santé Publique France, le collectif propose 11 recommandations concrètes pour permettre de mieux informer les futurs parents et réduire ce sentiment d’insécurité auprès des jeunes mamans.
Concernant le manque d’informations, le Ciane propose de :
- Créer pour les maternités une obligation de mise à disposition d’un choix d’indicateurs permettant de décrire leurs pratiques ;
- Créer un annuaire en ligne des professionnels assurant le suivi de grossesse ;
- Revoir les documents d’information sur les droits et les démarches en y associant des représentant(e)s des usagères et usagers.
Le Ciane propose d’améliorer l’offre de soins pendant le parcours de maternité :
- Cours de préparation à la naissance et à la parentalité : prévoir une ou deux séances remboursées à destination des partenaires ; ajouter deux séances en postnatal pour répondre aux interrogations des femmes ;
- Prise en considération du vécu de l’accouchement : prévoir et financer un temps d’échanges et d’analyse de l’accouchement avec les professionnel(le)s de suites de couches ; rendre effectif le recours prévu à un(e) psychologue pour tout accouchement traumatique ou mal vécu ;
- Généraliser l’accueil des pères en maternité 24h sur 24 ;
- Permettre et financer l’ajustement aux besoins des femmes du nombre de visites par les sages-femmes libérales après la sortie de maternité ;
- Soutenir la diversification des pratiques : naissance physiologique dans les hôpitaux, maisons de naissance, accouchement à domicile.
Le Ciane recommande également des formations auprès des professionnels, des parents et des entreprises :
- Professionnels : développer des modules de formation initiale et continue sur respect, consentement, bientraitance ;
- Parents : encourager et faciliter la participation aux cours de préparation à la naissance, notamment pour les partenaires ; encourager les partenaires à prendre leurs congés dans les premières semaines après la naissance ;
- Entreprises : les sensibiliser à l’importance des congés de paternité dans les premières semaines après la naissance.