Tout savoir sur le baby clash : le reconnaître, mieux le vivre et trouver des solutions en couple….

Marianne Fricout-Morizot
Marianne Fricout-Morizot Journaliste spécialisée en parentalité et lifestyle
Publié le  , mis à jour le 
en collaboration avec Anna Roy (Sage-femme) et Catherine Pierrat (psychologue)

Après la naissance d’un bébé, il est très fréquent que le couple se dispute, soit en désaccord, se clashe. Un sujet post-partum encore tabou… Mais qu’on se le dise, le baby clash n’arrive pas qu’aux autres et les jeunes parents peuvent très bien surmonter cette période. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Comment mieux vivre le baby clash ? Peut-on l’éviter ? Anna Roy, sage-femme et Catherine Pierrat, psychologue, livrent leurs conseils pour aider les couples perdus dans la parentalité à se retrouver et profiter de leur nouvelle vie, sereinement, avec leur enfant.

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On le sait l’arrivée d’un bébé bouleverse la vie de couple. On a beau s’y préparer quand on y est confronté- pour de vrai- le quotidien n’est pas toujours merveilleux. En effet, bien que ces moments soient peu évoqués pendant la préparation à l’accouchement, dans les livres abordant la parentalité, ou encore par les professionnels de santé pendant le suivi de grossesse, il faut savoir que cela existe et arrive bien plus souvent que ce que l’on pense. De quoi s’agit-il ? Des disputes, différents, mésententes, conflits au sein du couple de jeunes parents, face à cette nouvelle vie. En deux mots, c’est le baby clash.

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Le baby clash, un sujet tabou ?

"Oui c’est un sujet extrêmement tabou. Et c’est pour cela que c’est essentiel d’en parler", assure Anna Roy, sage-femme et autrice du livre "Baby clash, devenir parents s’en s’étriper". D’après elle : "les couples n’ont pas du tout envie de renvoyer une image moisi de leur couple, si bien qu’une chape de plomb règne et que tous les couples disent "c’est super, génial…". Ce qui fait un grand mensonge généralisé. Alors que dans les couples, il y a des hauts et des bas. Tout le monde traverse des hauts et des bas. C’est donc hyper important de banaliser ces bas, de montrer au monde que tout le monde a des difficultés de couple. Sinon, les gens sont murés dans leur silence, pensent qu’ils sont seuls dans leurs difficultés". Et pourtant, notre experte, en contact quotidien avec des couples, fait le constat de ce paradoxe. D’un côté, des difficultés de couples très fréquentes et de l’autre, si rien n’est fait, des difficultés qui se cristallisent, l’impression d’être seul(e), ce qui alourdit les problèmes. Bref, jeune maman ET jeune papa, vous êtes concernés, n’ayez pas peur.

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Qu’est-ce que le baby clash ?

Bien qu’il n’y ait aucune définition officielle, dans son livre, Anna Roy esquisse dès les premières pages une définition "s’il me fallait le définir simplement, c’est le fait pour un couple de se clasher (être en dissension, se disputer, voire se séparer) après la naissance d’un enfant". Une réalité qu’elle côtoie dans sa profession de sage-femme libérale lors de ses visites à domicile ; "j’ai rencontré des couples perdus face à la parentalité, mais aussi des couples perdus à force de ne plus se retrouver. Ils ne pouvaient plus se saquer, s’encadrer, se comprendre, se parler. Eux qui s’étaient tant aimés, avant désiré un enfant, étaient allés au bout de leur projet, ne se reconnaissaient plus". Pour autant, aussi banal et fréquent soit-il, le baby clash n’est pas une fatalité insurmontable. "Au choix, donc : il propose au couple de mieux se connaître et de se renforcer ou de se quitter pour s’épanouir séparément".

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Les 3 erreurs à éviter quand un baby clash arrive - penser que c’est foutu ; Selon la sage-femme, "beaucoup de couples ont une attitude très défaitistes alors que, à part les situations de drames qui ne sont pas du baby clash, les situations sont très facilement résolvables". - sous-estimer les conséquences du manque de sommeil ; Sur la sexualité, la bonne humeur…Il ne faut pas sous-estimer la question du manque de sommeil qui peut directement influer sur les envies, les désirs au sein du couple... - déséquilibrer la répartition des tâches ; C’est aussi un point essentiel pour notre experte. "On peut dire oh ce n’est pas si important que ça. En réalité, c’est fondamental que la répartition des tâches parentales et domestiques soit équitable pour le bien-être du couple. Cela rejoint le fonctionnement de l’entreprise. En pratique, on se met autour d’une table, avec un tableau Excel et on dit ça c’est pour toi, ça c’est pour moi. Et discutez si vous estimez que la répartition est juste ou pas".

Faut-il avoir peur du baby clash ?

Non à en croire la sage-femme. A la fin de son livre, elle évoque le terme "de crise maturative du couple à l’arrivée d’un enfant, qui dit mieux la déstabilisation mais qui dit aussi (et j’adore) la possibilité de maturer. Cette nouvelle définition a la décence de limiter les conflits dans le temps, le temps de l’arrivée de l’enfant". Elle ose même aller encore plus loin en affirmant ; "le baby clash est bienheureux". Explications : "quand il survient, il nous éclaire. Il est la preuve que la vie évolue, que nous sommes des êtres changeants. Utilisons-le pour nous transformer". Anna Roy invite à regarder le baby clash "comme une période de turbulences, qui pousse à questionner son couple (comment va-t-il ?), à la fortifier et à prendre soin si on ressent le besoin de s’apaiser et de se faire du bien". Néanmoins, elle n’élude pas les cas où le baby clash annonce la fin du couple : "si le constat est amer ou la séparation inéluctable, faites-vous accompagner".

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Le baby clash en pratique

L’arrivée du baby clash

Côté timing, il arrive rarement pendant la grossesse ou lors des premiers jours à la maternité quand le couple vit ses premières instants en accueillant son bébé. Il est alors pris dans le tourbillon des émotions, des découvertes. Le séjour à la maternité est souvent décrit par les jeunes parents comme une bulle. Des moments où on se laisse porter au rythme du passage des professionnels de santé et des exigences de la vie d’un nouveau-né. Tout en étant libéré des corvées domestiques. "C’est le retour à la vraie vie qui fragilise le couple. Le quotidien change, on change, le couple change", décrit Anna Roy. En résumé, jeune maman, jeune papa, c’est à partir de là, le retour à la maison, que tout se joue.

Les motifs du baby clash

Disons-le clairement : l’enfant n’est pas directement responsable des conflits. Il s’agit plutôt de ce qui en découle : l’organisation au quotidien, la répartition des tâches ménagères, la sexualité, la fatigue, le manque de sorties/d’interactions avec d’autres adultes, la pression de la belle-famille ou que l’on se met soi-même, l’implication de l’autre dans son rôle de père/mère, l’absence d’aide au quotidien… Anna Roy, pragmatique, donne d'autres des exemples concrets "parce qu’on est épuisés, parce qu’on n’est pas d’accord sur le mode de garde, parce que notre sexualité évolue, parce que nos potes se mêlent de notre nouvelle vie de famille, parce qu’on manque de relations sociales, parce qu’on se sent muer et grandir, parce qu’on se sent (parfois) seuls, parce qu’on se trimballe des casseroles à n’en plus finir". Catherine Pierrat, psychologue, confirme : "les raisons du baby clash sont en premier en lien avec la fatigue par le manque de sommeil (et aussi pour la maman les suites de la grossesse, l’accouchement et éventuellement l’allaitement). Et cette fatigue vient exacerber toutes les autres raisons. Viennent ensuite, les changements dans la gestion du temps (très peu de temps pour soi car tout ou presque est consacré au bébé, et la répartition des tâches), dans l’espace (un nouvel être occupe l’espace avec de nouveaux objets, une contrainte dans la circulation des pièces lorsque bébé dort…). A toutes ces raisons, viennent également s’ajouter des possibles différences de point de vue sur l’éducation, le stress, le manque de communication, le manque d’intimité et de sexualité, la répartition des charges de la maison, la présence parfois pesante et intrusive de certains membres de la famille etc.".

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En résumé, les raisons du baby clash vont variables d’un couple à l’autre. Et peuvent même être différentes en fonction des naissances. Sachez que le baby clash n’est pas réservé au premier enfant. Enfin, cette période de conflit peut être plus ou moins intense, longue, en fonction des couples.

Ne pas confondre baby clash et violences au sein du couple La sage-femme est très claire à ce sujet : "la violence qu’elle soit physique, psychique ou verbale est la ligne rouge à ne pas franchir. Cela impose une prise en charge selon le degré de gravité".Pour rappel, le 3919 est le numéro de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences. N’hésitez pas à contacter un médecin, une sage-femme ou un autre professionnel de santé qui saura vous écouter.

Surmonter le baby clash : les réflexes à adopter

C’est quand même la bonne nouvelle que partage Anna Roy à la lumière de son expérience : "grâce au baby clash, le couple est invité à l’introspection, aux efforts, aux ajustements et il me semble que tous les couples font ce travail un jour ou l’autre. Alors, on peut voir le baby clash comme une chance". Mais avant d’en arriver là, il faut surmonter les difficultés, résoudre les conflits, trouver des solutions au sein du couple.

  • Etablir un pacte C’est la règle d’or de la sage-femme ou plutôt une forte recommandation qui s’adresse aux couples las et à deux doigts d’exploser - tant que le respect est toujours là. "Faites un pacte. Ce pacte est simple : vous restez ensemble jusqu’aux 3 ans de l’enfant, tant que vous êtes en post-partum. On ne se sépare pas tant que l’enfant n’a pas gagné en autonomie, tant que l’on ne retrouve pas des nuits complètes, une forme physique digne, une vie sociale plus riche, un rythme tenable au boulot, et ainsi de suite".
  • Se faire aider par un professionnel de santé C’est le deuxième conseil essentiel de notre experte. Si vous ne dormez pas, que vous avez la sensation d’être débordé(e), de ne pas vous en sortir ou encore si des difficultés autour de la sexualité apparaissent, consultez. Ainsi, vous pourrez vous adresser à votre sage-femme, médecin traitant ou encore directement à un thérapeute (conseiller conjugal, sexologue, psychologue ou psychiatre). "Il est important de tirer la sonnette d’alarme après d’un tiers extérieur, parce que parfois, on est tellement enlisé que l’on arrive plus à communiquer. Et parfois juste quelqu’un d’exterieur peut vraiment faire des miracles. Allez chercher de l’aide pour parler à quelqu’un que vous aimez bien relevant du domaine de la santé. Et lui, s’il n’est pas capable de vous aider, vous enverra vers quelqu’un d’autre".
  • Mettre en place une (bonne organisation) comme une entreprise Car oui, d’après la sage-femme, le couple qui accueille un enfant devient une entreprise qu’il faut savoir gérer en mettant en place un management intelligent, en se disant les choses et en trouvant des "collaborateurs extérieurs" (nounou, aide-ménagère, doula, technicienne de l’intervention sociale et familiale…) pour se faire aider. Sans oublier de discuter de l’aspect financier.
  • Lâcher la pression Que vous vous mettez ou celle que l’entourage vous met. Priorisez dans ce qui vous paraît essentiel face aux tâches quotidiennes. Arrêtez de vous comparer ou de regarder désespérément les comptes Instagram de jeunes mamans "parfaites". Et éloignez-vous des personnes toxiques, étouffantes.
  • Communiquer Parlez, échangez pour trouver un compris si vous n’êtes pas d’accord, pour vous féliciter mutuellement, pour vous excuser et tout simplement pour partager vos joies et vos inquiétudes au sein de votre couple. Rappelons-le : aucun parent n’est parfait et chacun fait de son mieux !
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3 conseils pour éviter le baby clash

  1. Faire le point régulièrement L’idée est de se voir en tête en tête, autour d’un moment sympa, pour évoquer les 15 jours précédents. Abordez les points positifs, négatifs, ce qui peut être amélioré. N’oubliez pas que le couple devient une entreprise à l’arrivée d’un enfant. Il faut qu’il y ait des réunions et des points d’étape.
  2. Prendre du temps à deux, en amoureux La plupart des couples souffrent ne plus pouvoir se retrouver avec des discussions d’adulte, et partager des moments d’intimité. C’est donc important de se ménager ce temps.
  3. Le sommeil est une priorité Le manque de sommeil est à l’origine de nombreux problèmes. "C’est le pire ennemi du couple", estime la sage-femme. Il faut donc s’en préoccuper concrètement en mettant en place une bonne stratégie : se faire aider par un tiers pour les siestes en journée, faire une garde alternée la nuit. A vous de trouver LA meilleure solution pour votre santé et bien-être mental.
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J’ai déjà vécu un baby-clash qui a mené à une séparation. Comment faire pour éviter que le scénario se répète ? Premier réflexe : en parler avec le nouveau conjoint. "La personne qui a eu cette expérience malheureuse doit vraiment l’expliquer à l’autre en disant "voilà ce qui s’est passé", pour que cela soit vraiment dit. Le but étant d’éviter de répéter les mêmes erreurs, si des erreurs ont été faites. Ne pas hésiter non plus à aller voir un tiers pour faire le point en exprimant ce qui s’est passé dans votre couple et la peur éventuelle (ou pas) que cela se reproduise. Et quelles sont les choses qui peuvent être mises en place", conseille Anna Roy.

NON aux régimes, OUI à WW !

Le baby clash selon Catherine Pierrat, psychologue

L’arrivée d’un enfant dans un couple est un véritable "tsunami", et même s’il y a plusieurs mois pour s’y préparer, la réalité est souvent bien loin de la projection idéalisée qu’on s’en était faite. Comme dans tout "groupe", l’arrivée ou le départ d’un membre déstabilise l’équilibre, les habitudes prises etc. à fortiori un bébé qui demande une attention de chaque instant !

Conseils de psy : une bonne préparation...

Il est important de se préparer à tous les problèmes que vous allez rencontrer en tant que jeune maman, jeune papa et au sein de votre couple, ainsi qu'avec votre nouveau-né. Un des secrets est de bien communiquer et imaginer les "scénarios" avec différentes solutions. En un mot : anticipez ! Par exemple, si notre bébé ne dort pas bien la nuit "couper la nuit en deux ou assumer une nuit sur deux à tour de rôle". Ou alors sur la question des visites de retour à la maison : "c’est ok pour que tes parents viennent mais ils ne logeront pas à la maison et ne resteront que quelques jours". Pour la logistique : "nous allons faire livrer les courses et voir avec la pharmacie pour également nous faire livrer".

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Se faire aider au quotidien et pour sa santé mentale

Et si, malgré cette anticipation, des tensions importantes surviennent dans le couple, il ne faut pas hésiter à se faire aider et selon le type de problématique, faire appel à une aide ménagère par exemple quelques heures par semaine, à une baby-sitter pour avoir une soirée en tête à tête de temps en temps. Les conseils d’une sage-femme peuvent être également précieux en ce qui concerne l’intimité. Dans le cas de problèmes plus graves (comme des disputes récurrentes), il faut alors s’adresser à un psychologue, en couple et/ou individuellement afin de dénouer les tensions, rétablir le dialogue et trouver des solutions pour profiter au mieux de l’arrivée de ce bébé !

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Sources
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