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  • Bilan après 10 ans de greffes d'utérus : quelles leçons pour l’avenir de la médecine reproductive ?

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    4.	Bilan après 10 ans de greffes d'utérus : avancées, défis et perspectives

    Dix ans après le début des greffes d'utérus, une technique révolutionnaire de la médecine reproductive, une étude permet de dresser un premier bilan. Cette technique permet de donner naissance à des enfants en bonne santé, mais au prix de complications pour les mères et les donneuses.

    Depuis la première greffe réussie en 2012 en Suède, cette intervention a redonné espoir à de nombreuses femmes atteintes d’infertilité utérine. Aujourd’hui, plus de 70 enfants sont nés grâce à cette technique à travers le monde, offrant des perspectives prometteuses mais soulevant également des interrogations quant à la sécurité et l'efficacité à long terme.

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    Une décennie de progrès et d’enseignements

    C’est en 2012, en Suède, que le premier bébé est né grâce à une greffe d'utérus, marquant un tournant historique. Depuis ce succès conduit par l’équipe de Mats Brännström, professeur de gynécologie obstétrique à l’hôpital de Göteborg Suède), la procédure a été réalisée dans une dizaine de pays, dont la France, les États-Unis, et le Brésil.

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    A QUI S’ADRESSENT LES GREFFES D’UTÉRUS ?

    Pour des raisons congénitales ou à la suite de traitements chirurgicaux, certaines femmes n’ont pas d’utérus, ce qui les empêche d’avoir un enfant. Pour elles, la possibilité de bénéficier d’une greffe d’utérus pourrait représenter un espoir.

    • L’absence d’utérus peut être d’origine congénitale. Cette maladie dite syndrome MRKH (pour syndrome Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser) touche une femme sur 4 500. Il se caractérise par de l’absence de l'utérus et de la partie supérieure (les 2/3) du vagin. Il peut être isolé mais est le plus souvent associé à des anomalies rénales, vertébrales et, dans une moindre mesure, à des problèmes auditifs et cardiaques. Le premier signe est l’absence de règles chez des jeunes femmes ayant par ailleurs des caractères sexuels secondaires normalement développés (poitrine, etc.). L’origine génétique de ce syndrome reste en partie mystérieuse. Le traitement consiste à reconstituer un néovagin afin de permettre une vie sexuelle normale… mais ne permet pas d’avoir un enfant en dehors de l’adoption ou de la gestation pour autrui, interdite en France.
    • Enfin, l’ablation de l’utérus (hystérectomie) peut résulter d’un traitement chirurgical face à un cancer de l’endomètre, un fibrome, un prolapsus, une endométriose…

    L’étude, Dallas UtErus Transplant Study (DUETS), a été menée sur une vingtaine de cas américains et conçue pour évaluer les résultats à long terme de la transplantation d'utérus et en apprécier la sécurité.

    Selon les auteurs sur une centaine de greffes réalisées dans le cadre d’essais cliniques, près de 70 enfants vivants en sont issus. En France, trois naissances ont été rendues possibles grâce aux travaux menés à partir de donneuses vivantes par l’équipe du Pr Jean-Marc Ayoubi (hôpital Foch, Suresnes). Retrouvez le témoignage vidéo d'une des bénéficiaires Deborah Berlioz en fin d'article.

    Ces données sont encourageantes, mais elles soulignent également les défis à surmonter, notamment en matière de sélection des donneuses et des receveuses", explique le professeur.

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    Des défis techniques et éthiques persistants

    La greffe d'utérus est une intervention complexe, nécessitant un travail d'équipe entre chirurgiens, obstétriciens, et immunologues. L’opération, qui dure en moyenne 10 à 12 heures, présente des risques non négligeables tant pour la donneuse que pour la receveuse.

    Un nouvel essai clinique, publié dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), a été mené sur 20 femmes souffrant d'infertilité utérine absolue, avec la participation de 18 donneuses vivantes et 2 donneuses décédées.

    Les résultats montrent que toutes les greffes ont été couronnées de succès, permettant à 14 des femmes transplantées de donner naissance à au moins un enfant vivant.

    • Toutefois, 11 des 20 receveuses ont rencontré des complications. Les auteurs signalent que 50 % des grossesses réussies ont été marquées par des complications maternelles ou obstétricales, notamment de l’hypertension gestationnelle (14 %, soit 2 femmes), de l’insuffisance cervicale (14 %, soit 2 femmes) – caractérisée par une dilatation précoce du col en dehors du travail – ainsi que des naissances prématurées (2 cas, 14 %).
    • Parmi les 16 enfants nés vivants, aucune malformation congénitale n’a été relevée. "Les données initiales sur les enfants nés après une transplantation d'utérus indiquent également qu'aucune incidence accrue de développement physique ou mental anormal n'a été détectée" précise ainsi l’étude.
    • Du côté des donneuses, 4 des 18 donneuses vivantes ont également subi des complications de grade 3, liées à la laparotomie pour deux d’entre elles (déhiscence de la voûte vaginale et impaction fécale) et à la procédure assistée par robotique pour les deux autres (obstruction urétérale et lésions thermiques bilatérales des uretères). Cependant, aucune séquelle clinique n’a été observée chez ces donneuses après un suivi de 4 ans.
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    NON aux régimes, OUI à WW !

    L'avenir de la greffe d'utérus : espoirs et incertitudes

    Alors que de nouvelles recherches se poursuivent pour améliorer les techniques et réduire les risques, la greffe d'utérus reste un domaine en pleine évolution. Elle doit être envisagée avec précaution et encadrée par une équipe médicale expérimentée pour maximiser les chances de succès tout en minimisant les risques pour la mère et la donneuse.

    Les chercheurs explorent notamment la possibilité d’utiliser des utérus artificiels ou des techniques de bio-impression pour pallier le manque de donneuses. En parallèle, la question de l’accessibilité à cette procédure, souvent réservée à des essais cliniques ou à des programmes très spécifiques, pose la question de l’équité en matière de santé reproductive.


    Sources
    • Testa G, McKenna GJ, Wall A, et al. Uterus Transplant in Women With Absolute Uterine-Factor Infertility. JAMA. Published online August 15, 2024. doi:10.1001/jama.2024.11679
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