"Bébé lotus", cette pratique vantée par de nombreuses doulas jugée dangereuse par L’Ordre des sages-femmes
Connaissez-vous les "bébés lotus" ? Cette pratique encouragée par les doulas - un métier non reconnu en périnatalité - consiste à laisser le cordon et le placenta accrochés au bébé jusqu'à ce qu'il tombe naturellement. Une pratique dénoncée par l’Ordre des sages-femmes.
"Bébés lotus" : si le nom est joli, la pratique, elle en revanche, l’est beaucoup moins. Un "bébé lotus" est un enfant dont on ne coupera pas, à la naissance, le cordon ombilical et le placenta. L’organe étant conservé jusqu’à ce qu’il se détache naturellement du nourrisson. Cette pratique engendrerait des risques infectieux, ainsi l'Odre des sages-femmes met en garde les futures parents.
Une pratique controversée, réalisée par les doulas
Cette pratique est de plus en plus mise en avant sur les réseaux sociaux par les doulas, ces femmes qui se revendiquent spécialistes de la grossesse et de l’accouchement, mais qui ne disposent d’aucun diplôme médical (et parfois même d'aucune formation). Sur Instagram, on peut voir des photos d’enfants endormis, avec des fleurs et un placenta emballé dans un joli drap et posé dans un panier, à proximité. On peut facilement remarquer le cordon ombilical, toujours relié à l’enfant. Selon les doulas, il devrait tomber tout seul, entre trois et dix jours après la naissance. Un moyen pour les nouveaux-nés de se "prémunir des infections" et de "renforcer le lien mère-enfant".
Les "bébés lotus", dénoncés par les sages-femmes
Anne-Marie Curat, trésorière et ancienne présidente de l’Ordre national des sages-femmes, citée par 20 minutes, qualifie la pratique "d’ésotérique voire dangereuse". Pour elle, "garder le placenta et attendre qu’il sente mauvais et qu’il tombe, c’est trop. Puis, il y a des risques d’infection".
En plus d’être dangereuse, la pratique est aussi sans intérêt. "De dire que le bébé continuera à être alimenté par le placenta, c’est impossible. A partir du moment où le cordon ne bat plus, soit cinq minutes après la naissance, il n’y a plus de circulation à l’intérieur. Les vaisseaux sont collabés et il y a dessiccation. Il tombera naturellement, c’est la physiologie" ajoute la spécialiste.
Le placenta, un organe protégé par la loi
"Le placenta ne peut être collecté qu’à des fins thérapeutiques ou scientifiques si la femme accouchée ne s’y est pas opposée" rappelle la loi de bioéthique de 1994, qui a été révisée en 2011.
Pourtant, des doulas continuent encore de proposer cette pratique du lotus, mais également un encapsulage, c’est-à-dire de cuire le placenta à la vapeur pour le transformer en gélules ou encore pour l'enterrer sous un arbre (renforcer le lien avec les ancêtres de l'enfant)... Des dérives qui inquiètent l’Ordre des sages-femmes, qui insiste sur le fait qu’il existe "des professionnels de santé compétents et qualifiés [...] pour accompagner les mères et les couples sur le plan médical et émotionnel : les sages-femmes".