Emmanuel Macron annonce la création d'un "congé de naissance", "mieux rémunéré" et "plus court"
Pour lutter contre la baisse de la natalité en France, le chef de l’Etat a annoncé la création d'un "congé de naissance", "mieux rémunéré" et "plus court" et le lancement d'un plan national de lutte contre l'infertilité.
Hier soir, Emmanuel Macron a annoncé la création d'un "congé de naissance" pour remplacer le congé parental actuel. En quoi consiste-t-il ? Quelle est sa durée ? Réponses.
"Débloquer les freins économiques et sociaux au désir d'enfant"
Alors qu’en 2023, les naissances ont atteint un niveau historiquement bas (l’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit à 1,68 enfant par femme contre 1,79 un an plus tôt), Emmanuel Macron a souhaité présenter des mesures pourlutter contre cette naisse de la natalité. La plus emblématique est celle d'offrir aux parents un congé de naissance "mieux rémunéré" avec 429 euros par mois.
Ce congé de naissance sera également "plus court que le congé parental actuel, qui peut aller jusqu'à trois ans et qui éloigne beaucoup de femmes du marché du travail", a précisé ce mardi Emmanuel Macron, à l’occasion d’une conférence de presse.
Il permettra "aux deux parents d'être auprès de leur enfant pendant six mois s'ils le souhaitent", a-t-il détaillé, estimant que le congé actuel "crée beaucoup d'angoisse parce qu'il est extrêmement peu et mal rémunéré", et crée ainsi "des situations impossibles". Selon l'Elysée, l’objectif est de "débloquer les freins économiques et sociaux au désir d'enfant".
Des "bloquages", confirmés par Sylvie Le Minez, cheffe de l’unité des études et enquêtes démographiques à l’Insee : "L’augmentation générale des prix, qui pèse sur les ménages, peut altérer l’envie d’avoir des enfants".
Autre frein évident : les difficultés qu’ont les femmes à concilier leur vie familiale avec leur vie professionnelle. "Parce que la charge des enfants repose toujours principalement sur elles", conclut-elle.
Congé de naissance : quand peut-on le prendre ?
En novembre dernier, la ministre des Solidarités Aurore Bergé avait indiqué que les deux parents pourraient prendre ce congé de naissance "en même temps ou l'un après l'autre, à temps plein ou à temps partiel".
Elle avait également assuré que ce congé "pourrait coexister avec l'ancien congé parental". Il faudra néanmoins passé du projet au projet de loi, pour connaître les contours définitifs de cette proposition.
Quid de l'entrée en vigueur ?
Emmanuel Macron n'a donné aucune indication de calendrier. Mais Aurore Bergé en novembre dernier avait évoqué l'instauration de ce congé "dès 2025".
Les conditions professionnelles pour en bénéficier, notamment en terme d'ancienneté et de statut, ne sont pour l'heure pas encore connues.
Pour Déborah David, avocate associée en droit social chez De Gaulle Fleurance, ce congé de naissance est aussi une mesure "intéressante pour les entreprises".
Dans le marché du travail actuel "trois ans, c’est une éternité" et devoir remettre le salarié à son poste d'origine peut s'avérer compliqué. Un congé plus court permettrait d’avoir un salarié qui n’est pas "éloigné trop longtemps".
Qu'en pensent associations et experts ?
"L'amélioration de l'indemnisation du congé parental est une bonne chose mais il faudra l'améliorer de manière vraiment conséquente pour répondre aux souhaits des parents", déclare à l'AFP la directrice générale de l'Union nationale des associations familiales (Unaf) Guillemette Leneveu.
"Il faut que les parents perdent le moins en s'occupant de leurs enfants", ajoute-t-elle. "Il faut absolument se rapprocher au maximum du modèle nordique qui est autour de 75% sinon ce sera une réformette qui ne changera rien".
Dans un rapport sur "les 1.000 premiers jours de l'enfant" remis au gouvernement en 2020, une commission d'experts préconisait pour sa part la mise en place d'un congé parental de 9 mois (36 semaines) partageable entre les deux parents.
Les experts insistaient sur l'importance d'un niveau d’indemnisation "suffisamment attractif", qui correspondrait "à un montant minimum de 75% du revenu perçu quel que soit le statut".
NON aux régimes, OUI à WW !
Un grand plan de lutte contre l'infertilité, avec quelles mesures ?
Le Président a également évoqué un grand plan national de lutte contre l'infertilité. Suite à la loi de bioéthique de 2021, le ministre de la Santé et le secrétaire d'Etat chargé de la famille avaient missionné deux spécialistes pour un rapport sur les causes d'infertilité et proposer des mesures. Un plan était déjà prévu à l'époque...
Aujourd'hui en France, un couple sur quatre est frappé par l'infertilité (comme défini par l'Organisation mondiale de la santé, soit pas de grossesse après 12 mois d'essai). Depuis plusieurs décennies, l'infertilité masculine et. féminine n'a cessé d'augmenter dans les pays développés.
Le nombre de naissances a reculé de 6,6 % en France en 2023, passant sous la barre symbolique des 700.000 pour la première fois depuis 1946.