Les femmes exposées à la pollution de l'air donnent naissance à des bébés de petite taille, révèle une étude
Les femmes exposées à la pollution de l'air donnent naissance à des bébés plus petits, selon une vaste enquête conduite dans 5 pays européens. Mais la même étude montre que le fait de vivre dans une "zone verte" permettrait de contrecarrer ces effets de la pollution.
Les chercheurs affirment qu'il est nécessaire de réduire la pollution de l'air et de rendre les villes plus vertes pour aider à protéger les bébés et leurs poumons en développement contre des dommages potentiels.
Pollution, degré de verdure… plus de 4000 grossesses passées au crible
Présentée lors du congrès international de la Société européenne de respiration à Milan, l’étude1 est sur les données du Respiratory Health in Northern Europe (RHINE), une cohorte qui a suivi plus de 4000 enfants et leurs mères dans cinq pays européens (Danemark, Norvège, Suède, Islande et Estonie).
Les chercheurs ont mesuré la verdure des zones où vivaient les femmes pendant leur grossesse en mesurant la densité de la végétation sur des images satellite. Cette végétation comprend des forêts et des terres agricoles ainsi que des parcs en zone urbaine.
Les chercheurs ont également utilisé des données sur cinq polluants : le dioxyde d'azote (NO2), l'ozone, le noir de carbone (un indicateur du taux de pollution dans les zones urbaines et les axes routiers) et deux types de particules fines (PM2,5 et PM10). Les niveaux moyens de pollution atmosphérique recensés restaient dans les normes de l’Union européenne.
Les chercheurs ont comparé ces informations avec le poids à la naissance des bébés, en tenant compte de facteurs connus pour affecter le poids à la naissance, tels que l'âge de la mère, le fait qu'elle ait fumé ou qu'elle ait d'autres problèmes de santé.
La pollution réduit le poids de naissance des bébés, la verdure réduit cet effet néfaste
Résultat : des niveaux plus élevés de pollution atmosphérique sont associés à des poids de naissance plus faibles, les PM 2,5 , PM 10 , NO 2 et BC étant associés à des réductions moyennes du poids à la naissance de 56 g, 46 g, 48 g et 48 g, respectivement.
Lorsque les chercheurs ont pris en compte la verdure, l’effet de la pollution de l’air sur le poids à la naissance a été réduit. Les femmes qui vivaient dans des zones plus vertes avaient des bébés avec un poids à la naissance légèrement plus élevé (27 g de plus en moyenne) que les mères vivant dans des zones moins vertes.
Selon l’auteur de la recherche, "Le moment où les bébés grandissent dans l’utérus est critique pour le développement des poumons. Nous savons que les bébés de faible poids à la naissance sont sensibles aux infections pulmonaires, ce qui peut entraîner plus tard des problèmes comme l'asthme et la BPCO".
Il est temps d’initier une véritable politique de santé publique
Ces résultats confirment de nombreuses études précédentes2-8 qui ont relié les dommages de la pollution de l’air sur la santé du bébé à naître. Les femmes enceintes voudront bien évidemment protéger leur bébé contre tout danger potentiel, mais il peut être difficile concrètement de réduire son exposition à la pollution atmosphérique ou de rendre ses quartiers plus verts.
A ce titre, Le président du Conseil de défense de la Société européenne de respiration, le professeur Arzu Yorgancioğluappelle à une action politique : "En tant que médecins et chercheurs soucieux de la santé des enfants, nous devons faire pression sur les gouvernements et les décideurs politiques pour qu'ils réduisent les niveaux de pollution de l'air que nous respirons. Cette étude suggère également que nous pourrions contribuer à atténuer certains effets de la pollution en rendant nos quartiers plus verts".