Vers un congé paternité plus long ?
L’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) vient de publier un rapport proposant d’allonger le congé paternité à 3 ou 4 semaines (au lieu de 11 jours actuellement). L’objectif étant de "sécuriser la prise en charge de la mère et du nouveau-né dans les premiers jours du retour au domicile", favoriser une meilleure répartition des taches dans le couple et soutenir "l’égalité professionnelle".
Depuis 2002, les jeunes pères ont droit à un congé paternité de 11 jours calendaires consécutifs. Il peut succéder au congé de naissance de 3 jours, ou être pris séparément, sous réserve de débuter dans les 4 mois suivant la naissance de l’enfant.
Lutter contre les inégalités homme- femme
Dans un rapport remis au premier ministre le 11 septembre dernier, l’IGAS part d’un constat : seulement 7 pères sur 10 prennent la totalité de leur congé paternité avec de fortes inégalités selon les catégories socio-professionnelles. En effet, si 80 % des cadres y ont recours, seuls 22% des travailleurs indépendants profitent de leur congé paternité. Pourtant, "l’inégal partage du temps parental et des tâches domestiques constitue le noyau dur de l’inégalité professionnelle" souligne le rapport, en stipulant que "la mobilisation des hommes constitue un élément majeur du changement" déjà initié dans les mentalités mais encore difficile à mettre en œuvre au quotidien.
En effet, bien qu'aujourd’hui, les pères aspirent à un meilleur équilibre "entre responsabilités familiales et professionnelles" l’IGAS pointe le fait que le partage du temps parental est encore (très) inégal : "Les pères en couple consacrent 1h20 par jour aux activités parentales quand ils ont un enfant de moins de trois ans contre trois heures pour les mères". Au niveau professionnel, les inégalités homme-femme sont criantes : à la naissance d’un enfant, "6% des hommes vivent un changement dans leur situation professionnelle pour près de 40% des femmes", les injonctions liées à la carrière étant "plus fortes pour les hommes".
Allonger la durée du congé paternité à 4 semaines
Pour favoriser "la construction du lien entre le père et l’enfant » et « amorcer un rééquilibrage du partage des tâches familiales entre les femmes et les hommes", l’IGAS propose de porter la durée des congés de paternité et de naissance à 4 semaines en tout . Pour aller plus loin, le document envisage de rendre une partie de ce congé obligatoire afin de "faciliter la prise de congé pour les pères qui s’abstiennent", mais aussi dans le but d’assurer une présence du père dans le foyer durant la période post-natale. L’IGAS propose également la mise en place "d’ un droit individuel à une ‘Période d’Accomplissement d’une Paternité Active’ (« période P. A. P. A »)", dont le contenu précis et les conditions de mise en œuvre seront renvoyés à la négociation collective d’entreprise.
Bien que la secrétaire d’Etat à l’égalité homme-femme Marlène Schiappa se soit, à plusieurs reprises, déclarée favorable à l’amélioration du congé paternité (en terme d’allongement ou d’indemnisation), le gouvernement a précisé, suite à ce rapport, que "rien n’était encore arbitré".
Il serait pourtant temps pour la France de s’aligner sur nombre de ses voisins européens. Rappelons qu’en Espagne, depuis le mois de juin dernier, les pères et mères ont tous deux le droit au même nombre de congés : 112 jours. Tandis que les Suédois bénéficient d’un congé parental de 480 jours à répartir entre les deux parents….