De plus en plus de mal à tomber enceinte ?
Les femmes ont des enfants de plus en plus tard, la fertilité masculine se détériore... Cela a-t-il des conséquences sur le nombre d'enfants par femme ? Pas pour l'instant, selon une étude de l'Inserm qui précise néanmoins que cela devrait accroître fortement la demande de procréation médicalement assistée.
Henri Leridon et Remy Slama, de l'Inserm ont cherché à évaluer précisément l'impact de la baisse de la qualité du sperme et des envies plus tardives d'enfant sur la natalité française. Les résultats de cette étude montrent, contre toute attente, un impact limité sur le nombre final d'enfants par femme. Selon les résultats de leur modélisation, ce nombre passerait en moyenne de 2,00 à 1,92 si la fécondabilité diminuait de 15 %. Et il passerait à 1,77 si toutes les femmes reportaient leur première grossesse de 69 mois, soit près de six ans. L'âge moyen à la maternité (tous rangs confondus) serait alors de 33 ans. Cependant ces résultats mettent en avant des difficultés plus importantes pour procréer. La baisse de 15 % de la fécondabilité entraînerait un bond de 73 % d'éligibilité à la procréation médicalement assistée compte tenu de l'échec des couples à procréer pendant plusieurs années. Cette tendance serait encore plus marquée par le report des grossesses. Le délai supplémentaire de 69 mois entraînerait une hausse de près de 80 % d'éligibilité à la procréation médicalement assistée. Plus d'un couple sur cinq serait alors concerné contre un peu plus d'un sur 10 (11,6 %) pour la population initiale. “L'intérêt de cette simulation est de montrer que la fécondité de la population française n'est pas menacée à court terme par la baisse de la fécondabilité et l'âge plus avancé des mères. Cependant ces modèles montrent que les difficultés individuelles à concevoir pourraient aller en augmentant. Et elles entraîneraient un surcoût important pour la société compte tenu du recours accru à la procréation médicalement assistée. Or, ces techniques sont assez peu efficaces chez les demandeurs d'âge avancé. Les couples qui retardent toujours le moment d'avoir un enfant doivent en être avertis“ souligne Henri Leridon.
Source : Communiqué de l'Inserm -avril 2008
Human Reproduction - Avril 2008