La santé des grands prématurés en question
Plus de 10 000 très grands prématurés naissent chaque année en France. Une grande étude de l'Inserm révèle pour la première fois les risques et les problèmes que peuvent poser ces naissances très précoces.
Etre un grand prématuré, cela signifie naître avant le 7e mois de grossesse (avant 33 semaines). Il y en a de plus en plus en France, certainement à cause de l'augmentation des grossesses multiples mais aussi de l'amélioration des techniques médicales : aujourd'hui les grands prématurés sont pris en charge dès 22 semaines. L'étude Epipage menée par l'Inserm suit près de 2400 enfants de 9 régions de France, depuis 1996. Ils sont comparés à un groupe de 666 enfants nés à terme. Les scientifiques ont aujourd'hui étudié les données jusqu'à l'âge de 5 ans. Et les résultats montrent que les naissances très précoces ne sont pas sans conséquences sur les tout-petits. Premier constat : les grands prématurés sont plus souvent sous prise en charge médicale ou paramédicale à 5 ans. Un tiers sont ainsi suivis, contre 16 % des enfants nés à terme. Ce chiffre monte à 42 % pour les plus grands prématurés, ceux nés entre 24 et 28 semaines. En ce qui concerne les déficiences motrices, sensorielles et cognitives, 40 % des grands prématurés en souffrent. Mais il faut toutefois nuancer ce constat : dans le détail, 25 % ont des problèmes légers, 9 % des troubles modérés, et seuls 5 % ont des déficiences sévères. Enfin, en ce qui concerne le développement cérébral, 32 % ont obtenu un score de capacités cognitives (équivalent au Q.I.) inférieur à 85 (contre 12 % des enfants nés à terme) et 12% un score inférieur à 70 (contre 3 % des enfants nés à terme). Pour les scientifiques, cela risque de les exposer à des problèmes d'apprentissage et de scolarisation. Ces premiers résultats posent ainsi la question des limites dans la prise en charge des grands prématurés. Mais surtout elle montre l'importance du suivi et du soutien de ces enfants au long de leurs premières années de vie.
Source : Communiqué de L'Inserm et Lancet mars 2008 ; vol. 371 : p. 813-820