L'Assemblée favorable à un pictogramme "déconseillé aux femmes enceintes" sur les produits contenant des perturbateurs endocriniens
L'Assemblée nationale s'est prononcée mardi pour que les fabricants apposent un pictogramme "déconseillé aux femmes enceintes" si leurs produits contiennent des perturbateurs endocriniens présentant des risques pour le développement du bébé.
Pesticides organochlorés, phtalates, bisphénol A, chlordécone, dioxine… Les perturbateurs endocriniens sont présents pratiquement partout : dans l'air, dans l'eau, dans les aliments et même dans des produits d'usage courant comme certains cosmétiques, détergents et des médicaments. Bien que les effets précis et les conséquences de ces perturbateurs endocriniens soient encore mal connus, ils seraient susceptibles d'être responsables de certains cancers, de malformation des organes génitaux chez les petits garçons, mais également des troubles de la gestation ou de l'implantation, d'une augmentation d' accouchements prématurés, de morts intra-utérines et de bébés de petit poids à la naissance....
Approuvé en première lecture lors de l'examen du projet de loi anti-gaspillage, l'amendement LR proposant l'obligation d'un pictogramme "déconseillé aux femmes enceintes" pour les fabricants de produits contenant des perturbateurs endocriniens n'était pas soutenu par le gouvernement et son sort dépendra de la navette parlementaire.
Portée par Michel Vialay (LR), la mesure concerne les perturbateurs endocriniens pour lesquels l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) émettrait une recommandation "spécifique" concernant les femmes enceintes.
"Un pictogramme, ça ne coûte rien et c'est très visuel pour les personnes qui font les courses de manière très rapide", a souligné la LR Valérie Beauvais.
Plus tôt, l'Assemblée avait voté à l'unanimité, et avec l'aval du gouvernement cette fois, un amendement LREM en faveur d'une plus grande "transparence" sur les perturbateurs endocriniens. Il demande aux fabricants de mettre en ligne et en "open data" (des données en accès public et exploitables sur internet) des informations sur la présence de ces substances dans leurs produits.
La secrétaire d'Etat Brune Poirson a jugé cet amendement LREM moins "réducteur" que celui sur les femmes enceintes, et a demandé d'attendre le travail réalisé au niveau européen en matière de pictogrammes.
"Il faut d'abord qu'on avance sur un pictogramme européen pour éviter qu'il y ait une superposition et que finalement le consommateur n'y comprenne plus rien", a-t-elle souligné.
Faire de l'open data un "contre-argument", "c'est de la parole de gosse de riches", lui a lancé le communiste Hubert Wulfranc: "Moi il m'a fallu cinq ans pour comprendre ce qu'est une data. On vous demande un pictogramme... Vous dites oui ou non".
"Vous pensez sérieusement qu'une femme enceinte a le temps d'aller regarder en open data. On a besoin que ce soit clair", a abondé Michel Vialay (LR), alors que la rapporteure Véronique Riotton (LREM), défavorable au pictogramme, défendait un "pas important" avec l'open data.
Dans un rapport parlementaire récent, Laurianne Rossi (LREM), Claire Pitollat (LREM) et Michel Vialay (LR) recommandent de renforcer la règlementation européenne, de mieux informer le public et d'accentuer les recherches sur ces substances.
Encore mal connus, ces composés chimiques, d'origine naturelle ou artificielle, sont présents dans de nombreux produits de consommation courante - jouets, tickets de caisse, plastiques, peintures, vêtements, produits phytosanitaires... - et sont capables d'interférer sur le système hormonal.