Pollution de l’air intérieur : un risque reprotoxique pour 95% des enfants et 5% des fœtus
Des chercheurs français ont évalué la toxicité d’une trentaine de composés organiques "semi-volatils" présents dans nos intérieurs. Leurs résultats, publiés dans la revue Environment International, montrent que ces substances exposent 95% des enfants et 5% des fœtus à un risque reprotoxique et peuvent nuire à leur système reproductif.
Plastifiants, retardateurs de flamme, pesticides… Ces substances chimiques sont présentes dans nos maisons en petites quantités dans l’air et dans la poussière déposée sur les surfaces. Ce sont des composés "semi-volatils" connus pour être neurotoxiques, reprotoxiques ou cancérigènes. Des chercheurs de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) ont voulu mesurer les risques pour la population en France, composé par composé mais aussi de façon plus globale en cumulant les risques.
Des substances inhalées ou ingérées de façon involontaire
L’étude a porté sur 32 composés présents dans les logements en France et identifiés préalablement par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI). Les chercheurs ont ensuite évalué les risques cumulés de tous ces composés en comparant les expositions dans le logement (inhalation, contact avec l’air, ingestion involontaire de poussières) à la valeur toxicologique de référence. Cette évaluation cumulée des risques a été réalisée pour l’enfant, l’adulte et le fœtus (via la femme enceinte). Leurs travaux montrent que le risque reprotoxique lié à l’exposition de toutes ces substances concerne 95% des enfants et 5% des fœtus. Un risque neurotoxique a été identifiée pour 95% des enfants.
Des composés qui persistent dans l’air
Même si ces composés semi-volatils ont été interdits ou ont fait l’objet de mesures de restrictions dans l’Union européenne, ils peuvent rester dans l’air longtemps (composés bromés ou chlorés). Les chercheurs rappellent aussi que les matériaux en contenant sont toujours en place dans les logements (phtalates dans les matériaux plastiques). "La population y est donc encore exposée", alerte l’étude.
"Cette approche cumulée suggère que lorsque l’on considère l’addition des composés, les risques concernent une bonne part de la population d’enfant", expliquent Nathalie Bonvallot et Philippe Glorennec, co-auteurs de l’étude. Ces derniers appellent à la mise en œuvre de mesures de prévention complémentaires aux mesures réglementaires habituelles.
Comment prévenir les risques liés à la pollution de l’air intérieur ?
Voici quelques conseils pour mieux respirer chez soi et réduire l’exposition aux substances dangereuses :
- Aérez votre intérieur tous les jours pendant au moins 10 minutes, été comme hiver. Surtout si vous venez d’utiliser des produits d’entretien chimiques. Les pièces dans lesquelles peut s’accumuler l’humidité (salle de bain, cuisine) doivent être aérées davantage;
- Privilégiez les substances naturelles pour le ménage (bicarbonate de soude, savon noir, vinaigre blanc) ;
- Placez un couvercle sur les casseroles quand vous cuisinez et n’hésitez pas à allumer la hotte aspirante ;
- Dépoussiérez régulièrement les grilles d’aération.
Retrouvez plus de conseils dans notre diaporama "Pollution de l’air : 12 conseils pour mieux respirer chez soi"