Première naissance de jumeaux après congélation d'ovocytes en France
Début novembre, le service de gynécologie obstétrique de l'hôpital Béclère à Clamart annonce la naissance de jumeaux nés après congélation d'ovocytes. Connue depuis plus de 20 ans, cette technique n'est pas autorisée en France, contrairement à de nombreux pays. La naissance de Jérémie et Keren intervient au moment de la révision des lois de bioéthique.
“Les premiers enfants nés en France après congélation d'ovocytes viennent de voir le jour dans le service de gynécologie obstétrique - médecine de la reproduction de l'hôpital Antoine Béclère (AP-HP)“ a annoncé le Pr. René Frydman le 4 novembre 2010. Pour ne pas tomber sous le coup d'une interdiction, le Pr. Frydman a flirté avec l'illégalité en utilisant une technique de congélation lente, à défaut de la vitrification ovocytaire. La vitrification ovocytaire (consistant à congeler de manière ultrarapide et sans cristaux de glace les ovocytes) est illégale en France. “La congélation lente des ovules, à mon sens en tous les cas, est tout à fait autorisée et ça a permis la naissance de ces enfants et d'autres grossesses suivent“, a ainsi déclaré le Pr. Frydman le 4 novembre sur i>Télé.
Le spécialiste milite depuis plusieurs années pour l'autorisation de cette technique, déjà disponible au Japon, au Canada, en Allemagne, en Espagne, en Italie et en Belgique. Un millier d'enfants seraient ainsi nés grâce à ce procédé. Mais le Conseil d'État estime que cette technique, découverte en 2005 par une équipe japonaise, viole l'article 2151-5 du Code de la santé publique, qui proscrit la conception d'embryons humains à des fins de recherche. Une erreur selon le médecin qui estime que non seulement, cette technique permet de préserver la fertilité des femmes recevant un traitement anticancéreux (chimiothérapie) qui peut les rendre stérile, mais elle constitue également une alternative aux congélations d'embryons (sujettes à de nombreux débats éthiques). De la même manière, le Pr. Fridman préconise la création de banques publiques d'ovocytes congelés surnuméraires et anonymes. Ces questions seront très certainement au coeur de la révision des lois de bioéthique.
Cette naissance gémellaire confirme enfin le dynamisme de l'hôpital Béclère en matière d'assistance médicale à la procréation après la naissance du premier bébé éprouvette français Amandine en 1982, celles de Guillaume et Sarah (après congélation embryonnaire) en 1986, de Valentin (après diagnostic pré-implantatoire) en 2000 et d'Iris en 2003 (après maturation in vitro).
David Bême
Sources :
I>Télé - 4 novembre 2010
Le Parisien - 4 novembre 2010
Photo : DURAND FLORENCE/SIPA