MST et grossesse : comment protéger votre bébé ?
Une maladie sexuellement transmissible, contractée avant ou pendant votre grossesse, peut donner lieu à de graves conséquences pour votre enfant. Doctissimo fait le point, pour chaque infection.
Si vous attendez un bébé, soyez attentive aux dangers que représente une MST pour votre enfant. Avec un dépistage et un traitement adapté, les séquelles sont désormais "très rares en France", explique le docteur Michel Janier, dermatologue-vénérologue.
Syphilis
Lors de votre premier examen prénatal (avant trois mois de grossesse), une prise de sang vous est prescrite pour vérifier que vous n'êtes pas atteinte de syphilis. Résultats positifs ? Le médecin vous administrera de la pénicilline. Sans traitement, la maladie peut causer une fausse couche ou la venue au monde d'un enfant mort-né. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 900 000 femmes enceintes ont été infectées par la syphilis en 2012 dans le monde, ce qui a provoqué des complications dans 350 000 cas.
Gonococcie
Maladie plus familièrement appelée "chaude pisse", elle se transmet de la mère à l'enfant. Ce dernier peut être infecté aux yeux au moment de l'accouchement, "avec le risque d'une cécité, reprend Michel Janier. Mais l'habitude est désormais prise de systématiquement mettre des gouttes dans les yeux de tous les bébés à la naissance".
Autres risques, mais bien moins fréquents : fausse-couche, rupture prématurée des membranes ou retard de croissance intra-utérin.
Chlamydiose
Cette infection répandue est la première cause de stérilité dans les pays industrialisés. La chlamydiose passe souvent inaperçue… mais touche les nouveau-nés, par une conjonctivite (5 à 14 jours après la naissance) ou d'exceptionnelles infections pulmonaires (3 à 4 semaines après la naissance). Ils doivent être traités par antibiotique.
Les autres risques, en amont, sont les mêmes que pour la gonococcie : fausse-couche, rupture prématurée des membranes ou retard de croissance intra-utérin.
Trichomonas
Peu grave, cette maladie due à un parasite peut toutefois causer un accouchement prématuré. Lors du suivi prénatal, pensez à évoquer tout symptôme (comme des pertes anormales). Le médecin vous prescrira un prélèvement, avant un antiparasitaire.
Condylomes externes
Le traitement de ces verrues génitales, dues au papillomavirus, demeure "difficile chez la femme enceinte" précise Michel Janier. On ne peut que les détruire par azote liquide.
Un accouchement par voie basse reste possible. Une césarienne n'est indiquée qu'en cas d'obstruction ou de risque d'hémorragie.
Le principal danger : l'inhalation par votre bébé du virus, il pourrait alors développer une papillomatose respiratoire récidivante (entre l'âge de 1 et 4 ans), avec gêne respiratoire, voix rauque, toux chronique...
Vaginose bactérienne
Si vos pertes vaginales augmentent, et qu'elles deviennent malodorantes, un contrôle s'avère nécessaire. Peu grave, cette modification de la flore bactérienne mène éventuellement à un accouchement prématuré et, pour bébé, à un retard de croissance intra-utérin. Mieux vaut donc traiter les vaginoses par antibiotique sans attendre.
Herpès génital
Le docteur Janier prévient : "Les conséquences peuvent être graves, lorsqu'une femme contracte un herpès génital en fin de grossesse. L'enfant risque une infection généralisée, une encéphalite. Heureusement, cela reste très exceptionnel, environ 10 cas par an".
Mais des protocoles standardisés (avec médicaments antiviraux) existent et tendent à éviter tout problème, si vous découvrez cette infection avant de tomber enceinte ou en début de grossesse.
En revanche, lorsque des lésions persistent au moment de l'accouchement, l'équipe médicale procède systématiquement à une césarienne.
Hépatite B
Un dépistage obligatoire, par prise de sang, a lieu durant le 6e mois de grossesse. La Haute autorité de santé recommande même de l’avancer à la première consultation prénatale.
Atteinte d'hépatite B (que l'infection date d'avant votre grossesse ou non), vous serez suivie par un hépatologue. Cette maladie peut se transmettre à votre enfant lors de l'accouchement. Il risque une hépatite chronique avec cirrhose, pouvant conduire au décès. Bébé doit donc recevoir une injection d'immunoglobuline dans les 24 premières heures, puis une vaccination dans les sept jours.
VIH
Si vous vous savez infectée par le VIH et souhaitez devenir mère, adressez-vous tout d'abord à votre médecin. Il vous conseillera sur la meilleure manière de procéder selon votre situation et celle de votre partenaire (rapports sans préservatifs, auto-insémination ou procréation médicalement assistée).
Si vous découvrez votre séropositivité déjà enceinte, lors du test proposé au premier trimestre, il vous faut alors commencer un traitement au plus vite.
Dans tous les cas, durant toute votre grossesse (sous surveillance renforcée), vous devrez prendre un antirétroviral adapté.
Le taux actuel de transmission du VIH de la mère à l’enfant est de 0,5 %. "Les cas sont rarissimes en France et concernent surtout les femmes non dépistées, non traitées", souligne devant ce chiffre Michel Janier. Avec un suivi, il est possible de "mener une grossesse sans problème".