Les nouvelles maladies infectieuses : quelles réalités, quels risques, quelles réponses ? Deuxième table ronde *
Les rencontres Santé Société de la Fondation Roche ont permis de réunir de nombreux experts du monde médical et de la société civile autour d'un thème d'actualité : les nouveaux risques infectieux. L'occasion de passer en revue les réponses face à ces risques grandissants et omniprésents dans notre société.
Les systèmes de contrôle vétérinaires
75 % des maladies émergentes sont d'origine animale et transmissibles à l'homme. Les voyages et les nombreux changements climatiques sont des facteurs qui peuvent accélérer les processus d'apparition de ces maladies. Pour le Dr Jean-Louis Angot, Directeur général adjoint de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), il est moins coûteux d'investir dans le système de contrôle vétérinaire français en temps de "paix" sanitaire qu'en temps de crise.
Il soulève également la problématique de la communication de toutes les informations sanitaires dans le monde. En bref, anticipation et transparence sont les maître-mots d'une crise sanitaire bien gérée, le système français est d'ailleurs un modèle du genre dans ce domaine.
Connaissance et coordination, où en sommes-nous ?
Lorsque l'on s'inquiète de l'état de la coordination aujourd'hui, le Pr. Raoult, professeur de médecine à la faculté de médecine de Marseille, nous rappelle que nous disposons surtout à ce jour de connaissances très incomplètes sur le vivant et les épidémies qui ravagent certains pays du monde. Les trois millions et demi de gastro-entérites qui sont déclarées chaque année ne s'expliquent pas vraiment et elles ne sont pas les seules.
Une façon de relativiser ces risques hypothétiques est de comprendre qu'anticiper une crise sanitaire majeure passe également par la connaissance de toutes ces situations épidémiques actuelles et bien présentes dans notre quotidien.
Des dispositifs préparés
Une analyse partagée par le Directeur général de la Santé, le Pr. Houssin, pour qui il faut se préparer à l'arrivée d'une potentielle épidémie. Les autorités sanitaires disposent d'ailleurs des moyens d'un diagnostic rapide de la grippe aviaire et de meilleurs moyens de protections. Dès lors qu'un risque est identifié il est du devoir de la direction générale de la Santé de s'y préparer au mieux et de répondre aux appels de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Si la France n'est pas totalement prête, des efforts considérables et des avancées importantes ont été faites.
Dans le même temps, la recherche avance et la compétition entre chercheurs est une véritable émulation qui permet des découvertes plus rapides. Une compétition qui ne doit pas être le seul moteur. Mais lorsque la recherche patine, il est important de mettre en place une coordination pour mutualiser les efforts.
La dimension politique du débat
Implication de l'Etat et des élus locaux, des laboratoires pharmaceutiques dans la recherche, implication du citoyen dans les démarches de prévention et de préparation… Les domaines de réflexion sont vastes et le grand Témoin de cette table ronde, Dominique Lecourt, président du Comité d'éthique de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), l'a bien saisi, ce qui compte en terme de réponse à ces épidémies, c'est de combattre la peur qu'elles engendrent, donc de diffuser la connaissance et le savoir.
* Etaient présents à cette table ronde :
Le Dr Jean-Louis Angot, Directeur général adjoint de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le Pr Didier Raoult, Professeur de médecine à la faculté de médecine de Marseille, le Pr Didier HOUSSIN, Directeur général de la Santé, le Pr Jean-François DELFRAISSY, Directeur de l'Agence nationale des recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), le Dr Jean-Pierre DOOR, Député-maire de Montargis, Rapporteur de la Mission d'information sur la grippe aviaire et auteur d'un rapport sur le risque épidémique Laurent BAZIN, animateur du débat et de Dominique LECOURT, philosophe.