Après avoir accusé le stress, l'origine bactérienne de la plupart des ulcères peptiques ne fait aujourd'hui plus de doute. Plus difficiles à identifier, certains facteurs peuvent augmenter le risque de survenue ou la récidive de cette maladie. Tabac, alcool, stress, alimentation… Panorama des erreurs à éviter et des bons conseils à suivre.
Alors qu'un Français sur dix sera victime d'un ulcère, peu de personnes connaissent les facteurs qui peuvent favoriser la survenue de cette maladie. Découvrez-les grâce à Doctissimo.
Ulcère : qu'est-ce que c'est ?
L'ulcère est une lésion de la muqueuse gastrique qui peut occasionner de vives douleurs et des complications parfois graves en cas de non-traitement. En fonction de sa localisation, on distingue deux types d'ulcère :
- L'ulcère duodénal se situe dans le duodénum, jonction entre l'estomac et l'intestin grêle. Ce type d'ulcère recouvre 90 % des cas ;
- L'ulcère gastrique se situe dans l'estomac à proprement parler. Plus rare, cet ulcère peut parfois évoluer en cancer.
Les causes de l'ulcère
On distingue deux causes essentielles de l'ulcère peptique :
- La première est la bactérie Helicobacter pylori qui est la principale responsable (plus de 90 % des cas) ;
- La seconde est l'utilisation d'anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) ou d'aspirine. Ces médicaments sont dits gastro-toxiques et atténuent les mécanismes de défense naturels de la muqueuse gastrique.
Zoom sur les facteurs aggravants
En dehors de ces causes bien identifiées, certains facteurs (principalement liés au mode de vie) peuvent augmenter votre risque de développer un ulcère ou d'en aggraver les manifestations. Voici les principaux.
Le tabagisme
L'intégrité de la muqueuse gastrique est le résultat d'un équilibre entre la prolifération et la mort de cellules la composant. La nicotine et d'autres éléments de la fumée de cigarette semblent attester d'un rôle dans l'augmentation des sucs gastriques, d'un dommage direct de la muqueuse ou de la réduction de son renouvellement et de son irrigation… 1,2. Ainsi, l'action du tabagisme rompt cet équilibre. Le tabagisme favorise significativement le développement et la permanence de l'ulcère 3.
L'alcool
La consommation excessive d'alcool a un effet néfaste sur la muqueuse gastrique 4. Mais contrairement à une idée reçue, son rôle est bien moindre que celui du tabagisme. Certaines études épidémiologiques peinent même à identifier un réel rôle aggravant dans la survenue d'un ulcère 5,6 ou son traitement 7,8. Néanmoins, les autres effets de l'alcool sur la santé sont tels que nous ne pouvons que vous recommander une consommation modérée. L'alcool est responsable (directement et indirectement) de 41 000 décès par an.
Le stress
Longtemps accusé d'être le seul responsable de l'ulcère, le stress a depuis laissé sa place à l'infection bactérienne à Helicobacter pylori 9. Aujourd'hui, le stress et l'anxiété sont généralement considérés comme des éléments pouvant contribuer au développement de la maladie. Les études épidémiologiques faites sur le sujet se heurtent à bien des biais méthodologiques, dont le principal est de déterminer si le patient est stressé parce qu'il a un ulcère ou s'il a un ulcère parce qu'il est stressé… Cependant, une récente étude américaine semble souligner que l'influence de ces facteurs psychologiques n'est pas négligeable sur la survenue de l'ulcère en atteignant le système immunitaire 10,11.
Des facteurs héréditaires
La survenue d'ulcères peptiques dans la même famille expose ses membres à un risque plus important d'en développer un à leur tour 5. Des études effectuées sur des vrais et des faux jumeaux 12 ont permis de déceler une prédisposition familiale sans toutefois l'identifier. Le mode de transmission héréditaire reste mal connu.
Selon ces études épidémiologiques, les personnes du groupe sanguin O ont un risque accru de développer la maladie en cas d'infection à Helicobacter pylori 13.
Certaines maladies associées
Certaines maladies associées peuvent contribuer à la survenue d'ulcère. Les plus fréquentes sont la maladie de Crohn et la cirrhose du foie.
Une mauvaise alimentation
Plusieurs études semblent avoir identifié quelques caractéristiques alimentaires des personnes victimes d'un ulcère. Ainsi à posteriori, les médecins recommandent d'éviter les excès d'épices, de café, de graisse animale, et de privilégier les fruits et légumes frais ainsi que les fibres. Un rythme régulier des repas semble également réduire le risque de développer un ulcère 13,14.
La qualité du sommeil
Moins documenté et plus sujet à controverse, le manque de sommeil et le travail de nuit pourrait augmenter le risque d'ulcère. Selon une étude britannique, la protéine TFF2 qui contribue naturellement à "réparer" la muqueuse gastrique, agit principalement la nuit lors de notre sommeil. La perturbation du rythme circadien (jour-nuit, activité-repos) pourrait atténuer la production de cette hormone et ainsi augmenter le risque de développer un ulcère. Néanmoins, aucun lien statistique entre cette maladie et insomnie n'a été démontré 15.
Le manque d'activité physique
Une étude danoise conduite sur 2 416 personnes attribue à une activité physique modérée un rôle protecteur vis-à-vis de l'ulcère 16. Même si cet effet protecteur nécessite confirmation, les nombreux effets bénéfiques du sport sur les maladies cardiovasculaires ou le cancer ne sont plus à démontrer.
Quels sont les liens entre ulcère gastrique et cancer ?
L'ulcère peut-il évoluer en cancer ? Seuls les ulcères gastriques peuvent évoluer en cancer gastrique. Attention cependant, toutes les personnes atteintes d'un ulcère gastrique n'évolueront pas vers un cancer. Son développement nécessite la présence de plusieurs éléments, autres que l'infection à Helicobacter pylori.
Certains facteurs alimentaires sont communs au développement des ulcères gastriques et de ce type de cancer : le sel, le manque de fruits et de légumes frais ou le tabagisme 13. Des études effectuées sur les populations chinoises de deux régions bien particulières ont pu montrer que le recours à des fruits frais pouvait avoir un effet protecteur vis-à-vis du cancer de l'estomac 17. La date de l'infection à Helicobacter pylori et donc sa durée pourrait également jouer un rôle 18. Certaines souches de la bactérie pourraient être plus agressives que d'autres, néanmoins les chercheurs peinent encore à les identifier 13. Enfin, des prédispositions génétiques ont également été identifiées 19 mais elles restent à confirmer.
Mais les choses sont plus compliquées puisque l'on estime que si l'ulcère gastrique peut évoluer en cancer gastrique, l'ulcère du duodénum (le plus fréquent - 90 % des cas) pourrait au contraire protéger contre ce même cancer 20. Mais la même bactérie qui est à l'origine de l'hypersécrétion de sucs gastriques qui peut favoriser l'ulcère du duodénum, pourrait dans certains cas d'atrophie gastrique survenant en période d'hyposécrétion, favoriser la survenue de cancer de l'estomac 21.
Nos conseils pour réduire les risques d'ulcère
En conclusion, si l'on veut résumer les moyens dont vous disposez pour éviter d'être victime d'un ulcère ou de connaître une récidive, il vous faut suivre quelques conseils d'hygiène de vie :
- Arrêt du tabac ;
- Consommation d'alcool modérée ;
- Alimentation équilibrée ;
- Bonne gestion du stress ;
- Pratique régulière d'une activité physique.
Tous les conseils que Doctissimo s'efforce de vous prodiguer chaque jour !