Infections sexuellement transmissibles : les limites de la prévention
Depuis les années SIDA, les Français auraient baissé la garde face aux infections sexuellement transmissibles. Quel rapport entretiennent-ils avec le préservatif ? Est-il réellement devenu automatique ?… L'enquête 2006 sur la sexualité des Français donne quelques réponses.
En plus de décrypter les pratiques sexuelles des Français, l'enquête "Contexte de la sexualité en France" a permis de mieux connaître leurs comportements en matière de prévention des infections sexuellement transmissibles. Préservatif, test de dépistage… découvrez les principaux résultats.
Premier rapport : le préservatif largement diffusé
En écoutant les Français de 18 à 69 ans, il apparaît que l'utilisation du préservatif lors du premier rapport sexuel a connu une augmentation spectaculaire depuis le début des campagnes de prévention dans les années Sida. Les jeunes utilisent largement le préservatif à l'entrée dans la sexualité. Ainsi, 89 % des femmes et 88 % des hommes âgés entre 18 et 24 ans ont utilisé un préservatif au premier rapport, alors que ce n'était le cas que de 9,9 % des femmes et 8,3 % des hommes de 60 à 69 ans.
Mais depuis les années 2000, la diffusion de la capote semble apparemment avoir atteint un seuil. La relance récente par le Ministère de la santé et des partenaires privés des préservatifs à 20 centimes d'euros pourrait peut-être permettre de passer ce cap. Cette initiative apparaît aujourd'hui d'autant plus importante que certains groupes semblent rester à l'écart de ce recours massif au préservatif, telles que les femmes et les hommes sans diplôme : les femmes entre 18 et 30 ans non diplômées sont 77,2 % à rapporter avoir utilisé un préservatif contre 85,8 % des diplômées du supérieur, ces chiffres s'élevant respectivement à 78,9 % et 87,9 % chez les hommes.
La capote trop souvent oubliée avec un nouveau partenaire
L'enquête montre aussi que les pratiques préventives restent insuffisantes parmi les personnes qui ont eu un ou plusieurs nouveaux partenaires dans les douze derniers mois. Cette étude permet également de tordre le cou à certaines idées reçues sur les grands séducteurs et les homosexuels : les personnes qui ont eu au moins trois partenaires se protègent davantage que celles qui n'en ont que deux. Par ailleurs, l'utilisation du préservatif est plus fréquemment rapportée par les hommes qui ont des pratiques homosexuelles que par ceux qui ont des pratiques exclusivement hétérosexuelles. Ainsi, le nombre de partenaires n'est pas à lui seul un indicateur suffisant pour rendre compte du risque d'IST.
Mais les femmes rapportent une moindre utilisation du préservatif que les hommes lorsqu'elles ont des relations avec de nouveaux partenaires. Un écart qui atteste selon les auteurs de l'étude, des difficultés pour certaines femmes de négocier l'utilisation du préservatif. A ce titre, le préservatif féminin pourrait constituer une alternative intéressante… mais compte-tenu de sa trop faible diffusion, il n'apparaît pas dans cette enquête.
Une Française sur deux a déjà fait un test de dépistage
Au total, 50,2 % des femmes (28,5 % une fois et 21,7 % plusieurs fois) et 45,2 % des hommes (25,7 % une fois et 19,5 % plusieurs fois) déclarent avoir effectué au moins un test de dépistage du virus du sida au cours de leur vie. Cette proportion a doublé depuis l'enquête de 1992.
Au cours de l'année écoulée, 11 % des Français y ont eu recours (11,2 % des femmes et 11,5 % des hommes), une proportion stable par rapport à 1992 (14 % de femmes et 13 % des hommes). Ces tests dans l'année concernent plus fréquemment les jeunes et les personnes ayant eu plusieurs partenaires dans les douze mois précédents.
Conférence et dossier de presse "Premiers résultats de l'enquête" "Contexte de la sexualité en France" - le 13 mars 2007
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