Troubles musculo-squelettiques : les maux du siècle ?
Tendinites des épaules, syndrome du canal carpien, maladies du coude… Une épidémie silencieuse frappe les articulations des Français. Les troubles musculo-squelettiques représentent le premier problème de santé au travail.
"Bombe à retardement", "nouvelle épidémie". L'explosion des troubles musculo-squelettiques, plus connus sous l'abréviation TMS, est une des questions les plus préoccupantes en santé du travail. Les conditions de travail ainsi que les gestes répétitifs peuvent en effet être à l'origine de douleurs récidivantes voire quotidiennes.
Un phénomène en explosion
Sous le terme générique de "TMS" se cachent une quinzaine de maladies reconnues comme des maladies professionnelles. Les TMS regroupent un certain nombre d'affections péri-articulaires résultants d'un déséquilibre entre les capacités physiques du corps et les sollicitations et contraintes auxquelles il est exposé et qui se traduisent généralement par des douleurs et une gêne importante, le plus souvent quotidiennes. Ils peuvent donc être provoquées ou aggravées par l’activité professionnelle.
Ce terme recouvre des affections de l'épaule, du coude, du poignet, de la main et des doigts, mais aussi du genou, de la cheville et du pied.
Leur fréquence a explosé depuis les dernières décennies dans tous les pays industrialisés - plus 60 % en France depuis 2003 selon l'Assurance Maladie2. Et, ce sont plus particulièrement les atteintes des membres supérieurs qui ont augmenté, rien ne prouve en effet que les lombalgies sont plus fréquentes aujourd'hui.
En 2019, les TMS représentent 87 % des maladies professionnelles indemnisées1. Selon Santé Publique France, 42 349 cas ont été déclarés à l'Assurance Maladie en 2017 avec pourtant des taux de sous-déclaration pouvant aller jusqu'à 73 % pour les TMS du coude.
Les TMS de la main, du poignet et des doigts sont les plus fréquentes (37 %), juste devant celles de l'épaule (31%), suivis par les TMS du coude (22 %).
Les TMS constituent également la première cause de journées de travail perdues du fait des arrêts de travail, avec la perte, en 2015, de plus de dix millions de journées de travail.
Les femmes, les plus âgés et les intérimaires sont plus à risques
D'après les résultats d'un programme pilote mis en place par l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) dans les Pays de la Loire sur près de 2 700 salariés, plus d'un travailleur sur dix de 20 à 59 ans souffrent d'au moins un TMS du membre supérieur ou de lombalgie de plus de 30 jours au cours de l'année. Et, pour près d'un salarié sur treize (7 %), les symptômes étaient quotidiens.
Les causes des troubles musculo-squelettiques sont diverses et souvent multiples et peuvent parfois apparaître sans que le travail soit en cause (maladies endocriniennes, grossesse, activités extra-professionnelles…). Mais, les travailleurs ne sont pas tous égaux face au risque de développer un ou plusieurs TMS :
- Les femmes ont en effet un risque plus élevé d'en souffrir que les hommes ;
- L'âge semble également intervenir : la fréquence des TMS chez les travailleurs âgés de 45 à 54 ans est multipliée par six par rapport au moins de 25 ans. Cela est valable aussi bien pour les femmes que pour ces messieurs. Evidemment, d'autres caractéristiques propres à chacun peuvent être incriminées (obésité, diabète…)
- En dehors des éléments personnels, les facteurs de risque de développer un TMS sont biomécaniques : travail comportant des mouvements en force, des postures extrêmes, des gestes répétés (mouvements répétés de flexion et d'extension du coude, du poignet), des mouvements à forte contrainte articulaire (torsion du poignet, ou du tronc…) ou encore l'utilisation d'outils vibrants, le travail au froid...
- Des facteurs psychosociaux peuvent également intervenir dans la constitution de cette pathologie : forte demande psychologique, faible soutien social induisant une tension.
- Les intérimaires sont ainsi plus exposés aux risques de développer un TMS : ce type de contrat, par sa brièveté, impose aux travailleurs davantage de contraintes temporelles, les expose à une répétitivité plus élevée de leurs gestes et à une dépendance plus importante vis-à-vis de leurs collègues. Les intérimaires sont ainsi exposés au minimum à deux facteurs de risque de plus que les autres travailleurs.
Quelques gestes à mettre en place
D'après Santé Publique France, "Les TMS ont des répercussions économiques et sociales importantes du fait de l’absentéisme au travail, des coûts d’indemnisation et des coûts indirects pour les entreprises (baisse de la productivité et de la qualité, absentéisme, difficultés de recrutement, de reclassement des victimes, dégradation de l’image de l’entreprise…)".
Certains changements pourront vous aider à prévenir les TMS ou du moins à atténuer les douleurs. Pensez à bien placer votre matériel, à changer autant que possible de position régulièrement, à vous étirer ou encore à faire des pauses.