Sclérose en plaques : pourquoi les femmes sont trois fois plus touchées ?

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Sclérose en plaques chez la femme
Validation médicale : 01 mai 2024
Dr Gérald  Kierzek
Dr Gérald Kierzek Directeur médical de Doctissimo

Les hormones sexuelles influent-elles sur l'évolution de la sclérose en plaques, comme cela est constaté pour beaucoup de maladies auto-immunes ? La question est d'autant plus pertinente que la sclérose en plaques touche préférentiellement les femmes que les hommes, et notamment celles qui sont en âge de porter un enfant. La SEP impacte la qualité de vie des patientes, mais grâce aux recherches et aux progrès de l'imagerie, la prise en charge est moins tardive qu'auparavant. 

Comment commence la sclérose en plaques : quels sont les premiers signes, comment est-ce que la maladie est découverte ?

Les premiers symptômes de la sclérose en plaques sont très variables selon les personnes, la forme et le stade de la maladie. La SEP peut survenir au début par une poussée soudaine, avec l'apparition brutale d'un ou plusieurs symptômes neurologiques (vision double ou diminuée, faiblesse musculaire, troubles de l'équilibre, baisse de la motilité, fourmillements, troubles urinaires...). Si ces symptômes sont déjà existants, la poussée aggrave ces symptômes. Une fatigue extrême accompagne souvent les symptômes de la SEP. La forme récurrente-rémittente de SEP est la plus fréquente, avec 85 % de cas au début de la maladie. Le diagnostic est établi par le médecin, qui constate la présence de lésions via les symptômes que présente la patiente. 

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Le conseil de notre partenaire Roche France

À l'occasion de la journée mondiale de la SEP, nos athlètes atteints d'une sclérose en plaques mettent aux défis des inconnus pour affronter les épreuves quotidiennes auxquelles ils font face. Dans cette vidéo, Justine se confronte aux troubles moteurs.

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SEP chez les jeunes femmes : pourquoi sont-elles plus fréquemment touchées, à quel âge ?

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central. Elle touche le plus souvent les jeunes adultes et représente la première cause de handicap sévère non traumatique chez les trentenaires. En France, environ 110 000 personnes souffrent de sclérose en plaques. La maladie est beaucoup plus fréquentes chez les femmes, avec un ratio d'un homme pour 3 femmes environ. Certaines formes de SEP touchent cependant autant les hommes que les femmes.

Selon l'Inserm, les symptômes se déclarent en moyenne vers l'âge de 30. Du fait de son évolution possible et de l'absence d'un traitement curatif, la SEP est la première cause de handicap sévère non-traumatique chez le jeune adulte

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Il y aurait donc une relation entre la SEP et le rôle des hormones sexuelles. Les différentes études sur les œstrogènes, la progestérone et la testostérone ont montré que ces hormones sexuelles avaient une action neurotrophique et immunomodulatrice capitale sur le système nerveux central. L'augmentation de la sécrétion de ces hormones et des corticoïdes naturels lors de la grossesse explique la forte diminution des poussées chez les patientes au troisième trimestre de grossesse. A l’inverse, la chute des hormones sexuelles après la grossesse explique la réapparition de poussées. (pour en savoir plus, lire notre article "Sclérose en plaques et désir d'enfant").

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Plus récemment, des scientifiques ont montré que même si les hormones masculines – les androgènes – sont présentes à des taux très faibles chez les femmes, leur présence est nécessaire pour régénérer la gaine de myéline qui est détruite dans la sclérose en plaques. la chercheuse Inserm Elisabeth Traiffort au sein de l’unité U1195 « Maladies et hormones du système nerveux » (Inserm/Université Paris-Saclay) confirme: "Nos données suggèrent l’utilisation de doses appropriées d’androgènes chez les femmes atteintes de sclérose en plaques et la nécessité de prendre en considération le sexe du patient dans l’approche thérapeutique de cette pathologie et vraisemblablement des autres pathologies mettant en jeu une destruction de la myéline du système nerveux central".

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Des recherches sur l’intérêt de l’utilisation d’hormones sexuelles en prévention des poussées sont en cours.

Sclérose en plaques et contraception sont-elles compatibles ?

La contraception n'est pas contre-indiquée pour les femmes atteintes de sclérose en plaques. Les femmes en âge de procréer qui prennent un traitement de fond contre la maladie ont même l'obligation d'utiliser une contraception efficace. En effet, la prise d'immunosuppresseurs et d'immunomodulateurs (dans une moindre mesure) représente des risques pour le développement de l’embryon et du fœtus. Les études scientifiques s'accordent par ailleurs pour dire que la contraception orale n'a pas d'effet sur la progression de la maladie.

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La maladie SEP et désir d’enfant

La sclérose en plaques n'a pas d'impact sur la fertilité des femmes qui en sont atteintes. Elle ne présente pas non plus de risque pour la grossesse. Cependant, il est préférable de prendre des précautions avant de concevoir :

  • Parler à son médecin neurologue d'un désir de grossesse permet de la programmer dans une période où la maladie est peu active ;
  • Un délai de 3 à 6 mois doit être respecté entre le début d'une grossesse et l'arrêt de certains traitements contre la sclérose en plaques.

Les symptômes de la SEP pendant la grossesse

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C'est à partir des années 1950 que la grossesse et le post-partum ne sont plus considérés comme forcément néfastes pour la maladie. Au début des années 2000, des neurologues européens se sont regroupés au sein du réseau EDMUS pour réaliser l'étude PRIMS2. Cette étude avait pour objectif principal de déterminer les conséquences de la grossesse et du post-partum sur l'évolution de la maladie en termes de fréquence des poussées et d'évolution du handicap.

Elle a inclus 254 patientes pour 269 grossesses suivies par 128 neurologues dans 12 pays européens :

  • Les malades étaient suivies prospectivement jusqu'à 24 mois après leur accouchement. Les patientes incluses avaient en général 30 ans, une moyenne de 6 ans de maladie de type rémittente, sans gêne majeure dans la vie quotidienne ;
  • Il a été observé un score de poussées diminué au cours de la grossesse dès le 1er trimestre mais très spectaculairement lors du 3ème trimestre où la fréquence des poussées était réduite de 70 % par rapport à l'année précédent la grossesse ;
  • Cependant, lors du 1er trimestre de post-partum, une augmentation de 70 % de la fréquence des poussées était constatée par rapport à l'année précédent la grossesse. Puis le score des poussées reprenait son niveau normal ;
  • A l'étude de l'année grossesse (9 mois de grossesse + 3 mois de post-partum), on retrouvait le même nombre de poussées que l'année précédant la gestation. Il n'existait donc qu'un décalage chronologique dans le déclenchement des poussées ;
  • L'évolution du handicap, n’est pas impacté par la grossesse la grossesse. Cette pente de progression du handicap semblait comparable à ce que l'on constate dans les études portant sur l'histoire naturelle de la maladie. Les données obstétricales, aussi bien pour la mère que pour l'enfant, sont comparables à celles obtenues dans une population de femmes en bonne santé. La péridurale et l'allaitement n'apparaissaient pas néfastes pour l'évolution de la maladie.
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Sur la base de cette étude, il est possible d'affirmer que la grossesse et le post-partum n'aggravent pas la SEP et ne font qu'entraîner un décalage chronologique des poussées. Aujourd'hui, des travaux indiquent la grossesse pourrait avoir un effet protecteur à long terme et qu'elle préviendrait ou retarderait le début d'une phase progressive (avec aggravation des symptômes au fil du temps) de la maladie pour les femmes qui en sont atteintes.

Quel traitement pendant la grossesse ?

En cas de poussées pendant la grossesse, la femme doit consulter son médecin neurologue. Ce dernier jugera de la nécessité du traitement à mettre en place. Il pourra notamment prescrire un traitement par corticoïdes en perfusion à forte dose. Ce dernier ne présente que peu de risque pour la mère et pour l'enfant.

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Sclérose en plaques à la ménopause

A la ménopause, les femmes ne produisent plus d'hormones sexuelles. Ce phénomène survient en général autour de 52 ans mais peut se produire plus tôt, notamment du fait de certains traitements médicaux, comme les immunosuppresseurs. Il est difficile aujourd'hui d'évaluer l'effet de la ménopause sur le rythme des poussées de la sclérose en plaques. Il est établi en revanche que l'utilisation d'un traitement hormonal de substitution (THS) n'est pas contre-indiquée. Il est même recommandé pour les femmes aux signes climatériques gênants (bouffées de chaleur...) lorsqu'elles ne présentent pas de contre-indication comme un cancer du sein ou encore des risques de phlébite. Les THS permettent également d'améliorer certains troubles sexuels (sécheresse vaginale, douleurs), qui sont plus nombreux chez les femmes ménopausées atteintes de sclérose en plaque (pour en savoir plus, lire notre article "Vie de couple et sclérose en plaques").

"La sclérose en plaques affecte en majorité des femmes à un âge jeune.  Des études scientifiques ont révélé que la sclérose en plaques ne modifiait pas la fertilité et ne contre-indiquait pas l’utilisation d’une contraception ou de traitements hormonaux. Il est aujourd’hui clairement établi la grossesse n’est pas contre indiquée chez une femme atteinte de SEP.  Le moment de cette grossesse doit, toutefois dans la mesure du possible, être anticipée afin d’arrêter les traitements de fond avant la conception et après une année sans activité clinique de la maladie".

Dr Anne-Caroline PAPEIX, Neurologue au CHU Pitié-Salpêtrière, Paris, membre du Comité Inter-Régional Médical de la Fondation pour l'aide à la recherche sur la sclérose en plaques


Révision médicale : 01/05/2024
Dr Gérald  Kierzek
Dr Gérald Kierzek Directeur médical de Doctissimo
Sources
  • "Quotidien et bien-être - SEP et femmes", Mieux vivre avec la SEP (accessible en ligne)
  • Zahaf et al. Androgens show sex-dependent differences in myelination in immune and non-immune murine models of CNS demyelination. Nature Communications. 2023. (accessible en ligne)
  • Grossesse dans la sclérose en plaques. Recommandations SFSEP. 2022 (accessible en ligne)
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