En 2005, 6 700 personnes ont découvert leur séropositivité VIH. Ce chiffre est stable par rapport aux estimations des deux années précédentes. Les populations les plus touchées restent les homosexuels et les personnes d'Afrique subsaharienne. La réduction de la transmission chez les usagers de drogues se poursuit.
Le dernier numéro du Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de Veille sanitaire dresse un tableau de l'épidémie de sida en France en 2005. Globalement, les chiffres restent stable depuis 2003 sauf pour les hommes homosexuels, qui sont aujourd'hui les plus touchés.
Les homosexuels de plus en plus touchés
Les contaminations par rapports homosexuels constituent le seul mode de contamination pour lequel le nombre de découvertes de séropositivité VIH a augmenté depuis 2003 (ils représentent 27 % de ces découvertes en 2005). Cette augmentation est observée aussi bien en Ile de France, que dans les autres régions. En 2005, près de la moitié des homosexuels se sont contaminés dans les 6 mois précédant la découverte de leur séropositivité. Depuis 2003, cette part des contaminations récentes chez les homosexuels est élevée, sans tendance à la diminution. Ces constats sont cohérents avec la surveillance des infections sexuellement transmissibles (IST), qui montrent que la syphilis et la lymphogranulomatose touchent principalement des homosexuels, des IST qui favorisent la transmission de l'infection VIH chez les personnes atteintes. Les enquêtes comportementales (notamment l'Enquête Presse Gay et le Baromètre Gay) confirmaient une augmentation des pratiques à risque : un tiers des homosexuels déclare avoir eu un comportement à risque de contamination dans les 12 derniers mois. Les prises de risque sexuel ont augmenté de 70 % depuis 1997.
Meilleur accès aux soins pour les populations d'Afrique subsaharienne
En 2005, environ une découverte de séropositivité sur trois concerne une personne d'Afrique subsaharienne. Néanmoins, la diminution, entre 2003 et 2005, des découvertes de séropositivité VIH chez les femmes africaines et la stabilisation du nombre d'hommes africains infectés sont plutôt encourageantes. De plus, les personnes d'Afrique subsaharienne découvrent moins souvent leur séropositivité au moment du sida en 2005 que les années précédentes, donc à priori plus précocement. Le nombre de cas de sida diminue depuis 2002 chez les personnes de nationalité africaine alors qu'entre 1999 et 2002, ce nombre a augmenté. Ces deux indicateurs reflètent, entre autres, un meilleur accès au dépistage et aux soins en 2005 de cette population.
Le nombre d'hétérosexuels contaminés reste stable
Les personnes de nationalité française contaminées lors de rapports hétérosexuels se répartissent en un nombre équivalent d'hommes et de femmes. Ces personnes comptent pour 17 % des découvertes de séropositivité VIH en 2005, et cette proportion reste stable depuis 2003. Cependant, en 2005, près d'un hétérosexuel sur trois s'est contaminé dans les 6 mois qui ont précédé la découverte de sa séropositivité. La grossesse constitue une opportunité de dépistage chez les femmes françaises, puisque 14 % des femmes ont découvert leur séropositivité au cours d'une grossesse.
Les usagers de drogues bénéficient de la politique de réduction des risques
Depuis la mise en place de la notification du VIH en 2003, les contaminations par usage de drogues représentent une part très faible des nouveaux diagnostics (moins de 3 %). De même, le nombre annuel des diagnostics de sida chez les usagers de drogues diminue régulièrement depuis 1998. L'Ile de France et la région Provence Alpes Côte D'azur (PACA) sont les deux régions où le nombre de découvertes de séropositivité et de cas de sida chez les usagers de drogues sont les plus importants.
Selon l'enquête Coquelicot InVS/ANRS réalisée fin 2004, on observe une diversité régionale importante en termes de prévalence du VIH (proportion de personnes séropositives) : de 1 % à Lille à 32 % à Marseille. La proportion du VIH est de 11 %, et elle est quasi-nulle chez les moins de 30 ans. A contrario, la proportion de personnes infectées par le virus de l'hépatite C est élevée dans toutes les régions (de 44 à 66 %).
Evolution de l'activité de dépistage
La France est le pays européen qui réalise le plus grand nombre de tests de dépistage du VIH (84 tests pour 1 000 habitants) et le nombre de sérologies réalisées a progressé entre 2004 et 2005 de 8 % (5,3 millions de tests en 2005). L'activité de dépistage varie fortement en fonction des régions. En termes de nombre de sérologies positives rapportées à la population, la situation de la Guyane reste particulièrement alarmante avec un taux trois fois plus élevé qu'en Guadeloupe et 5 fois plus élevé qu'en Ile de France.
Le dispositif gratuit et anonyme de dépistage du VIH (CDAG : consultations de dépistage anonymes et gratuites) représente un faible pourcentage (8 %) de l'ensemble des sérologies réalisées en France, mais cible des personnes plus à risque pour le VIH, car il représente 12 % des sérologies positives.