Arrêter de fumer : la méthode Allen Carr
Selon Allen Carr, la dépendance chimique à la nicotine n'est rien en comparaison de l'esclavage que représente la dépendance psychologique. Mais comment fonctionne sa technique de sevrage ? Peut-elle être bénéfique à tous les fumeurs ? Doctissimo fait le point sur cette méthode controversée.
Allen Carr est un auteur à succès et le créateur d'une méthode pour arrêter de fumer. Cette dernière est basée sur l'idée que la principale difficulté des fumeurs est la "peur d'arrêter" plutôt que la dépendance à la nicotine. Aujourd'hui mort d'un cancer du poumon, Allen Carr a convaincu des milliers de fumeurs qui se sont tournés vers sa méthode. À l'heure actuelle, aucune étude scientifique ne l'a encore validée.
Les types de dépendance au tabac
Il existe trois types de dépendance à la cigarette, qui peuvent être seules ou cumulées chez un fumeur :
- La dépendance physique ou pharmacologique (dépendance à la nicotine) ;
- La dépendance comportementale (effets psychoactifs de la nicotine qui procure du plaisir, de la détente, etc.) ;
- La dépendance psychologique (habitudes, personnes, lieux... qui suscitent l'envie de fumer).
Pour savoir ce qui vous le plus à la cigarette et connaître votre ou vos types de dépendance, vous pouvez réaliser plusieurs tests validés par les experts internationaux : le test de Fagertröm pour la dépendance à la nicotine et le test de Horn pour la dépendance psychologique. Attention, bien souvent, ces deux aspects cohabitent !
Le principe Allen Carr
Selon Allen Carr, la dépendance pharmacologique est facile à supporter : il en veut pour preuve que le fumeur, même invétéré, ne se réveille pas pour fumer la nuit et reste ainsi parfois plus de 10 heures sans en "griller" une. Pour cet ancien expert-comptable et gros fumeur qui s'est arrêté de fumer du jour au lendemain, la source de la dépendance est liée avant tout au lavage de cerveau qui nous a amenés à fumer : on fait comme les autres, dès l'adolescence, même si nous n'y trouvons aucun plaisir.
Toujours selon Allen Carr, au fur et à mesure de l'emprise plus forte de la nicotine, ce lavage de cerveau s'intensifie ! Si bien qu'alors même que nous sommes conscients des inconvénients du tabagisme, nous continuons de plus belle, persuadés que fumer est source de plaisir, de concentration et de détente. Résultat : le fumer a peur d'arrêter, anticipant les sacrifices liés au manque.
Se focalisant uniquement sur la dépendance psychologique, la méthode Allen Carr n'est donc pas adepte des substituts nicotiniques et encore moins de l'arrêt progressif, qui d'après lui entretiennent ce conditionnement négatif.
Comment fonctionne la méthode Allen Carr ?
Le programme Allen Carr comprend :
- Une séance de groupe de paroles de quatre heures ;
- Une assistance téléphonique pendant un an ;
- Un contrat de suivi (vidéothérapie de suivi, documents pdf et audios à télécharger, forum privé après-séance, boîte de dialogue avec votre intervenant...).
Même s'il est difficile d'accéder à des chiffres clairs prouvant l'efficacité de la méthode Allen Carr, le site internet assure que "deux personnes sur trois arrêtent définitivement de fumer" après l'avoir adopté, et que "les résultats sont issus d’études validées par les services de santé au travail de plus de 650 entreprises clientes et d’une étude indépendante du Professeur Neuberger à l’Université de Vienne".1
La promesse d'une solution instantanée, sans angoisse et affichant des résultats extraordinaires a de quoi séduire. Cependant, certains experts restent sceptiques.
Méthode Allen Carr : les réserves des tabacologues
Le principal avantage de la méthode Allen Carr est de ne plus appréhender le sevrage comme un sacrifice. "Le coaching est permanent, il est parfois bien fait, et toute méthode qui permet l'arrêt, définitif de surcroît, est bonne à prendre", déclare le Dr Béatrice Le Maître, responsable de l'Unité de tabacologie au CHU de Caen.
Mais le principal reproche que l'on puisse faire à la méthode Allen Carr est de nier la dépendance physique. En interdisant quasiment l'utilisation de produits actifs comme les substituts nicotiniques, cette méthode attise les critiques de certains tabacologues. Si ce veto n'est pas un problème pour les fumeurs non dépendants à la nicotine, il devient une réelle perte de chance quand le score de Fagerström s'élève et que la dépendance est forte.
Il faut savoir qu'aucune étude scientifique n'a jamais réellement validé l'efficacité de cette méthode, la seule connue à l'heure actuelle ne permettant pas de conclusion définitive.2
- Test : calculez votre dépendance psychique à la cigarette
- Test : calculez votre motivation à arrêter de fumer