Champix, le médicament pour arrêter de fumer
Le tabagisme cause énormément de dégâts sur la santé. Face à ce fléau, certains médicaments sont proposés, dont le Champix (varénicline). Commercialisé en France en 2007, le produit a connu un certain succès en raison de son efficacité avant d'être déremboursé en 2011, suite à de sérieux doutes sur sa tolérance et en particulier ses effets secondaires neuropsychiatriques. Mais en 2017, il est de nouveau remboursé à 65%.
En 2007 est commercialisé le médicament Champix (dont le principe actif est la varénicline) pour aider à arrêter de fumer. Le 31 mai 2011, le ministre de la santé Xavier Bertrand décide de dérembourser le médicament suite à des doutes sur la tolérance (événements cardiovasculaires, pensées suicidaires). Mais en 2015, une étude remet en cause ces effets indésirables. Et en 2017, il est de nouveau remboursé à 65%.
Qu'est-ce que le médicament Champix ?
Lorsqu'une personne fume, la nicotine ingérée agit sur son système nerveux, où elle se lie à des récepteurs et déclenche la libération de la dopamine, qui joue un rôle dans le plaisir de fumer. La varénicline peut se lier à certains de ces récepteurs et agir de deux façons :
- Comme la nicotine elle-même, ce qui aide à soulager les symptômes de manque ;
- Contre la nicotine en prenant sa place, ce qui permet de réduire le plaisir de fumer.
Le Champix peut être pris en charge ou remboursé par l'Assurance Maladie dans le cadre d'un sevrage tabagique, après échec de sevrage par des traitements utilisant des substituts nicotiniques, chez les fumeurs très dépendants à la cigarette.
Efficacité du Champix
Le Champix est destiné aux fumeurs qui ont pris la décision d'arrêter de fumer et qui ont une dépendance au tabac importante. Le traitement nécessite un soutien et un suivi médical ainsi qu'un plan d'arrêt du tabac. Il est plus particulièrement indiqué chez des personnes qui présentent des contre-indications aux substituts nicotiniques, qui ont vécu plusieurs échecs avec ces derniers. Il s’administre par voie orale et est disponible uniquement sur prescription médicale.
Pour les patients qui ont réussi à arrêter de fumer à la fin des 12 semaines, le médecin peut envisager une cure de traitement de 12 semaines supplémentaires. Il peut également décider de l'arrêt progressif du médicament. N'hésitez pas à vous adresser à votre médecin traitant ou tabacologue, qui pourra vous aider à décider quelle est l'aide pharmacologique la mieux adaptée en fonction de vos besoins et attentes.
À noter : selon une étude publiée dans The Lancet en 2016 qui a comparé l'efficacité de plusieurs traitements dans le sevrage tabagique, l’efficacité du Champix est significativement plus efficace dans l’arrêt du tabac que les autres traitements (Zyban, patch nicotinique, placebo).1
Effets secondaires du Champix
- Dès fin 2007, l'agence européenne du médicament (Emea) a jugé qu'il était souhaitable "d'alerter les professionnels de santé et les patients sur le risque d'idées suicidaires ou de tentatives de suicide survenant lors des traitements avec Champix (varénicline)".2 Un doute sur les risques d'infarctus du myocarde et de troubles du rythme cardiaque ont également été avancés ;
- En février 2008, l'Afssaps (ancienne Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) lance un "Plan de gestion de risque" qui prévoie notamment "plusieurs essais cliniques d'efficacité/sécurité dans les populations suivantes, non étudiées initialement : sujets de moins de 18 ans, patients présentant une pathologie cardiovasculaire, une broncho-pneumopathie chronique obstructive ou une psychose".3 ;
- En avril 2008 Prescrire souligne que "les notifications d'effets indésirables s'accumulent" et estime qu'il faut s'en tenir aux substituts nicotiniques, "mieux évalués et disponibles sous de multiples formes et dosages. Tout en motivant et en soutenant les patients".4 ;
- En juillet 2008, devant l'analyse de données internationales de pharmacovigilance qui montre que "des patients sans antécédents psychiatriques connus ont développé des troubles dépressifs, des idées et des comportements suicidaires", l'Afssaps procède à une modification de la notice du Champix, qui mentionne désormais que "le traitement doit être immédiatement interrompu en cas d'agitation, d'humeur dépressive, d'idées suicidaires ou de modifications du comportement".5 ;
La varénicline finit par faire partie de la liste des médicaments placés sous surveillance. En 2011, le ministre de la santé Xavier Bertrand annonce que le Champix ne fera plus partie des médicaments remboursés pour arrêter de fumer.
Grossesse et allaitement sous Champix
Tout comme le Zyban, le Champix ne doit donc pas être utilisé lors la grossesse ou de l'allaitement, sauf en cas de nécessité absolue. En effet, des études effectuées chez l'animal ont mis en évidence une toxicité sur le développement fœtal et la présence de varénicline dans le lait maternel. Le risque potentiel pour la femme n'est pas encore réellement connu faute d'études concrètes.
La controverse autour de Champix continue
Deux études récentes sont venues nourrir les controverses liées à la tolérance du Champix.
Une première étude de 2015
La première étude s’est intéressée aux dossiers médicaux de 164 766 patients anglais suivis entre 2007 et 2012.6 Les patients (âgés de 18 à 100 ans) ont reçu, pendant cette période, soit un traitement nicotinique substitutif, soit du Zyban, soit du Champix.
Les résultats de cette étude montrent qu’aucun des deux médicaments n’a montré d’augmentation des risques d’événement cardiovasculaire ou neuropsychiatrique, comparativement aux substituts nicotiniques. Et non seulement les risques n’étaient pas supérieurs mais au contraire, après six mois de prise de Champix, les auteurs retrouvaient une diminution du risque de cardiopathie de 16 %, d’AVC de 42 % et de dépression de 45 % !
Attention toutefois : il s’agit d’une étude rétrospective (étude de dossiers de patients traités par le passé) et l’un des auteurs déclare des conflits d’intérêt avec Pfizer, le fabricant du Champix.
Une seconde étude de 2016
Entre novembre 2011 et janvier 2015, 8144 patients dont 4 116 présentaient des troubles psychiatriques et 4 028 patients n’en présentaient pas ont reçu soit du Champix soit du Zyban, soit un patch nicotinique, soit un placebo.7
Les résultats ont montré que l'incidence d’événements neuropsychiatriques n’est pas significativement différente d’un groupe de traitement à l’autre dans les deux cohortes de patients, et ce quel que soit le traitement.
Il n'y a donc malheureusement pas encore de pilule miracle contre le tabac, cette substance extrêmement addictive dont la consommation ne baisse pas vraiment malgré les différentes mesures gouvernementales mises en oeuvre. Par contre, on sait que l'accompagnement par un professionnel de santé majore les chances de sevrage, si besoin avec des substituts nicotiniques en soutien. Donc si vous souhaitez vous arrêter, indépendamment de ces considérations sur les produits d'aide, n'hésitez pas à en parler à votre médecin !
- Avis de la commission de la transparence sur le Champix, Haute Autorité de Santé, 24 juin 2009, avis téléchargeable en ligne - "Varénicline (Champix°) : dépressions et suicides", Prescrire, février 2008, article accessible en ligne - "Point d'information sur Champix® (varénicline)", Afssaps, décembre 2007, article accessible en ligne - "Varénicline (Champix°) : dépressions et suicides", Prescrire, février 2008, article accessible en ligne