Les hormones augmentent-elles le risque de cancer du sein ?
Quelle est l'influence des hormones sur le risque de cancer du sein ? C'est une question posée depuis longtemps, et dont la réponse n'est pas encore complètement évidente. De nombreuses études se sont succédées mais leurs résultats étaient parfois contradictoires.
On sait qu'une longue durée d'imprégnation hormonale est un facteur de risque de développement d'un cancer du sein. Ainsi plus la puberté est précoce, plus la ménopause est tardive et plus le risque est grand.
Autre question largement débattue : la contraception oestro-progestative, ou pilule, augmente-t-elle ou non le risque de cancer du sein ? Les études anciennes étaient plutôt rassurantes. Il semblerait maintenant que la pilule majorerait légèrement les risques si elle est prise très tôt, plus de 5 ans avant une première grossesse menée à terme, et pendant très longtemps. Cependant les scientifiques considèrent que le surcroît de risque est très faible, voire négligeable.
En revanche la pilule n'est pas conseillée chez des femmes présentant une mastopathie bénigne (maladies du sein comme les kystes ou l'adénome) ou un cancer du sein.
Enfin, qu'en est-il du traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) ? Deux études très récentes publiées dans deux revues anglo-saxonnes " de référence ", confirment que les oestrogènes sont à l'origine d'une très faible élévation du risque de cancer du sein, comme cela avait été démontré dans des essais plus anciens. La nouveauté est que ces études ont mis en évidence un effet associé des progestatifs. Autrement dit le THS, combinaison d'estrogènes et de progestatifs, augmente sensiblement le risque. Ainsi sans THS, le risque que les femmes de 50 à 70 ans développent un cancer du sein est de 45 pour 1000. Lorsque les femmes prennent un traitement de THS, on considère qu'après 5 ans de THS, 2 cas de cancer du sein de plus seront décomptés, soit 47 cas pour 1000 femmes, et après 10 ans de THS, 6 cas de plus.
Il convient toutefois d'être prudent avec ces chiffres. En effet, dans ces études sur le THS, des biais (qui faussent les résultats) ne peuvent être évités : ainsi, les femmes traitées par THS sont beaucoup plus surveillées que les autres, il est donc logique qu'on leur trouve davantage de cancers du sein. Ceux-ci sont aussi décelés plus précocement, ce qui fausse encore les statistiques.
Dans tous les cas, la prise d'un traitement hormonal substitutif doit s'accompagner d'un suivi médical régulier avec examen gynécologique complet deux fois par an, et une mammographie est conseillée tous les deux ou trois ans.
"Comment vivre avec un malade cancéreux", Editions Josette Lyon (Paris)
Ligue nationale contre le cancer Institut Curie Association pour la Recherche sur le Cancer (ARC)
"Vivre comme avant" (pour les femmes ayant subi l'ablation d'un sein), Tél. 01 43 43 87 39