Fini le coupé sport ou le costume dernier cri, les adeptes de la drague cherchent leurs proies avec une souris. En effet, la rencontre de partenaires sexuels via internet est courante. Mais, ces surfeurs auraient de fortes chances de s'exposer à des maladies sexuellement transmissibles. Pourtant, le cyberespace peut aussi représenter le forum idéal pour la diffusion de messages de prévention de ces maladies.
Deux études parues dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) ont étudié l'influence d'internet sur la diffusion et la prévention des Maladies Sexuellement Transmissibles (MST).
Sexe virtuel et MST réelles
Dans la première enquête 1, une équipe américaine du Center for Disease Control and Prevention d'Atlanta a interrogé 856 patients du centre de dépistage HIV de Denver sur leurs pratiques sexuelles et leur utilisation d'internet. De nombreuses études ont déjà confirmé que la transmission de MST est d'autant plus fréquente que les individus ont des partenaires sexuels multiples et souvent anonymes. Ce genre de pratiques a quitté les bars et clubs de rencontres pour se retrouver sur la toile où l'anonymat facilite les rencontres.
"Notre but était de déterminer si l'utilisation d'internet pour solliciter des partenaires sexuels doit être considérée comme un facteur potentiel de risque pour les MST et le VIH" déclarent les auteurs.
Au terme de leurs entretiens, il est apparu qu'environ une personne sur six (15,8 % soit 135 individus) s'est connectée pour chercher un partenaire. Et parmi eux :
- 65,2 % rapportent avoir eu une relation sexuelle avec une personne initialement rencontrée sur internet ;
- 38,7 % ont rencontré au moins quatre partenaires sexuels via internet.
En comparant les personnes ayant recours ou non à internet pour la recherche de partenaires sexuels, les chercheurs ont constaté que les personnes utilisant internet sont plus susceptibles :
- D'avoir eu des MST ;
- D'avoir de plus de partenaires sexuels ;
- D'avoir été exposé à une personne séropositive (28,9 % contre 14,3 % pour ceux n'utilisant pas internet) ;
- D'avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel.
D'après les chercheurs, les homosexuels constituent la catégorie la plus à risque parmi les utilisateurs d'internet.
Cette étude a été conduite sur un nombre trop restreint pour pouvoir en tirer des conclusions représentatives des comportements sexuels propre aux adeptes du cybersexe. Ainsi, le CDC (Centre of Diseases Control, centre américain de suivi de la propagation des maladies) proposait sur son site un sondage relatif aux pratiques sexuelles des internautes.
Internet et safe sex
Une seconde étude 2 du Dr Jeffrey entretient également l'idée que la recherche de partenaires sexuels via internet est risquée. Dans celle-ci, les chercheurs se sont intéressés à deux cas de syphilis parmi la communauté homosexuelle de San Francisco. Ces derniers avaient l'habitude de se rencontrer via internet.
Les chercheurs ont eu l'idée d'initier une campagne d'information sur la syphilis en utilisant les forums électroniques (chat) sur lesquels les personnes infectées avaient l'habitude de naviguer. Pendant deux semaines, en accord avec le site qui hébergeait le forum, les chercheurs ont appelé toute personne ayant rencontré un partenaire sexuel grâce à ces chats à effectuer un test de dépistage de la syphilis. Sur les centaines de contacts, cinq nouveaux cas ont pu être identifiés.
Les maladies cyber-sexuellement transmissibles
L'anonymat du cyberespace pose un réel problème aux acteurs de santé publique qui peinent à leur adresser des messages de prévention. De plus, les internautes peuvent entrer en contact avec un grand nombre de personnes ayant les mêmes comportements et attirances sexuels.
Les travaux de l'équipe du Dr Klausner initient un nouveau type de campagne de prévention, qui permet de dispenser des messages de prévention des MST tout en respectant l'anonymat des utilisateurs d'Internet.
L'influence d'Internet sur la transmission de MST n'est pas vraiment une surprise. Le "web" représente un puissant outil de communication que les responsables de santé publique devront utiliser pour sensibiliser les internautes à la prévention des MST. Dans un éditorial 3 accompagnant ces deux publications, deux chercheurs se disent particulièrement préoccupé par les jeunes qui atteignent leur maturité sexuelle en pleine essor d'Internet.
1 - JAMA. 2000 Jul 26;284(4):443-6. 2 - JAMA. 2000 Jul 26;284(4):447-9. 3 - JAMA. 2000 Jul 26;284(4):485-7.