Comment enrayer la progression du cancer de la peau ?
Les spécialistes soulignent la constante progression du mélanome malin. L'incidence de ce cancer de la peau fait plus que doubler tous les dix ans, malgré les différentes mesures de prévention. A l'occasion du Congrès mondial de dermatologie, les spécialistes font le point sur les différents cancers de la peau.
Mélanome, carcinome, lymphome… les cancers de la peau ne sont pas tous de même nature, ni de même pronostic.
Le mélanome malin, le plus grave
6 000 à 10 000 nouveaux cas par an apparaissent en France chaque année. Le mélanome malin est pourtant le plus grave des cancers de la peau. Passé une certaine épaisseur, le pronostic est très sombre. Pourtant, s'il est repéré à temps, son traitement est efficace.
Les facteurs de risque sont désormais bien connus :
- Expositions au soleil, particulièrement pendant l'enfance ;
- Susceptibilité génétique. Ce qui explique la découverte de mélanome sur la plante des pieds ou au niveau des fesses chez des personnes à risque.
Le diagnostic peut être aujourd'hui affiné grâce à l'emploi d'un dermatoscope, sorte de grosse loupe. D'un point de vue thérapeutique, la chimiothérapie a fait peu de progrès dans ce domaine. L'espoir passe principalement par la mise au point d'un vaccin curatif. "Il ne s'agit pas d'un vaccin préventif mais d'une thérapie vaccinale utilisée comme traitement, pour pousser l'organisme à se "débarrasser" du cancer. Utilisé à titre expérimental chez des malades ayant déjà développé des métastases, il permet la régression de leurs métastases" précise le Pr. Brigitte Dreno.
De nouveaux travaux prometteurs ont ainsi été présentés lors du dernier congrès européen sur le cancer. Une équipe suisse * a focalisé son attention sur les cellules dendritiques du corps humain. Constituant 0,5 % des globules blancs circulant dans le sang et donc dans tous les organes, ces cellules veillent et alertent les lymphocytes dès qu'un intrus menaçant est repéré. Le principe est de prélever ces cellules, de leur incorporer un antigène supplémentaire qui leur permettra d'identifier les cellules cancéreuses comme menaçantes. Après stimulation in vitro, elles sont réinjectées chez le patient. Des résultats prometteurs ont été présentés lors du congrès Eurocancer. Pour en savoir plus, lire notre article " Vaccin contre le cancer : la fin des espoirs déçus ?".
Les carcinomes, les plus fréquents
La fréquence des carcinomes cutanés augmente également, à cause des expositions solaires et du vieillissement de la population. Les carcinomes ou épithéliomes sont les plus fréquents, avec 70 000 nouveaux cas chaque année en France, mais aussi les plus bénins. Huit fois sur dix, il s'agit d'un carcinome basocellulaire, dont l'évolution reste purement locale. Dans les autres cas, il s'agit d'un carcinome spinocellulaire, qui peut s'étendre et donner des métastases. Cependant, l'ablation précoce de la lésion suffit à entraîner la guérison.
Ce type de cancer est plus fréquent chez les patients immunodéprimés, notamment ceux ayant subi des greffes d'organes. "Vingt ans après une transplantation d'organe, plus de la moitié des opérés développe un ou plusieurs cancers de la peau. Il s'agit le plus souvent de carcinomes spinocellulaires multiples, le risque est multiplié par cent par rapport aux personnes du même âge. Mais des mélanomes et des carcinomes basocellulaires peuvent aussi se développer" déclare le Dr Sylvie Euvrard, dermatologue et consultante pour les greffés à l'hôpital Herriot (Lyon).
Après observation de ces patients, on a pu constater que ces cancers sont souvent précédés par des verrues, très fréquentes puisqu'elles concernent 80 % des patients 5 ans après la greffe. Favorisées par l'immunosuppression, ces infections pourraient faire le lit des cancers cutanés. Le risque est également proportionnel à la force du traitement, ainsi les greffés du coeur ont plus de risque que les greffés du rein. "La plupart des services de transplantation dans le monde proposent maintenant aux candidats à la greffe, un examen dermatologique avant l'opération puis un suivi annuel, voire plus fréquent - en cas d'apparition de tumeurs - pour les dépister précocement et insister régulièrement sur la nécessité d'une protection solaire rigoureuse. En France, un groupe de dermatologues spécialisés se réunit plusieurs fois par an et élabore des lignes de conduite communes, qui sont ensuite adressées à tous les services pratiquant des greffes" précise le Dr Euvrard.
Côté traitement, de nouvelles approches semblent prometteuses pour les patients inopérables ou présentant des carcinomes multiples :
- Rétinoïdes en application locale ou par voie générale dans la prévention des carcinomes multiples ;
- Photothérapie dynamique ou imiquimod, substance provoquant la libération d'interféron, pour induire la régression de carcinomes cutanés.
Pour en savoir plus sur ce type de cancer, les moyens de prévention, les stratégies thérapeutiques et les voies de recherche, découvrez notre dossier " Carcinomes, mélanomes : attention à votre peau !"
* Nat Med. 1998 Mar;4(3):328-32.