Pneumopathie virulente : le virus du SRAS livre ses secrets (Mai 2003)
Déclarée menace pour la santé à l'échelle de la planète, le SRAS (pour Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) a été responsable de nombreux décès. Grâce à la mobilisation des meilleurs chercheurs, l'agent responsable a pu être identifié. Il semble aujourd'hui établi qu'il s'agit bien d'un virus de la famille des coronavirus.
Une fièvre à 38°C, un ou plusieurs symptômes respiratoires (toux, difficultés respiratoire, souffle court) avec évolution vers une insuffisance respiratoire aiguë. Ces signes sont caractéristiques du SRAS. Si les caractéristiques cliniques de la maladie sont aujourd'hui bien connues, il reste beaucoup d'inconnues quant à son origine.
La Chine, foyer de l'épidémie
Après de nombreuses réticences, la Chine a finalement avoué plus de 800 cas et une trentaine de décès lors d'une épidémie survenue entre novembre 2002 et février 2003. Partant de ce foyer, un médecin chinois contaminé aurait séjourné à Hong Kong et ainsi propagé la maladie à plusieurs personnes résidant dans le même hôtel. Ces dernières, au nombre de 13, auraient contribué à initier l'épidémie. Alors que le médecin est décédé dans un établissement de Hong Kong, les autres auraient contaminé à leur tour de nouvelles personnes une fois arrivées à leurs différentes destinations (Singapour, Hanoi, Thaïlande, Canada.).
Mais à ce moment là personne ne soupçonne qu'il s'agit d'un seul virus. Ce n'est donc que le 12 mars 2003, soit trois mois plus tard que l'Organisation Mondiale de la santé (OMS) lance une alerte mondiale.
Un coup vache du bétail ?
L'Organisation Mondiale de la Santé est sur la piste d'un virus issu du bétail du sud de la Chine. La proximité au quotidien des personnes et des animaux d'élevage dans la région de Canton aurait pu favoriser le passage du bétail à l'homme. Ce phénomène est déjà connu pour certaines souches grippales. Mais il pourrait également s'agir d'une mutation d'un virus chez une personne porteuse.
Beaucoup de pistes, peu de certitudes.
Dans un premier temps, les scientifiques ont paru déconcertés par cette nouvelle forme de pneumopathie. Nouvelle bactérie ? Virus de la grippe muté ? Les hypothèses ont été nombreuses. Grâce à un effort international (11 laboratoires dans 10 pays dont l'Institut Pasteur en France), l'enquête a connu quelques rebondissements.
Mercredi 19 mars 2003, des chercheurs de Hong Kong annoncent une percée importante dans l'identification de la cause du SARS. Selon leurs résultats, le coupable est un virus de la famille des paramyxoviridae, qui regroupe de très nombreux virus, des oreillons à la rougeole, et dont certains sont connus pour entraîner des atteintes respiratoires. Deux jours plus tard, la même équipe annonce la mise au point de test d'identification fiable des cas d'infection. Trois jours après, coup de théâtre ! Des responsables du Centre de contrôle et de prévention des maladies (Center for Disease Control and Prevention - Atlanta) annoncent que le coupable est une nouvelle variété d'un virus commun, un coronavirus. Cette famille de microbes est notamment responsable des rhumes classiques. Ceux-ci ne résistent théoriquement pas plus de 24 heures à l'air libre est sont très sensibles à la chaleur. Mais la forme mutante à l'origine du SRAS est peut-être plus coriace...
Suite à cette annonce, l'équipe française du Pr. Sylvie van der Werf a appliqué un test de détection génétique (PCR) sur une trentaine de patients ou de cas suspects. Résultats : chez sept d'entre eux, la trace d'un coronavirus a été confirmée, ainsi que chez le seul cas avéré en France (un médecin revenant de la clinique de Hanoi actuellement hospitalisé à Tourcoing).
Le coupable identifié
De récents travaux devraient permettre plusieurs avancées : des scientifiques canadiens ont séquencé le patrimoine génétique du virus responsable, suivis de peu par des chercheurs américains. Ils possèdent ainsi non seulement sa carte d'identité précise mais son "plan de fabrication". Ce séquençage du génome devrait permettre de faire la lumière sur cette maladie émergent : d'où vient cet agent pathogène ? Est-il nouveau ou s'agit-il de la forme mutée d'un virus animal ? Et si oui, qu'est-ce qui le rend si virulent chez l'homme ?
Outre les réponses à ces questions, la connaissance précise du patrimoine génétique du virus devrait permettre la mise au point de tests de dépistage rapides et précis. Et bien sûr, cela pourrait aider à la fabrication d'un vaccin, afin d'enrayer cette épidémie.