IST : des souvenirs de vacances dont on se passerait !
Loin des soucis de la vie quotidienne, les rencontres exotiques représentent de hauts risques pour la transmission des maladies sexuellement transmissibles (MST). Le préservatif reste le seul moyen de protection contre le sida mais également contre d'autres infections. En cas de doute, un dépistage s'impose, d'autant que certains symptômes sont souvent anodins. Les conseils du Pr Eric Caumes, infectiologue.
Période d'insouciance, les vacances favorisent les rencontres et augmentent ainsi le risque d'infections sexuellement transmissibles (IST). Selon une enquête parue dans le Daily Mail, un Britannique sur dix affirme avoir attrapé une IST en vacances. Et d'après les données de l'UKHSA, l'Agence britannique de sécurité de la santé, les IST comme les chlamydiae, la gonorrhée et la syphilis ont connu un boom post-Covid avec des diagnostics en forte augmentation en 2022, au Royaume-Uni.
Outre les adolescents et les jeunes adultes, les 35-45 ans vivant une rupture amoureuse sont également exposés. L'utilisation du préservatif n'est pas ancrée dans leurs habitudes et ils craignent d'évoquer le sujet avec leur partenaire.
Pas toujours évident de reconnaître les IST
Fréquentes et contagieuses, les IST peuvent revêtir différentes formes plus ou moins graves. Si la syphilis, la gonorrhée et les chlamydiae peuvent être guéries, les infections virales comme l'herpès, le papillomavirus, l'hépatite B et le VIH sont incurables à ce jour.
L'absence de signes évidents constitue un problème particulier. Dès lors, tout symptôme génital, même bénin, doit être pris très au sérieux qu'il s'agisse de douleurs, de petits boutons, d'ulcération, de brûlures urinaires ou autres. Pour découvrir l'essentiel sur les infections sexuellement transmissibles, découvrez notre aide mémoire.
- Gonococcie ou blennorragie se manifeste chez l'homme, après une incubation de 4 à 5 jours, dans la majorité des cas par des brûlures intenses lorsque la personne urine, d'où son surnom de "chaude-pisse". Ces douleurs s'accompagnent également d'un écoulement purulent jaunâtre. Chez la femme en revanche, la maladie reste longtemps silencieuse. Chez elle, l'infection est le plus souvent asymptomatique, tout au plus peut-on noter une inflammation du col utérin, de la vulve et du vagin avec des pertes jaunâtres et une légère inflammation de l'urètre.
- L'incubation de la syphilis est silencieuse et dure de trois semaines à trois mois. Le chancre apparaît ensuite sur les organes génitaux. Indolore, propre et rosé, ses symptômes sont peu inquiétants. Le chancre régresse en 4 à 6 semaines. Quarante jours plus tard, tout l'organisme est atteint par la septicémie : la peau, les muqueuses et le système nerveux. "Ces lésions passent inaperçues dans la moitié des cas" précise le Dr Lyonel Rossant.
- La durée d'incubation des chlamydioses est de 8 à 15 jours. Elles sont le plus souvent asymptomatiques. Lorsqu'ils sont visibles, les signes sont peu inquiétants : chez la femme des pertes vaginales et des brûlures à la miction ; chez l'homme un écoulement faible, visqueux, indolore, avec des démangeaisons, de sensation de corps étranger dans l'urètre ainsi que de douleurs testiculaires diffuses et de pesanteurs périnéales.
- L' herpès génital toucherait deux millions de personnes en France et aux Etats-Unis, une femme sur quatre serait atteinte. La première infection dure 1 à 3 semaines après le contact sexuel infectant mais elle peut se terrer pendant des années. Elle se manifeste par des démangeaisons, des brûlures et des picotements, notamment au passage de l'urine.
- Le Sida et l' hépatite B se transmettent lors des rapports sexuels, non protégés, et par le sang, mais seul un vaccin contre l'hépatite B existe. Le Sida reste une maladie mortelle incurable à ce jour, malgré la mise au point de traitements bloquant la prolifération du virus.
Attention à ne pas confondre prévention et dépistage !
Interrogé sur le sujet, le Pr Eric Caumes, infectiologue et consultant à l'Hôtel-Dieu, rappelle que la prévention reste la meilleure des armes, pour éviter toute contamination. Et celle ci passe par le port du préservatif. "Actuellement, on met en avant le dépistage, comme s'il s'agissait de prévention. Mais dépister c'est constater, ce n'est pas prévenir! Il permet d'éviter de contaminer d'autres personnes, mais si l'individu est malade, cela ne changera rien pour lui" rappelle le médecin.
"Il existe au total une trentaine d'infections sexuellement transmissibles, qui ont toutes des durées d'incubations différentes : cela va de quelques jours, pour l'infection à gonocoque à quelques mois pour les hépatites. Il faudrait donc tester les personnes concernées toutes les semaines et même après chaque prise de risque, au frais de la Sécurité sociale alors qu'une méthode de prévention simple existe : le préservatif".
De retour de vacances, en cas de conduite à risque, dépistez vous
Au retour des vacances, se faire dépister peut apparaître difficile, même en cas de sérieuse incertitude… d'abord en raison de son incrédulité face à la maladie, ensuite à cause du sentiment de culpabilité et d'angoisse. Mais plus le doute sera levé tôt, plus vite vous serez soulagés ou plus tôt le traitement pourra commencer.
Adressez-vous en premier lieu à votre médecin traitant habituel ou à un centre de dépistage des maladies sexuellement transmissibles. Ces structures d'accueil et de soins, présentes dans toutes les villes de France, proposent gratuitement et anonymement des consultations, examens et traitements.
Certaines personnes à risques devraient d'ailleurs se faire dépister régulièrement, telles que les personnes ayant eu plus de deux partenaires au cours des 6 derniers mois et les adolescentes sexuellement actives, avec un dépistage systématique de chlamydiose une fois par an grâce à un simple examen d'urine.
Mais pour enrayer la progression des MST, vous seul pouvez agir. Protégez-vous !