Mastectomie : la chirurgie mammaire non conservatrice
L'ablation d'un sein est toujours difficile à vivre et de nombreuses femmes en France subissent cette opération chaque année. En quoi consiste la mastectomie ? Dans quels cas est-elle indiquée ? Comment se passe la reconstruction ? Le point avec le Dr Franké, chirurgienne spécialisée dans le cancer du sein.
Définition d'une mastectomie
Aujourd’hui, les médecins chirurgiens pratiquent de moins en moins de mastectomies dites totales. Comme l’explique le Dr Oona Franké, chirurgienne en oncologie et gynécologie spécialiste du cancer du sein, cette chirurgie mammaire non conservatrice consiste à enlever le sein dans lequel se trouve la tumeur. “Le chirurgien enlève la glande mammaire dans tous les cas. Le type de mastectomie peut varier en fonction de la réalisation dans le même temps d’une reconstruction. Si la reconstruction n’est pas faite dans le même temps, la glande est retirée avec une partie de l’étui cutané (la peau) ainsi que le mamelon (plaque aréolo-mamelonnaire). Si le sein est reconstruit dans le même temps opératoire, il est possible de conserver la peau avec ou sans le mamelon".
Déroulement de l'opération
Egalement appelée mammectomie, la mastectomie est pratiquée sous anesthésie générale et dure entre 20 minutes et 1 heure lorsqu’il n’y a pas de reconstruction mammaire immédiate. C’est une intervention rapide, en ambulatoire ou lors d’une courte hospitalisation (une nuit). “Les patientes sortent le jour J ou le lendemain”, précise la chirurgienne. La patiente bénéficie ensuite de soins infirmiers pour réfection du pansement pendant une semaine à 10 jours après l’opération.
Avant l'opération, le chirurgien doit donner toutes les informations souhaitées par la patiente, notamment en ce qui concerne la cicatrice et les difficultés à bouger l'épaule après l'opération, mais aussi les complications possibles.
Au cours de l’intervention, les ganglions lymphatiques dans l’aisselle sont prélevés. Ils sont envoyés en analyse afin de savoir si le cancer est localisé ou s’il s’est étendu. Selon les cas, la mastectomie devra être suivie d’une chimiothérapie ou d’une radiothérapie.
Indications d'une mastectomie
La mastectomie peut être proposée dans plusieurs cas (les cas donnés sont des exemples) :
- Une tumeur trop volumineuse qui rend impossible la chirurgie conservatrice et lorsque la chimiothérapie ou une hormonothérapie néoadjuvante ne sont pas envisageables pour la réduire ;
- Si la tumeur envahit la peau ;
- Si plusieurs tumeurs sont présentes dans le même sein et disséminées dans celui-ci.
Cette intervention est "proposée lorsque le cancer du sein est découvert à un stade très précoce, in situ et que rien n'indique que les ganglions lymphatiques avoisinants sont touchés", comme le précise l'Institut national du cancer.
Un soutien psychologique
Cette opération, nécessaire pour supprimer la tumeur, est généralement mal vécue par les femmes. Le sein est chargé de nombreux symboles : féminité, maternité, sexualité, image de soi… Cette opération est autant une amputation symbolique qu'anatomique. Un accompagnement psychologique peut être nécessaire. A l'hôpital Saint Louis, par exemple, l'équipe soignante propose aux femmes l'aide d'un psychologue. Celui-ci peut apporter son soutien avant et après l'opération ainsi que pendant l'hospitalisation, d'autant plus que le lourd parcours de la femme opérée n'est pas fini : après la mastectomie, il reste encore à endurer la chimiothérapie et/ou la radiothérapie.
La reconstruction mammaire
"Aujourd'hui, la reconstruction du sein fait intégralement partie du traitement de ce cancer", précise le Dr Jean Masson, chirurgien esthétique du sein, spécialisé en augmentation mammaire, réduction mammaire et reconstruction mammaire à Paris. A l'hôpital Saint Louis, comme dans d'autres hôpitaux, l'équipe soignante présente, dès la première consultation, les possibilités de reconstruction du sein, le plus souvent grâce à une prothèse. Savoir que cette possibilité existe est très rassurant pour la plupart des femmes, d'autant plus que jusqu'à la reconstruction, la femme opérée portera une prothèse dans son soutien gorge. La reconstruction est prise en charge à 100% par l'Assurance maladie.
Quand a lieu la reconstruction ?
Cela dépend de chaque cas :
- Elle peut être réalisée en même temps que la chirurgie non conservatrice, on parle alors de reconstruction immédiate ;
- Elle peut être proposée après la fin des traitements, on parle cette fois de reconstruction différée, ou encore de reconstruction secondaire. C'est le cas notamment lorsqu'une radiothérapie doit être réalisée en complément de la chirurgie, ou si la tumeur du sein est très volumineuse ;
- Dans d'autres cas, c'est la femme qui choisira le moment de la reconstruction. Cela demande de prendre le temps nécessaire pour réfléchir, discuter avec l'équipe soignante.
Les effets secondaires
Certaines femmes vont ressentir des effets secondaires après l'intervention, sur le court ou moyen terme. Ceux qui se manifestent le plus rapidement peuvent être :
- Des douleurs modérées calmées généralement par des antalgiques ;
- Des saignements au niveau du site opératoire ;
- Un œdème ;
- Un retard de cicatrisation ;
- Des problèmes lymphatiques ;
- Un hématome dans la zone opératoire ;
- Une fatigue ;
- Une raideur dans le bras ou l'épaule ;
- Un déséquilibre ;
- Un changement de son image corporelle.
Dans un second temps, d'autres symptômes peuvent se manifester :
- Une rougeur de la cicatrice ;
- Un lymphoedème (ou syndrome du "gros bras") ;
- Des séquelles fonctionnelles ;
- Un risque d'infection accru.
En parler est utile
L'association "Vivre comme avant" peut vous aider utilement. Elle regroupe des femmes ayant vécu la douloureuse expérience d'une ablation du sein. Elles sauront vous conseiller et vous écouter.