Rien n'y fait : le retour en force de la syphilis en France se confirme. Alors que la maladie avait quasiment disparu depuis 1990, elle a fait sa réapparition depuis 3 ans dans la capitale. La campagne d'information et d'incitation au dépistage initiée à Paris cet été va être étendue à d'autres villes où des cas de syphilis ont été signalés.
En 2000, 30 cas de syphilis infectieuse avaient été dénombrés à Paris, chiffre qui s'est élevé à 148 en 2001, pour atteindre 203 personnes contaminées depuis le début de l'année 2002. Et encore ne s'agit-il là que des cas recensés, précise la Direction générale de la santé (DGS), la syphilis n'étant plus une maladie à déclaration obligatoire depuis 1986.
Une maladie contagieuse et évolutive
La syphilis est une infection bactérienne qui se traduit par un chancre au niveau des muqueuses génitales, anales ou buccales. La maladie est extrêmement contagieuse : 30 à 40 % des partenaires d'une personne infectée risquent de développer à leur tour l'infection dans les 30 jours qui suivent le rapport sexuel. Dans sa forme primaire, elle disparaît d'elle-même au bout de 3 à 6 semaines. Sans traitement elle évolue en syphilis secondaire et dure 6 à 24 semaines, s'accompagnant d'éruptions cutanées sur le torse, les paumes ou les plantes de pied et/ou les muqueuses. La syphilis latente est le troisième stade. Elle peut provoquer des complications neurologiques, oculaires, des atteintes cardiovasculaires ou ostéo-articulaires. La maladie est cependant facilement traitable à l'aide d'une seule injection de pénicilline, mais difficile à repérer lorsque ses symptômes ne sont pas apparents.
Homosexuels et bisexuels : une population à risque
La réapparition de la syphilis a été jugée suffisamment préoccupante par les autorités sanitaires pour lancer au printemps et au cours de l'été une action d'information. Les messages "Faites un test rapidement : elle se traite facilement" incitant à se faire dépister ont été publiés dans la presse homosexuelle, érotique et pornographique, ainsi que par l'intermédiaire des établissements homosexuels. L'épidémie touche principalement des hommes homosexuels ou bisexuels avec 88 % des cas déclarés, près de la moitié étant également porteur du virus du Sida. Le risque de transmission du VIH est de 2 à 5 fois plus important en cas de co-infection.
Campagne d'information et de dépistage : un bilan satisfaisant
Entre les mois de mai et septembre 2002, 23 756 personnes se sont présentées dans l'un des 11 centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) parisiens pour y remplir un questionnaire. Avec une moyenne de 1200 personnes par semaine, ces chiffres traduisent une augmentation des consultations de 25 % par rapport à l'année 2000. La réussite de l'opération a été particulièrement visible dans la soudaine augmentation des ventes d'Extencillineâ, le traitement de référence de la syphilis dans les pharmacies de ville, alors qu'elles étaient stables de janvier 2001 à mai 2002.
Un dispositif étendu à de nouveaux foyers infectieux
Ces résultats encourageants ne sont néanmoins pas représentatifs de la situation au plan national, des cas ont été signalés dans une vingtaine de villes (Aix-en-Provence, Argenteuil, Bobigny, Bordeaux, Denain, Gonesse, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Quimper, la Roche-sur-Yon, Saint-Nazaire, Toulouse, Valenciennes, Villeneuve-Saint-Georges). L'apparition de nouveaux foyers et le succès de la prévention de cet été a incité la DGS, l'Institut de veille sanitaire (InVS), et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) à poursuivre et à étendre la campagne d'incitation au dépistage à ces nouveaux foyers d'infection. L'opération se déroulera du 15 novembre à la fin mai 2003 auprès des populations homosexuelles et des professionnels de santé, certains n'ayant jamais été confrontés à la maladie.