Le marché de l'automédication a reculé en France en 2017
Les ventes de médicaments sans ordonnance et non remboursés ont reculé l'an dernier en France, en raison de pathologies saisonnières de moindre intensité et de la récente interdiction de la vente libre de médicaments à base de codéine notamment.
Recul de l'automédication en 2017
Le chiffre d'affaires de l'automédication en pharmacie a baissé de 3,7% à 2,2 milliards d'euros en 2017, après deux années de forte hausse, selon l'étude annuelle de l'association du secteur Afipa, publiée vendredi1.
Habituellement porteur, ce segment a décliné du fait d'épidémies saisonnières de moindre ampleur que les années précédentes, mais aussi en raison de la nouvelle obligation en France de vendre uniquement sur ordonnance des médicaments à base de codéine, de dérivés d'opium ou de morphine, afin de combattre des usages détournés. Au quatrième trimestre, les ventes de ces médicaments désormais vendus sous ordonnance ont chuté de 31% en un an, à 52,4 millions d'euros, a détaillé l'Afipa.
Presque toutes les catégories dans l'automédication ont affiché des ventes en baisse l'an dernier, en particulier les médicaments pour voies respiratoires (-8,4% en valeur). Mais certaines catégories ont tiré leur épingle du jeu, comme les médicaments homéopathiques qui ont enregistré une croissance de 2,4%.
En agrégeant les ventes de médicaments hors prescription avec celles des dispositifs médicaux non prescrits (+3,5%) et des compléments alimentaires (+12,1%), le marché global de l'automédication a stagné en un an, à 3,9 milliards d'euros.
Automédication : le vrai débat
Ce marché a représenté l'an dernier 10,8% du total du chiffre d'affaires des officines (36,2 milliards d'euros, stable en un an), selon des données du cabinet OpenHealth citées par l'Afipa. L'association d'industriels déplore "un manque de volonté politique" pour soutenir le développement de l'automédication en France, qui trouverait "toute sa légitimité dans la stratégie nationale de santé 2017-2022, qui place la prévention et la promotion de la santé au coeur de ses priorités".
Au-delà de la volonté de développer l'automédication de l'Afipa (et de ses nombreux communiqués2), on peut s'interroger sur l'intérêt d'une telle démarche pour le patient. Dans un contexte où le renoncement aux soins est croissant chez les Français pour des raisons économiques et où la démographie médicale rend plus difficile le recours à un professionnel de santé, on peut craindre que certains préfèrent se tourner vers des médicaments d'automédication moins chers et plus rapide... Un choix qui les expose à plus de risque d'interactions médicamenteuses (à moins que le patient ne signale systématiquement au pharmacien les autres traitements qu'il prend... ce qui reste assez rare) et de retards de diagnostic (certains “bobos“ peuvent parfois cacher un gros problème de santé, qu'un médecin pourra identifier). De plus, certains produits d'automédication (pas tous !) présentent un service médical rendu (SMR) insuffisant, quelles seraient les conséquences d'une automédication mal encadrée qui conduirait à l’orientation vers ces produits au détriment de produits plus efficaces et remboursables ?
Si la promotion peut favoriser la responsabilisation des Français vis-à-vis de leur santé, l'automédication ne saurait être une solution au problème de démographie médicale et aux dépenses de santé prises en charge par l’État. Tous ces points sont au coeur de débats passionnés autour d'une "automédication responsable". Et vous, qu'en pensez-vous ? Venez vous exprimer sur nos forums.