Codéine détournée à usage récréatif : une nouvelle lubie inquiétante des jeunes
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est en alerte : selon un dernier bilan, deux cas mortels d’adolescents sous emprise de codéine ont été recensés depuis janvier 2017. Des réflexions sont en cours quant à l’utilisation de ce médicament au quotidien, qui peut s'avérer très dangereux quand il est utilisé comme drogue.
Les risques de la codéine quand elle est détournée
Les médicaments à base de codéine peuvent avoir des effets dévastateurs s’ils sont détournés de leur usage normal. Pourtant, depuis 2013, de plus en plus d’adolescents français choisissent de détourner ces produits à des fins récréatives. Ses effets rappellent l’héroïne ou encore la morphine : elle procure une sensation apaisante et diminue le rythme cardiaque, mais elle peut aussi donner des convulsions et des états de délire, tout en rendant dépendant assez rapidement le consommateur, et dans le pire des cas, entraîner la mort par arrêt cardiaque.
Recommandations auprès des professionnels de santé
Déjà contre-indiqués pour les enfants de moins de 12 ans, les médicaments codéinés sont pourtant toujours en vente sans ordonnance dans toutes les officines de France. Le 11 mai dernier, l’ANSM et la commission des stupéfiants avaient organisé une journée d’échange concernant la prise libre d’opiacés, afin de réfléchir à l’usage et le au mésusage des antalgiques opioïdes. Pour l’heure, aucune information n’a encore été transmise. Mais selon un responsable de l’ANSM, des réflexions sont en cours concernant une restriction éventuelle (comme la mise sur ordonnance de ces médicaments), tout en rappelant que les patients en réel besoin ne doivent pas être entravés.
Si le phénomène lié à la codéine est récent sur le sol français, le détournement de ces médicaments fait fureur aux Etats-Unis, au point de constituer un véritable fléau chez les adolescents depuis une dizaine d’années. Tout comme elles l'avaient fait avec le purple drank (ce cocktail de sprite et de sirop contre la toux ingéré par les adolescents qui avait déjà fait l’objet d’une mise en garde diffusée sur le site de l’ANSM en mars 2016), les autorités sanitaires diffusent les mêmes recommandations de vigilance pour les professionnels de santé vis-à-vis de la codéine. Ils doivent ainsi "s’assurer que les patients n’ont pas d’antécédents d’abus, de dépendance ou de comportement qui pourrait supposer un usage détourné lors de la prescription ou de la délivrance de ces spécialités".
Une pétition pour demander une meilleure réglementation
Sur Change.org, les parents d’une des victimes ont lancé une pétition qui demande une meilleure réglementation des médicaments contenant de la codéine. Elle a récolté plus d’un millier de signatures et devrait être envoyée à la ministre de la santé Agnès Buzyn et à la directrice de l’ANSM Nathalie Richard.