Médicaments : Prévenir des effets indésirables et des accidents
Plusieurs articles du dernier numéro de la revue Prescrire nous rappellent que les médicaments ne sont pas des substances anodines et qu’ils peuvent parfois avoir des effets indésirables insoupçonnés ou être à l’origine d’accidents que l’on peut éviter. Voici quelques exemples.
Les effets résiduels du zolpidem après le réveil peuvent être à l’origine d’accidents
Médicament très utilisé contre l’insomnie depuis la fin des années 1980, le zolpidem était censé avoir une durée d’action limitée dans le temps et donc, sans effet sur la vigilance au réveil. Mais en janvier 2013, les autorités de santé américaines (Food and Drug Administration – FDA) ont fait savoir que chez certaines personnes, il y a un effet résiduel après le réveil avec une baisse de la vigilance et un risque important d’accident, notamment lors de la conduite d’un véhicule. La FDA a ainsi répertorié 700 cas de difficultés à conduire ou d’accidents de la route en relation avec la prise de zolpidem la veille. Les auteurs rappellent en outre que l’utilisation de ce médicament comporte des risques d’abus, de somnolences et de comportements automatiques. Prudence donc !
Fentanyl en patch : attention aux enfants !
Le fentanyl est un médicament opioïde fort utilisé contre les douleurs sévères qui peut être prescrit sous forme de patch qui se colle sur la peau. L’été 2013, l’agence américaine de sécurité du médicament a diffusé une information rappelant que ces dispositifs transdermiques peuvent être dangereux pour les enfants. Exemple, une mère sous fentanyl en patch pour des douleurs liées à une sclérose en plaques a fait la sieste avec son enfant placé sur son sein. Quand elle s’est réveillée le patch qu’elle portait sur son sein n’y était plus et son enfant était inconscient. Les examens ont révélé chez l’enfant une intoxication au fentanyl ce qui prouvait qu’il avait avalé le dispositif. Un autre enfant est décédé après avoir avalé un patch de fentanyl usagé en jouant dans la chambre de sa grand-mère. En 2012, les autorités de santé américaines faisaient état de 26 intoxications accidentelles au fentanyl depuis 1997, en majorité des enfants de moins de 2 ans. Parmi eux, 10 cas ont été mortels et 12 ont nécessité une hospitalisation. Les prescripteurs mais aussi les patients et leur entourage, doivent être particulièrement attentifs pour prévenir ce genre d’accidents chez des jeunes enfants.
Les erreurs d’utilisation de l’insuline sont fréquentes mais peuvent être évitées
L’insuline est un des médicaments qui implique une bonne communication entre soignants et patients. La majorité des patients deviennent compétents pour la gestion de leur traitement. Que l’insuline soit prescrite pour un diabète de type 1 (insulinodépendant) ou dans certains cas de diabète de type 2 (non insulinodépendant), son utilisation est délicate et nécessite le respect méticuleux des doses et fréquence d’administration. En effet, l’excès comme le manque de doses peut avoir des conséquences graves, voire mortelles pour les patients. Les auteurs de cet article soulignent certaines situations pouvant conduire à des erreurs de dosage mais pouvant être prévenues pour éviter les accidents. Parmi ces situations, des ordonnances manuscrites qui peuvent être peu lisibles, l’utilisation d’abréviations comme U (unité) ou UI (unité internationale), des similitudes entre noms commerciaux ou formes de flacons ou encore les insulines présentées à des concentrations différentes. Selon les auteurs de l’article, si le personnel soignant reste attentif et le patient est associé et bien formé pour la gestion de son traitement, la plupart des accidents de dosage peuvent être évités.
Jesus Cardenas
Source :
Revue Prescrire, No 360, octobre 2013.