Cortisone et corticoïdes : définition, indications et effets secondaires
"Bonne à tout faire" de la pharmacopée, la cortisone permet de soigner un très grand nombre de maladies. Si elle a révolutionné les champs de la médecine depuis la fin des années 1940, la médaille a son revers car la cortisone provoque parallèlement bon nombre d’effets indésirables. Le Pr François Chast, chef de service clinique des hôpitaux universitaires Paris Centre, nous dresse son portrait.
Qu’est-ce que la cortisone ?
Nos reins sont surmontés de deux glandes, les surrénales, qui sécrètent une hormone, le cortisol, qui se dégrade en cortisone. Indispensable à la vie, le cortisol a plusieurs effets :
- une action diurétique avec augmentation de la filtration rénale,
- une action anti-inflammatoire au niveau des défenses immunitaires,
- une action régulatrice du glucose sanguin, qui permet de prévenir la survenue d’un diabète ;
- cette hormone est aussi celle de l’éveil et du stress, elle nous permet d’avoir l’énergie nécessaire particulièrement le matin ;
- enfin, elle permet la dégradation des protéines et des graisses dans les tissus.
Définition des corticoïdes
Le cortisol suscite l’intérêt des chercheurs depuis la fin des années 1930. Sa première indication, une fois isolé, est le traitement des maladies rhumatismales. Une patiente atteinte de polyarthrite rhumatoïde a ainsi vu son état s’améliorer de façon spectaculaire grâce à ce traitement naturel. Cette application représente alors une avancée médicale primordiale. On peut même parler de révolution. A partir de 1940, la recherche met au point la cortisone, une version chimique de cette hormone naturelle, désormais destinée à l’usage thérapeutique. Ces travaux sont couronnés par le Prix Nobel de Médecine en 1950.
Il faudra attendre 5 ans avant qu’un médicament à base de cortisone (le Cortancyl ®) obtienne une autorisation de mise sur le marché (AMM). Les corticoïdes sont des hormones de synthèse fabriquée à partir du modèle de l'hormone naturelle la cortisone.
Est-ce que la cortisone est un anti-inflammatoire stéroïdien ?
Cette classe de médicaments entre dans la catégorie des anti-inflammatoires stéroïdiens par opposition aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) type Voltarène® ou Advil®.
Prednisolone, solupred...Exemples de médicaments corticoïdes
Les corticoïdes sont la base de nombreux médicaments anti-inflammatoires stéroïdiens. Parmi eux, citons :
- Solupred® ;
- Médrol® ;
- Solumédrol® ;
- Hydrocortisone® ;
- Rhinadvil ;
- Diprosone, etc.
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Corticothérapie : qu'est-ce qu'on soigne avec la cortisone ?
Pour le Pr François Chast, chef de service clinique des hôpitaux universitaires Paris Centre, la cortisone fait office de "bonne à tout faire". Cet anti-inflammatoire possède en effet un champ thérapeutique très large puisqu’il peut traiter un nombre considérable de maladies.
Les médicaments corticoïdes sont efficaces contre les douleurs. La cortisone est largement prescrite par le médecin pour les maladies d'origines pulmonaires, rhumatismales ou en cas de cancer.
En voici une liste, non exhaustive bien entendu…
- Les maladies rhumatismales : la cortisone est très utilisée pour traiter la polyarthrite rhumatoïde notamment ;
- Les maladies respiratoires comme l’asthme ou de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ;
- Les maladies immunitaires ;
- Les allergies : on le prescrit en cas d’œdème de Quincke ou d’allergies chroniques ;
- Certains cancers : surtout ceux qui ont des conséquences inflammatoires (leucémie) ;
- La sclérose en plaques ;
- Les maladies de peau telles que l’eczéma, le prurit ou la dermatite atopique ;
- Les maladies de l’œil, que ce soit une atteinte de la cornée ou de la rétine ;
- Les transplantations d’organes ou de tissus pour lesquels on exploite ses propriétés immunosuppressives ;
- La maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique.
Quels sont les effets secondaires de la prise de cortisone ?
"Les risques d’effets indésirables liés à la prise de corticoïdes dépendent de la durée du traitement. Plus le traitement est court, moins les effets secondaires se manifestent", indique le Pr Chast.
Un traitement par corticoïde ne pose habituellement pas de problème quand il dure moins de dix jours. Par conséquent, les risques d'effets secondaires lors d'une corticothérapie de courte durée sont très limités. Mais lorsqu’il dépasse 3 mois et qu'il est administré à fortes doses, il expose à des risques élevés d’effets indésirables. Il est donc primordial d’en parler à son médecin pour lui signaler tous les désagréments ressentis, explique le spécialiste. A noter que ceux-ci disparaissent à l’arrêt du traitement, mais uniquement quand celui-ci est de courte durée.
L’effet le plus courant et le plus visible est la rétention d’eau qui induit œdème et embonpoint, notamment un gonflement du visage, mais il en existe une multitude d’autres. La cortisone aggrave les désagréments de l’ostéoporose chez les personnes âgées et accélère le processus de fonte musculaire, car elle augmente le risque de fracture de l’os par défaut d’absorption du calcium. Le risque de contracter une tuberculose pulmonaire, toujours chez les personnes âgées, s'accentue. L'épiderme peut être mis à rude épreuve avec l’apparition de boutons de fièvre très fréquents et une fragilisation de la peau. Au niveau de l'estomac, il n'est pas rare de constater l'apparition d'ulcères. La cortisone peut également provoquer un diabète par le mécanisme de dérégulation du métabolisme des sucres et une prise de poids par l'augmentation de l'appétit. Un régime pauvre en sel peut permettre de diminuer les oedèmes et l'hypertension artérielle. Enfin, excitation et troubles du sommeil sont fréquemment rapportées.
Bien entendu, en cas de traitement de moins de 10 jours, les risques de ce type sont moindres. Il faut savoir que sur un traitement à court terme, le risque majeur reste celui de l'insomnie.
Peut-on associer la cortisone à d’autres médicaments ?
Encore une fois, insistons sur le fait que les patients doivent absolument indiquer à leur médecin la prise éventuelle de médicaments avant d’ajouter un traitement par cortisone. La plus grande prudence s’impose en cas d’association avec des diurétiques, des laxatifs ou du lithium par exemple.
Combien de temps peut-on prendre de la cortisone ?
La cortisone peut être prescrite sur une courte durée en cas de problème aigu, ou en cure prolongée en cas de maladie chronique.
Combien de temps la cortisone reste-t-elle dans le corps ?
L'absorption de la cortisone par l'organisme est rapide (en moyenne 1 à 2 heures après la prise). Celle-ci est éliminée par l'organisme en moins de 24 heures en cas de prise unique.
Crème, injection...utilisation et forme de la cortisone
Il existe plusieurs façons d’administrer de la cortisone. Elle peut être absorbée par voie orale, en comprimés, gouttes buvables ou encore par voie intraveineuse, c’est-à-dire par piqûres. "Pour les asthmatiques, on la prescrit en aérosol. Cette forme-là induit une moindre pénétration sanguine, mais en revanche, elle augmente le risque de candidose ou muguet, car l’aérosol tapisse la bouche et peut favoriser l’infection par le champignon", précise le Pr Chast. Enfin, elle peut également être appliquée par voie oculaire, nasale ou rectale.