En 10 ans, le nombre de médecins généralistes en cabinet a chuté de 11 %
Alors qu’une grève parmi les médecins libéraux est en cours depuis le 26 décembre pour mettre en évidence le manque d’attractivité de la profession quant à sa rémunération, un autre chiffre souligne le manque d‘accès à un généraliste sur tout le territoire : le nombre de praticiens en cabinet aurait chuté de 11 % depuis 2012.
En pleine période hivernale propice aux épidémies virales, vous peinez à trouver de la place chez un médecin généraliste en cabinet autour de chez vous ? Cela n’est sans doute pas qu’une impression. Non seulement, une partie des médecins libéraux suivent actuellement le mouvement lancé par Le collectif Médecins pour demain qui appelait à fermer les cabinets du 26 décembre au 2 janvier, revendiquant un doublement du tarif de consultation de base pour créer un “choc d’attractivité chez les jeunes médecins” qui préfèrent s’installer en ville. Mais en plus, et surtout, le secteur pâtit d’une défection en continue depuis de nombreuses années de médecine en cabinet.
Moins de praticiens en cabinet, mais plus à l’hôpital
Si le mouvement n’est pas nouveau, le chiffre rapporté par Le Monde ce 29 décembre est, lui, éloquent : en 10 ans ce sont plus de 11% de cabinets de médecins généralistes qui ont disparu des compteurs. Selon les chiffres de la Drees (direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques) évalués tous les 1er janvier en effet, depuis dix ans, le nombre de médecins généraliste exerçant exclusivement en cabinet est passé de 64 142 en 2012 à 57 033 au 1er janvier 2022.
Cela ne signifie pas forcément qu’il y a 11 % de médecins en moins : dans le même temps, le nombre de généralistes pratiquant à la fois en cabinet et à l’hôpital est passé lui de 4 780 à 8 437. Mais ceux-ci sont par conséquent moins disponibles en cabinet. Côté maillage du territoire, alors que la population française continue à vieillir et à croître, depuis 2012, la densité de généraliste est passée de 101,7 à 84,34 médecins exerçant exclusivement en cabinet pour 100 000 habitants, et de 109,28 à 96,82 médecins pour 100 000 habitants en intégrant les généralistes pratiquant en cabinet et à l’hôpital.
Une organisation à trouver, mais à adapter à la réalité territoriale
La médecine générale souffre semble-t-il d’un "désamour" des étudiants. Selon l’association nationale des étudiants qui a publié également une étude, ceux ci ressentent "une perte d’attractivité majeure pour la médecine générale”. Parmi les étudiants qui s’étaient orientés vers celle-ci, plus d’un sur deux remet aujourd’hui ce choix en question. La faute aussi aux mesures prises par le gouvernement, comme la création d’une quatrième année d’internat à réaliser dans les déserts médicaux qui ferait douter 54 % des étudiants qui souhaitaient s’installer en tant que généraliste en France.
Pour le Dr Kierzek, directeur médical de Doctissimo, il semble urgent de revoir l’organisation de la pratique et de l’adapter, surtout, à la réalité territoriale :
"Le médecin généraliste isolé dans son cabinet ne parait plus le modèle pertinent côté patients et organisation des soins, tout comme elle ne parait plus pertinente coté organisation de travail chez les médecins. La jeune génération ne veut pas être isolée."
Mais ne miser que sur le regroupement des soignants comme l’évoquait Emmanuel Macron en 2017 dans son objectif Ma Santé 2022, ne peut pas résoudre le problème de déserts médicaux sur tout le territoire.
“Il faut aussi prendre en considération les besoins des territoires, et s’il y a un médecin qui exerce à ce jour en territoire isolé, seul dans un village, il est important de lui permettre de rester.”
Dans son projet, le chef d’Etat avait en effet évoqué, il y a 5 ans. “Je veux que l'exercice isolé devienne progressivement marginal, qu'il devienne l'aberration et qu'il puisse disparaître à l'horizon de janvier 2022”. Force est de constater qu’aujourd’hui, le manque de praticiens en cabinet se fait ressentir dans les zones isolées comme peuplées et qu'il reste encore à travailler sur une organisation plurielle selon les besoins de chaque territoire.