Rhizarthrose : causes, symptômes et traitements de l'arthrose du pouce

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L’arthrose du pouce peut réellement devenir handicapante au quotidien. Mais comment et pourquoi survient-elle ? Peut-on l’éviter et sinon quels sont les traitements ? Eclairage avec le Pr Francis Berenbaum, chef du service rhumatologie à l’hôpital Saint-Antoine de Paris.

L'arthrose des doigts est la deuxième localisation la plus fréquente (60%) de l'arthrose, et elle se traduit par des déformations irréversibles1. L'arthrose du pouce, ou rhizarthrose, touche davantage les femmes que les hommes, et en particulier au-delà de 50 ans2.

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Définition : qu'est-ce que la rhizarthrose ?

L’arthrose du pouce ou rhizarthrose se manifeste à la base du pouce, sur deux articulations possibles : entre le trapèze (petit os du poignet) et le métacarpe (l’articulation trapézo-métacarpienne), ou entre la phalange et le métacarpe (l’articulation métacarpophalangiène). Le pouce est une des localisations fréquentes de l’arthrose, maladie qui dégrade le cartilage de l’os, au point de provoquer douleurs, raidissements et parfois immobilisation. L’os sur lequel repose le cartilage se condense ; là, se forment des excroissances osseuses (ostéophytes) qui peuvent entraîner gonflements de l’articulation et autres symptômes douloureux.

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Quelle est la différence entre l'arthrose et la rhizarthrose ?

L'arthrose, qui est l'usure du cartilage, est une affection courante des articulations : 10 millions de Français en souffriraient selon l'Inserm. Environ 65 % des patients sont âgées de plus de 65 ans. Toutes les articulations du corps peuvent être concernées par l'arthrose.

Les articulations principalement touchées (mains, genoux...)

Les zones les plus touchées sont : 

  • Les mains et les doigts (35 à 45 % des cas) ;
  • Le rachis (45 à 50 % des cas) ;
  • Les genoux (30 % des cas) : le terme médical employé est la gonarthrose ;
  • Les hanches (10 % des cas) : il s'agit de la coxarthrose.
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Les articulations moins souvent touchées (poignet, épaules...)

Les épaules, les poignets, les coudes, les orteils et les chevilles sont des zones moins fréquemment atteintes par l'arthrose.

Une prédominance féminine inexpliquée

Selon le Pr Berenbaum, chef du service rhumatologie à l’hôpital Saint-Antoine de Paris, il y a "bel et bien une prédominance féminine pour la rhizarthrose", même si aucune étude génétique n’a pu donner d’explication concrète jusqu’ici.

Les symptômes de la rhizarthrose

Le principal symptôme est la douleur de la base du pouce.

Sinon, les symptômes d’une rhizarthrose sont plutôt caractéristiques :

  • Poussées douloureuses plus ou moins fortes au niveau du pouce ;
  • Douleurs pour prendre des objets dans les mains (diminution de la force de préhension) ;
  • Déformation du pouce.
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Ainsi, "une couturière peut éprouver de grandes difficultés à coudre un bouton ou tenir une aiguille", affirme le Pr Berenbaum, "de même que cela peut ne pas être simple de tourner une poignée de porte, ou encore tenir un stylo". Un vrai handicap dans la vie quotidienne, d’autant plus si le pouce atteint fait partie de notre main dominante.

Ne pas confondre...

"Une douleur à la base du pouce n’est pas toujours liée à une arthrose du pouce", avertit le Pr Berenbaum. Des tendinites peuvent aussi bien être à l’origine d’une douleur qui peut faire penser à de l’arthrose (appelée tendinite de Quervain). D’où l’intérêt de se faire bien diagnostiquer !

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Comment elle évolue : est-ce que la rhizarthrose est grave ?

L'articulation du pouce perd progressivement sa mobilité. Elle devient raide, déformant ainsi le pouce. Au stade sévère une déformation de l'os en Z est possible. Effectuer les gestes de la vie quotidienne devient parfois difficile avec ce doigt handicapé. La douleur peut disparaître ou s'aggraver. Une gêne fonctionnelle est souvent présente ainsi qu'une diminution de la force de préhension.

L'arthrose peut évoluer lentement sans handicap majeur ou rapidement être invalidant. Chez certains patients, une intervention chirurgicale est proposée. Par exemple, la pose d'une prothèse peut être envisagée (prothèse de hanche, du genou, prothèse trapézo-métacarpienne en cas de rhizarthrose...)

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Les causes de la rhizarthrose

Plusieurs facteurs peuvent provoquer de l’arthrose, mais en ce qui concerne la localisation du pouce, elle résulte surtout d’une cause mécanique, par exemple dans un cadre professionnel (travailleurs manuels) ou de loisir, où les gestes et mouvements répétitifs peuvent entraîner la rhizarthrose.

Le diagnostic de la rhizarthrose

Après votre rendez-vous chez votre médecin traitant, qui aura procédé à un examen clinique, ce dernier vous orientera vers un centre de radiologie. "Seules les radiographies pourront mettre en évidence des ostéophytes ou des petits trous près du cartilage (géodes)", assure-t-il. En effet, l’arthrose ne peut être décelée grâce aux prises de sang ou autres analyses biologiques. Un bilan radiographique est donc nécessaire. 

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Traitements : comment guérir la rhizarthrose ?

On peut opter pour trois types de traitements : les médicament, les orthèses et la chirurgie en dernier recours.

Médicament, infiltration, quelle pommade contre la douleur ?

Les médicaments, dont le paracétamol, les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou encore l’infiltration de cortisone dans l’articulation lors des poussées inflammatoires (des douleurs qui "peuvent réveiller la nuit, entraîner une raideur de l’articulation particulière au réveil, ou un gonflement important"). L’ensemble de ce traitement médical n’est pas toujours efficace contre les douleurs et à ce jour, "il n’existe aucun traitement médicamenteux capable de retarder l’arthrose", déplore le Pr Berenbaum. Il faut souvent les combiner avec une mise au repos. L'application de gel anti-inflammatoire peut éventuellement soulager ou diminuer l'intensité des douleurs de l'arthrose du pouce.

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Comment soulager une douleur au pouce (orthèse ou attelle) ?

Les traitements non-médicamenteux font parfois partie de la prise en charge de l'arthrose du pouce. On se sert donc d’orthèses, des attelles ou prothèses semi-rigides : elles doivent stabiliser l’articulation et empêcher la base du pouce de bouger.

L'opération

Le traitement chirurgical en cas de rhizarthrose est proposé en dernier recours et dans les formes très sévères. Il est possible de procéder à une trapézectomie3, une intervention chirurgicale qui consiste à se faire retirer un petit os du poignet, le trapèze. L'âge est déterminant. Réalisée très rarement, on opère les patients victimes de rhizarthrose de manière exceptionnelle, dans le cas de douleurs trop importantes. "En dehors des complications infectieuses après cette intervention chirurgicale, la douleur peut persister malgré le retrait de l’os", prévient le professionnel. "Mais c’est plutôt un manque d’efficacité qu’une complication en tant que telle." Après une opération, une rééducation à l'aide de séances de kinésithérapie sera nécessaire.

Conseils de prévention au travail contre l'arthrose du pouce

Même avant l'apparition de douleurs ou de déformation, il ne faut pas hésiter à aller consulter son médecin du travail si jamais on est sur un poste qui requiert mouvements et gestes répétitifs. "Par exemple, lorsque l’on travaille dans le maniement des pipettes en laboratoire", illustre notre expert. La rhizarthrose demande un vrai suivi médical et peut vite empiéter sur la vie professionnelle, et plus tard personnelle, si elle n’est pas prise en charge.


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Sources

1 - "Arthrose", Inserm, 2017 (article accessible en ligne).  

2- "Rhizarthrose ou arthrose du pouce", Clinique Drouot, 2013 (article accessible en ligne)

3 - "Rhizarthrose & Arthrose du pouce : trapezectomie arthroscopique", Docteur Pierre Croutzet, spécialiste en Chirurgie du Membre Supérieur (article accessible en ligne). 

  • Entretien avec le Pr Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie à l’hôpital Saint-Antoine de Paris. 
  • Le grand livre de l’arthrose, éditions Eyrolles, Jérome Auger, Francis Berenbaum. 

 

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