Ce vaccin non remboursé est réclamé par les médecins pour "éviter des morts cet hiver"
Dans une tribune parue dans Le Parisien, des médecins de différentes spécialités appellent au remboursement du vaccin contre le virus respiratoire syncytial (VRS), dès cet automne. Une manière de limiter les hospitalisations des personnes âgées et fragiles à cause de cette infection. Le point de vue du Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo.
Pneumologues, infectiologues, radiologues et même médecins généralistes… Plusieurs dizaines de médecins sonnent l'alerte dans une tribune publiée dans le Parisien. Tous souhaitent que les personnes âgées ou fragiles puissent avoir accès à une vaccination contre le virus respiratoire syncytial.
Le VRS, un virus respiratoire qui entraîne des milliers d’hospitalisations chaque année
Le virus respiratoire syncytial est un virus bien connu des parents de jeunes enfants, chez lesquels il cause la bronchiolite. Ce que l’on sait moins, c’est que ce même virus peut aussi toucher les personnes âgées et fragiles, entraînant de graves problèmes de santé pour elles.
"Ce même virus VRS est à l’origine d’infections respiratoires chez l’adulte, le plus souvent bénignes, mais potentiellement graves chez les personnes âgées et les patients fragiles car immunodéprimés, traités pour un cancer, ou insuffisants respiratoires, notamment atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) dont plus de 100 000 reçoivent de l’oxygène à domicile en France" écrivent les médecins.
"Sa dangerosité est potentiellement même supérieure à celle de la grippe, notamment si on se réfère à des données récentes françaises avec une létalité estimée entre 5 et 10 % en cas d’hospitalisation soit 1 décès toutes les 10 à 20 hospitalisations. En France, on estime qu’il y a 20 000 à 25 000 hospitalisations chaque année en rapport avec une infection sévère à VRS chez les sujets de plus de 65 ans, un chiffre très proche de celui des hospitalisations liées à la grippe" notent-ils encore.
Un vaccin autorisé sur le marché européen depuis juin 2023
Si plusieurs vaccin contre le VRS existent, il y en a un, l’Arexvy, des laboratoires GSK, qui est d’ores et déjà disponible. Il a en effet obtenu une autorisation de mise sur le marché par l’Agence européenne du médicament (EMA) en juin dernier, après la publication d’un essai clinique publié dans le New England Journal of Medicine. Cette étude rapporte une efficacité du vaccin de "83 % sur les infections et de 94 % sur les formes sévères de pneumopathie, avec une excellente tolérance" avancent encore les médecins, dans leur tribune.
"Il n’y a aucune raison d’attendre, c’est maintenant qu’il faut agir !"
Mais quel est le problème, alors ? "Ce vaccin est disponible en France. Il peut être prescrit par les médecins et délivré par les pharmaciens. Malheureusement, il n’est pas pris en charge par l’Assurance Maladie, même pour les patients fragiles, âgés, insuffisants respiratoires ou immunodéprimés. Ceux-là même qui risquent de mourir s’ils développent une forme grave d’infection par le VRS. Avec un coût de plus de 200 euros, seuls les plus fortunés y auront accès s’ils le désirent" dénoncent les professionnels de santé dans leur tribune.
Une situation à deux vitesses causée par la Haute Autorité de Santé, qui souhaite établir une stratégie vaccinale pour prévenir les infections par le VRS chez l’adulte, et dont les résultats sont prévus pour octobre 2024. Le remboursement du vaccin n'est donc pas envisagé avant cette date.
Une absurdité pour les médecins, qui plaident pour la prise en charge par l’Assurance-Maladie dès cette année du coût du vaccin, pour les plus fragiles. "Il n’y a aucune raison d’attendre, c’est maintenant qu’il faut agir !" estiment-ils, arguant qu’une triple vaccination contre la grippe, le Covid-19 et le VRS est indispensable pour tous ces patients au plus tôt.
Pour rappel, le lancement des campagnes de vaccination contre le Covid-19 et la grippe sont prévues pour le 2 et le 17 octobre prochain.
"Il ne faut pas oublier le problème structurel que connaît l’hôpital"
Interrogé sur la question, le Dr Gérald Kierzek partage le point de vue développé dans la tribune. "Bien sûr que pour les personnes à risque, comme les personnes âgées, immunodéprimées ou obèses, par exemple, il est logique que ce vaccin soit remboursé" débute-t-il.
"Mais attention à ce que toutes ces innovations ne fassent pas oublier le problème structurel que connaît l’hôpital public. On ne peut pas dire que la solution au manque de lit est le vaccin contre telle ou telle pathologie. C’est une réponse partielle à la surcharge des hôpitaux, certes, mais certainement pas une réponse à la crise que connaît notre système de santé" conclut notre expert.