Les produits enrichis en phytostérols permettent de réduire le taux de cholestérol dans le sang. Mais ces aliments sont réservés aux personnes qui veulent réduire leur cholestérolémie. Comme le rappelle la réglementation européenne, ils ne peuvent convenir, du point de vue nutritionnel, aux femmes enceintes et allaitantes et aux enfants âgés de moins de cinq ans.
L'utilisation d'aliments enrichis en phytostérols n'est recommandée qu'aux personnes ayant un taux sanguin de LDL-cholestérol trop élevé. Les phytostérols viennent en complément d'un régime adapté, voire de médicaments hypocholestérolémiants. Ces effets sont obtenus avec des apports évalués entre 1,5 et 3 g/j. Parce qu'ils entraînent une moindre assimilation de certaines vitamines et sauf avis médical, ils sont déconseillés aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu'aux jeunes enfants.
Pas de phytostérols pour les femmes enceintes
Peu de recherches ont spécifiquement étudié l’effet des phytostérols chez les femmes enceintes. Il n’y a pas de preuve permettant de savoir si ces produits sont dangereux ou non pendant la grossesse. Théoriquement, ils pourraient avoir une action sur certaines hormones masculines (en limitant notamment la transformation de la testostérone en dihydrotestostérone) et avoir une influence sur le développement sexuel des enfants masculins. Mais aucune donnée ne permet d’accréditer aujourd’hui de tels risques.
Une étude1 a été conduite sur une vingtaine de femmes enceintes sans excès de cholestérol à moins de 17 semaines de gestation : la moitié a reçu des conseils diététiques pour consommer une margarine enrichie en phytostanols dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Des recommandations suivies après l’accouchement et pendant l’allaitement. En comparaison, l’autre groupe n’a pas reçu de conseils diététiques. Suivies chaque trimestre pendant leur grossesse, puis avec leur enfant à 1, 6 et 12 mois.
Résultat : pas de différence entre les deux groupes pour le déroulement de la grossesse , la durée et le développement foetal. Le taux de cholestérol maternel est resté identique entre les deux groupes (les concentrations sanguines en stérols végétaux n'ont pas atteint les seuils pour lesquels leur effet sur le cholestérol a été démontré). Cette étude n’a pas mis d’effets indésirables en évidence ni pour la mère ni pour le foetus. Néanmoins, la consommation d’une margarine enrichie en phytostanols semble modifier le métabolisme du cholestérol en augmentant sa synthèse et en diminuant son absorption sans qu’on puisse savoir si ces modifications ont un effet sur le métabolisme foetal et des répercussions à plus long terme.
A ce jour, la règlementation européenne2 impose de mentionner sur les produits enrichis en phytostérols que "le produit ne peut convenir, du point de vue nutritionnel, aux femmes enceintes et allaitantes et aux enfants âgés de moins de cinq ans". Ce message de prudence semble logique, car s'ils réduisent l'assimilation du cholestérol, les phytostérols réduisent aussi celle de certaines vitamines, le bêta-carotène ou provitamine A, et la vitamine E, des nutriments indispensables à la femme enceinte. Il est important de rappeler que durant votre grossesse vous ne devez pas prendre de médicaments ou de compléments alimentaires sans demander l’avis au préalable à votre médecin.
Pas de phytostérols pendant l’allaitement
Malgré le faible nombre d’études conduites chez la femme enceinte ou allaitante, il semble que la consommation de produits enrichis en phytostérols influe sur la concentration en phytostérols de leur lait1,3,4. Des apports trop élevés pourraient ainsi indirectement augmenter le risque de phytostérolémie et d’abaisser le taux de beta-carotène chez les nourrissons allaités. Ces résultats ont motivé la restriction demandée par la règlementation européenne2.
Par ailleurs, ces études ne permettent pas de conclure sur un éventuel effet d’une consommation maternelle élevée en phytostérols sur le métabolisme du cholestérol (synthèse vs absorption) chez les nourrissons. L’idée étant de savoir s’il est possible de prévenir une hypercholestérolémie chez l’enfant si la mère pour des raisons génétiques ou alimentaires présente des taux trop élevés. Des études conduites sur des modèles animaux5,6,7 semblent témoigner de l’effet bénéfique pour la progéniture d’une supplémentation en phytostérols en cas d’hypercholestérolémie héréditaire. Mais une extrapolation à l’homme est pour le moins prématurée.
Par prudence et sauf avis médical, la consommation de produits enrichis en phytostérols est donc déconseillée aux femmes qui allaitent, du fait de la possible diminution du taux sanguin en certaines vitamines.
Pas de phytostérols pour les enfants
De nombreuses études ont permis d’évaluer l’efficacité et la tolérance des phytostérols chez l’enfant. La plupart de ces études ont concernés des enfants atteints d’hypercholestérolémie familiale9,10,11 (forme héréditaire de). D’après l’Anses8, la consommation d’aliments enrichis en phytostérols/stanols "semble avoir les mêmes conséquences à court et moyen termes chez l’enfant de plus de 4 ans que chez l’adulte en termes de baisse de la concentration plasmatique de beta-carotène et de mauvais cholestérol et d’augmentation de celle des phytostérols plasmatiques dans le cas d’un enrichissement en phytostérols". Comme chez l’adulte, la relation directe entre l’action des phytostérols et une diminution du risque cardiovasculaire reste cependant à établir.
En dehors des cas d’enfant atteint d’hypercholestérolémie familiale et dans le cadre d’une prise en charge globale sous contrôle médical, la consommation de produits enrichis en phytostérols est déconseillée aux enfants, sauf avis médical spécifique.