• Actualités
  • Arrêts de travail : la Cour des comptes veut dégager des économies... à tout prix ?

    Publié le  , mis à jour le 
    Lecture 3 min.
    David Bême
    David Bême Rédacteur en chef

    Arrêt de travail : la Sécu en passe de moins les prendre en charge ?

    Les titres de la presse ont de quoi refroidir : "La Cour des comptes propose de cesser l’indemnisation des arrêts de travail en dessous de huit jours". Qu’en est-il réellement ? Pourquoi un tel tour de vis ? La logique économique est-elle compatible avec la santé publique ?

    Et la Sécu n'indemnisait qu'à partir du 8e jour ?

    La réglementation actuelle prévoit que les arrêts de travail sont pris en charge, avec maintien du salaire, par les entreprises dans desconditions arrêtées par les conventions collectives et encadrées par la loi. La sécurité sociale les indemnise en partie à partir du quatrième jour d’arrêt.

    La suite après cette publicité

    Face à l’augmentation du coût pour la Sécurité sociale (12 Md€ en 2022, +56 % depuis 2017), la Cour des comptes joue les pères Fouettard en recommandant : "Afin de réduire les dépenses de l’assurance maladie, modifier les paramètres de l’indemnisation des arrêts de travail, notamment en vue de mieux en répartir la charge entre la sécurité sociale, les entreprises et les assurés, à l’issue d’une concertation avec les partenaires sociaux".

    La suite après cette publicité

    Elle a tenu à préciser sa pensée après les articles publiés sur le sujet, dans un communiqué envoyé aujourd’hui : "La Cour des comptes ne privilégie aucune mesure en particulier, mais chiffre les économies qu’apporteraient différentes mesures. Celle, souvent citée, d’arrêt de l’indemnisation des arrêts de travail de moins de huit jours, reviendrait, dans la plupart des cas, à une prise en charge des arrêts de travail, avec maintien du salaire, par les entreprises jusqu’à sept jours, au lieu de trois jours actuellement. Les affections de longue durée ne seraient pas concernées". Pas vraiment un démenti…

    Pour combattre les abus, faut-il culpabiliser le salarié malade ?

    La suite après cette publicité

    La Cour des comptes préconise également une simplification de la réglementation et une lutte plus résolue contre les fraudes et les prescriptions de complaisance. Après que Bruno Lemaire a parlé des "gens" qui profitent du système "alors qu’ils ne sont pas malades" et que Gabriel Attal, alors ministre des comptes publics ait déclaré qu’"il est très facile de se procurer un arrêt-maladie", la chasse aux arrêts de travail continue.

    "La majorité des arrêts de travail ne sont pas abusifs. Il y a un mal-être général et aller voir son médecin pour un arrêt est souvent le dernier rempart. Parler de contrôle et d'abus jette en plus l'opprobre sur le médecin généraliste, alors qu’il faudrait, à l’inverse, lui redonner du pouvoir", nous déclarait le Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo.

    Après l’offensive contre les arrêts maladie décidés en téléconsultation, le renforcement des contrôles par des médecins contrôleur délégué par l’employeur, la nouvelle proposition est de passer de 4 à 8 jours de carence avant une prise en charge par l’Assurance maladie. Charge aux entreprises de compenser ou non ces jours de carences ou aux salariés de s’abstenir d’être malades…

    La suite après cette publicité

    Cette même Cour des comptes avait suggéré que les salariés puissent déclarer eux-mêmes leurs arrêts maladie de 3 jours maximum sans passer par la case médecin mais avec "un autre système de régulation, par exemple un ou deux jours de carence" qui ne serait indemnisé ni par l'Assurance maladie ni par l'employeur.

    Peut-on jouer aux comptes avec la santé publique ?

    L’approche apparait de plus en plus économique et dénuée d’une réelle problématique de santé publique. On incite le salarié malade à ne pas passer par la case médecin pour des arrêts courts (pour lesquels il doit donc s’autodiagnostiquer) et d’autre part, on tend vers un système qui va moins bien indemniser les salariés malades en cas d’arrêt.

    La suite après cette publicité

    Toutes les conditions pour dissuadera bien sûr les abus mais aussi l'envie aux salariés malades de s'arrêter pour des pathologies bénignes, quitte à les transmettre à ses "gentils collègues"ou à retarder une prise en charge à des stades précoces pour des maladies physiques ou psychiques importantes, tant que leur impact n’est pas suffisamment handicapant… retardant ainsi la prise en charge, un critère parfois essentiel.

    "Encore une fois, on risque de pénaliser les plus fragiles avec une mesure purement budgétaire. L'arrêt maladie est une mesure médicale. Il y a certes des abus, mais il faudrait plutôt redonner un certain pouvoir aux médecins, comme celui de refuser les arrêts maladies sur injonction des patients, ou aller voir du côté des plateformes de téléconsultations dont certaines sont devenues des distriubuteurs d'arrêts, plutôt que dérembourser tout court" ajoute le Dr Gérald Kierzek, urgentiste et directeur médical de Doctissimo.


    Sources
    Partager sur :

    Newsletter Bien Vieillir

    Recevez nos dernières actualités pour rester en forme

    Doctissimo, met en oeuvre des traitements de données personnelles, y compris des informations renseignées dans le formulaire ci-dessus, pour vous adresser les newsletters auxquelles vous vous êtes abonnés et, sous réserve de vos choix en matière de cookies, rapprocher ces données avec d’autres données vous concernant à des fins de segmentation client sur la base de laquelle sont personnalisées nos contenus et publicités. Davantage d’informations vous seront fournies à ce sujet dans l’email qui vous sera adressé pour confirmer votre inscription.

    Merci de votre confiance

    Découvrez toutes nos autres newsletters.

    Découvrir